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mardi 15 octobre 2013

Sidewalk Stories - Charles Lane - 1989

 


Charles Lane ...
Artist
Tom Alpern ...
Bookseller
Nicole Alysia ...
Child
Edwin Anthony ...
Penny Pincher #1
Michael Baskin ...
Doorman / Street Cop
Jeff Bates ...
Police Officer #2
Angel Cappellino ...
Bully's Mother
Jeffrey Carpentier ...
Homeless Native American
John Carr ...
S.O.B. Man
Vince Castelano ...
Child Customer #3
Jimmy Clohessy ...
Precinct Cop #2
Robert Clohessy ...
Alley Tough #1
Tanya Cunningham ...
Girlfriend
Deena Engle ...
Park Mother #1
Ellia English ...
Bag Lady
 Sandye Wilson          --- La riche fiancée
etc, ainsi que Darnell Williams, Trula Hoosier

 97 minutes

A New York en hiver, un artiste solitaire propose d'esquisser le portrait des passants. Sur le trottoir il cotoie entre autres un marionnettiste et sa poupée, un danseur, un jongleur et aussi un autre croqueur de portraits. Celui-ci est immense et bien sûr ce jour-là il pique le seul client de l'artiste qui compense sa petite taille par la ruse pour récupèrer son client. Un peu plus tard une jeune femme vient se poser sur son tabouret mais à peine a-t-il dessiné un oeil qu'elle s'en va aussitôt à un rendez-vous oublié. Le soir un couple avec une poussette demande à l'artiste de dessiner le minois de leur petite fille. Le père en profite pour s'éloigner et semble avoir de mauvaises fréquentations. Le portrait terminé il rejoint sa femme qu'il finit par abandonner en emmenant l'enfant.
Plus tard alors que le portraitiste retourne dans son squatt, il aperçoit deux hommes qui poignardent le père. Non loin la poussette et la petite fille se trouvent dans l'ombre. Le jeune homme les porte à la lumière d'une rue passante et se met en tête de les abandonner là, dans l'espoir que quelqu'un les emmène. Il finit par revenir sur ses pas et ramène la petite chez lui. Le lendemain il s'arrange pour dérober des vêtements d'enfants dans une boutique qui est justement tenue par sa cliente de la veille. Celle-ci compréhensive rajoute une peluche à son butin avant de retourner plus tard se faire croquer le portrait. Tous deux s'apprivoisent lentement.
Par la suite l'artiste s'amuse à faire dessiner la petite fille, provoquant ainsi l'intérêt des passants qui s'arrachent ses dessins : Cela donne l'idée à deux malandrins de la kidnapper ...


Une fois n'est pas coutume il s'agit ici d'un film datant de 1989. Presque complétement muet, il rappelle sans conteste The Kid de Charlie Chaplin auquel il rend hommage. Aucun intertitre ne ponctue cette œuvre très personnelle, seule la musique accompagne parfaitement les images qui auraient été tournées en 15 jours et demi, en février, au plus fort d'une vague de froid à New York. Chapeau bas au passage au compositeur de cette partition particulièrement soignée et en parfaite symbiose avec l'action.
L'acteur-réalisateur nous emmène dans les rues de New York et fait oublier la caméra. Nous suivons l'artiste sans avoir à subir le froid ou des dangers potentiels dans ces rues glacées souvent recouvertes de neige. Dans un somptueux noir et blanc, le vent souffle, les passants sont emmitouflés et la vie continue quoi qu'il arrive.

On se prend à s'intéresser à conditions de vie de ce mec qui semble se débrouiller pas trop mal. Après avoir tenté de rechercher la mère, il s'occupe de la petite fille avec tendresse et s'y attache. Son squatt est organisé et il peut acheter à manger. Il dérobe quelques vêtements mais s'arrange pour rendre de l'argent à la jeune femme qui s'éprend de lui, de même qu'il ramène les bougeoirs qu'il lui a piqués.
On comprend la difficulté à s'occuper de la petite fille lorsque sa maison est démolie. Débrouille et loin d'accepter la facilité il préfère refuser l'offre d'habiter chez celle qui l'aime et qui est fortunée. Il vit en marge de cette société parallèle dans laquelle il évolue sans attaches (possessions ou amis). Détaché du monde qui l'entoure un peu à la façon d'un Buster Keaton, il lui arrive des aventures qui sortent de l'ordinaire (et comme lui il ne sourit pas). Son attachement à la petite fille déclenchera la rencontre avec cette femme très concrète et pratique : Sa gentillesse et son intérêt pousseront l'artiste à se tourner vers l'amour et donc vers la vie qui l'entoure. Par ce biais il s'éveille finalement à la parole de son prochain.
Symboliquement le portrait est aussi une forme d'identité. D'ailleurs on notera que c'est par le biais du portrait dessiné auparavant par lui et maintenant imprimé sur une brique de lait que l'artiste comprendra que la petite fille est recherchée par sa maman.

Le film ou plutôt cette satire sociale traite avec sérieux le sujet de la population silencieuse et méconnue des sans-abris. Après nous avoir intéressés à son personnage Charles Lane bascule dans la réalité, au milieu des défavorisés il se retrouve tout seul. En acceptant les sandwiches de la jeune femme, il change de statut social. Et soudainement les personnes dans le besoin se mettent à parler et cela agit comme un électrochoc : ces gens-là parlent aussi, ils ont donc une identité, du coup l'artiste sort du monde dans lequel il vivait jusque là pour renaître à la vie !
Et c'est là que réside la grande force de ce film car après nous avoir intéressés à la vie de cet homme il nous balance son monde en pleine figure. Comment ne pas être sensible à ce message plein d'espoir pour l'humanité vu sous cet angle ?

"Je souhaite que lorsque le public verra mon film, il commence par rire mais qu'il finisse par assimiler l'envie de regarder différemment les sans-abris. Tout homme est le gardien de son frère". Le but de Charles Lane est atteint, et on ne s'ennuie pas une seconde durant tout le film.

Charles Lane la joue minimaliste et sa petite fille est adorable. Sandye Wilson est énigmatique, mi-femme mi-sphinx, son visage androgyne et sculptural est très intéressant, je la verrais très bien incarner une reine d'Egypte !

Ce film tragi-comique engagé est sorti au cinéma en version restaurée le 9 octobre 2013. restaurée par Carlotta Films avec la participation du Centre National du Cinéma et de l'image animée (CNC) à partir du négatif caméra original.



Sandye Wilson
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