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mercredi 26 novembre 2014

Asphalt - Joe May - 1929

 
A Berlin, un fils aimant et aimé, Albert Holk, quitte son père qui est chef de police et sa mère pour prendre son service en tant qu'agent de la circulation. Seul sur son camembert il orchestre les voitures et gère la circulation intense. 
Bientôt un collègue vient le relever. Non loin à la bijouterie Bergen une jeune femme se fait montrer des pierres précieuses. Le vendeur, un homme d'un certain âge, est tellement subjugué par son charme qu'il ne se rend pas compte qu'un petit diamant est tombé par terre et que la belle l'escamote de façon discrète en plantant le bout de son parapluie sur le caillou.
Alors que la demoiselle a déjà quitté le magasin le directeur réalise la disparition de la pierre et lance l'un de ses vendeurs derrière elle. Celui-ci rejoint la demoiselle qu'il arrête en provoquant un gros attroupement ce qui attire Holk qui confronte la femme à la bijouterie. Après une fouille minutieuse force est de constater que la pierre est introuvable mais Albert, guidé par une inspiration soudaine pense au parapluie et découvre le diamant.
Bien que le bijoutier souhaite laisser tomber l'affaire, Albert se montre intraitable et emmène la demoiselle au poste de police. Pour éviter une arrestation Else, c'est son nom, pleure toutes les larmes de son corps et tente plusieurs stratégies qui ne marchent pas. Alors sur le point d'entrer dans le poste de police elle demande la faveur de pouvoir se rendre à son appartement où elle désire récupérer ses papiers avant d'être chassée de son logement. C'est d'ailleurs, explique-t-elle, la raison qui l'a poussée à dérober la pierre précieuse. 

 Dans l'appartement luxueux Albert attend à l'entrée après avoir vérifier les possibles issues. Comme Else ne réapparait pas, Quelle n'est pas sa stupeur de la découvrir dans son lit, en prétextant être tombée malade après toutes ces émotions ...

La conception de ce film est innovante et marquante, l'image, l'action, les acteurs, l'ambiance, bref un petit bonheur de pur plaisir visuel. La caméra se déplace et cadre les plans de façon très moderne, nul doute que Joe May a inspiré de nombreux cinéastes car quelque part ce film représente la quintessence du film noir.

Sous-jacent le désir gronde et quelques images sont très explicites, voire osées. La sensualité est omniprésente tout au long du film. Le film est très équilibré et ne tombe jamais dans la lourdeur grâce à quelques scènes même plutôt drôles. 

La rencontre improbable et l'amour qui se développe petit à petit entre les deux protagonistes est parfaitement minuté et rythmé dans le temps. Else passe d'une manipulatrice au talent consommé à une femme surprise de ce qu'elle ressent pour un homme qui l'attire contre toute attente et qui s'en amuse presque avant de succomber complétement. De son côté Albert se montre d'abord intraitable, ce n'est pas par bonté mais plutôt par pragmatisme qu'il laisse la jeune femme retourner dans son appartement sans se douter du piège qui l'attend. Il résiste autant qu'il le peut, mais à l'impossible nul n'est tenu suis-je tentée de dire. Le pauvre garçon se montre tout d'abord stoïque, il cherche à fuir la belle mais elle le piège de façon éhontée et il finit par rester scotché presque malgré lui.
Les images de la ville sont un vrai régal, celles de l'introduction, puis celles centrées autour du policier qui règle une circulation importante dans l'ambiance de la ville de Berlin et de ses habitants en 1928. Plus tard des badauds  s’agglutinent devant la vitrine d'un grand magasin pour regarder une demoiselle enfiler une paire de bas tandis que les pickpockets s'affairent discrètement. Nous aurons même le plaisir de voir Berlin depuis le ciel grâce au retour en avion du Consul.
Toute l'action se passe de nuit, le caméraman joue avec les ombres et la lumière et les images sont parfaitement maitrisée et superbes.


Il y a quelques gros plans parfaitement hallucinants, tels dans cette scène proche de la fin où Albert, hagard et défait revient à la maison après le crime et fait face à ses parents dont les visages sont dans l'attente, avides d'entendre une explication plausible qui les rassureraient. Lorsqu'il leur annonce avoir tué quelqu'un la mère ne comprend pas tandis que tout le corps du père se redresse vers arrière.
De même ce plan du sublime visage de Else Kramer/Betty Amman face à celui qu'elle aime et pour lequel elle se sacrifie est inoubliable. Dommage qu'elle n'ait pas eu l'occasion de tourner dans d'autres films de cette envergure qui lui auraient permis de démontrer ses talents.
Gustav Fröhlich est bien sûr l'inoubliable Freder du non moins inoubliable chef d’œuvre Metropolis.

Du grand et beau cinéma, un film à voir si vous ne l'avez pas encore vu.

 Titre français : Asphalte

90 minutes

Albert Steinrück ...
Hauptwachtmeister Holk
Else Heller ...
Frau Holk
Gustav Fröhlich ...
Wachtmeister Albert Holk
Betty Amann ...
Else Kramer
Hans Adalbert Schlettow ...
Konsul Langen
Hans Albers ...
Ein Dieb
Arthur Duarte
Paul Hörbiger ...
Ein Dieb
Trude Lieske
Karl Platen
Rosa Valetti ...
Frau an der Theke
Hermann Vallentin
Kurt Vespermann ...
(as Curt Vesperman)



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