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mercredi 20 août 2014

Un livre de Philippe Pratx : Le soir, Lilith



Présentation de l'ouvrage par l’éditeur :

23 novembre 1924, Lilith Hevesi, star du cinéma muet, est retrouvée morte dans le château où elle s’est retirée dans la campagne hongroise. Quarante ans plus tard, alors que le narrateur, ancien ami, amant, mentor de l'actrice aux multiples visages, tente de dépoussiérer son passé, ses recherches sont perturbées par une femme qui éveille rapidement ses soupçons… 
De faux airs de roman noir sous lesquels se dessine un portrait fantasmé, une autopsie poétique ...
Lilith est un fantôme qui arpente les différentes strates du temps dans des mondes aux frontières incertaines dont on ne cesse de gratter la pellicule inflammable.
Femme-enfant ou femme fatale, animal ou magicienne, elle coule de chaque mot sans qu'on puisse jamais la saisir. Sous le masque de l'enquête, les fragments - extraits de journal intime, de scénarios ou de coupures de presse - se heurtent sans jamais s'emboîter parfaitement, et finissent par s'assembler dans une tortueuse peinture expressionniste.


Fantasme ou allégorie ? Le lecteur se perd dans les méandres du cerveau du narrateur, lui-même confronté à son obsession face à la femme qu'il adule, mi-ange mi-démon, femme-enfant ou intemporelle déesse de chair et de sang, idéal ou principe féminin emprisonné par l'évocation de son image, entravé par ses propres limites.
Fascination ou amour ? Le narrateur a-t-il vécu en dehors de son obnubilation focalisée sur Lilith, ou bien s'est-il perdu dans l'ombre de cette actrice elle-même prisonnière de sa propre image, à tel point que le lecteur ne sait pas si les vrais lambeaux de sa vie se retrouvent sur pellicule à l'écran ou s'ils se cachent dans les souvenirs de son amant aveuglé par sa fascination pour la femme.
Projection ou réalité ? Au bord du gouffre et à la recherche d'un hypothétique idéal Lilith ne prend vie qu'en incarnant des personnages désincarnés tout droit sortis de l'imaginaire des scénaristes et mis en scène par les réalisateurs. Dès lors combien de fantasmes dérobent à la vue la vraie Lilith, pouvait-elle vraiment exister au delà de l'image qui se reflète dans le regard de son public, et en particulier de son public masculin ? Le narrateur ne devient-il pas metteur en scène à sa manière ? D'ailleurs, dans le fond Lilith n'existe-elle pas en réalité dans l'imaginaire collectif ?

Mortifère, Lilith joue curieusement sur les apparences sans vraiment se livrer, dans sa quête d'absolu elle interprète à sa façon une Gaïa en permanence au bord du gouffre. Inexorablement le néant l'attire, du coup face au chaos qui nait de sa personne on se prend à penser aux mythes cosmogoniques.
Après quelques chapitres sibyllins et alors qu'on commence à voir se dessiner la vraie Lilith, l'auteur nous réserve une fin surprenante.

L'auteur a-t-il pensé à Leatrice Joy dans le rôle de Lilith, la jeune femme exaltée de The Ace of Hearts tourné en 1921 par Wallace Worsley ?
http://films-muets.blogspot.ch/2012/02/ace-of-hearts-wallace-worsley-1921.html

Grâce à un riche vocabulaire et à une écriture très dense, Philippe Pratx nous emmène sans difficulté dans ce voyage imaginaire à travers le temps et l'espace. A lire pour se plonger dans l'atmosphère utopique d'une star de films muets.

Seul petit bémol à mes yeux : Même si cela ne prétérite en rien la lecture du livre, le choix de certains noms d'acteurs ou de réalisateurs utilisés comme points de repère et référencés dans les tournages de Lilith ne correspondent pas forcément au regard que l'amateur de films de cette époque porte sur leurs personnes.

Le site officiel :
http://www.indereunion.net/Lilith/accueil.htm

L'auteur Philippe Pratx m'a contactée le 2 aout 2014 pour me proposer de lire son livre. J'ai été ravie de vivre cette expérience intéressante, à savoir de lire en mots une atmosphère datant du cinéma muet vue d'un point de vue sortant de l'imagination.

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