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mercredi 22 juin 2016

Coeur fidèle - Jean Epstein - 1923



 Sur le port de Marseille. Une jeune femme, Marie, a été adoptée par les tenanciers d'un bouge quelconque, un couple grossier qui l’utilise pour le service. Tous les jours, à sa grande horreur, un affreux bonhomme nommé Petit Paul la regarde d’un air lubrique.
Marie aime secrètement Jean, un homme qu’elle va voir en catimini le soir en prétextant une excuse bidon.
Un jour Jean se rend au troquet pour demander la main de celle qu’il aime. Le père se montre moqueur et Petit Paul s'amène avec 3 gaillards du même acabit que lui. Menaçants les quatre hommes entourent Jean qui s’éloigne.
Dans l’urgence de changer d’air, Petit Paul emmène Marie en promettant de l’épouser.
Marie n’est plus l’ombre d’elle-même. Amorphe, elle est prostrée sur le manège qui tournoie tandis que Petit Paul fête son mariage. Pour Marie les images et les sons sont vagues tandis que Petit Paul tente de l’embrasser.
Ayant appris le départ de Marie avec l’affreux bonhomme, Jean se met en route sur leurs traces et ne tarde pas à arriver dans la petite bourgade où se tient la fête foraine.
Lorsqu’il aperçoit Marie, il court vert elle mais Petit Paul est bien décidé à garder sa proie. Les deux hommes se battent et Paul sort un couteau lorsqu’un gendarme déboule. Petit Paul s’enfuit, Jean reconnu coupable passe une année en prison tandis que Marie a été libérée.
Après son internement Jean finit par trouver du travail. Un jour, Jean, complétement anéanti aperçoit Marie qui attend devant le dispensaire, un bébé dans les bras. Jean l’observe à travers une grille sans oser l’aborder à cause de l’enfant. Finalement il décide de la suivre jusque devant la petite pièce qu’elle habite dans un immeuble vétuste. Jean apprend par une petite voisine handicapée qu’il s’agit bien de son enfant et qu’elle vit avec Petit Paul.
Jean s’introduit dans la pièce où Marie regarde son bébé malade sous les yeux désolés de la petite voisine qui tente de lui fournir de quoi payer des médicaments. Jean lui fait signe de prendre l’argent qu'il lui tend et appelle Marie qui lui fait part de ses craintes car Petit Paul ne va pas tarder à rentrer saoul comme tous les soirs. La voisine revient avec la potion nécessaire à soigner l’enfant et annonce que Petit Paul est sur le point de rentrer. Marie demande à Jean d’attendre que le petit guérisse et qu’alors ils pourront s’enfuir tous ensemble.
Bientôt les commérages vont bon train et bien sûr la médisance atteint Petit Paul par l’intermédiaire d’une femme malveillante qui lui annonce que sa femme a été vue avec son ennemi ...



Quel mélodrame ! Le réalisateur exploite le pathos au maximum, regards tragiques appuyés, gros et longs plans. Il insiste lourdement sur certaines actions comme celle de la fête foraine, où Marie reste figée alors tout bouge car pour elle le temps s’est arrêté. Du coup les personnages qui paraissaient attachants au départ en deviennent presque barbants ! C’est navrant de le dire quand même !

Il y a quand même quelques détails qui rendent le film peu plausible aux yeux d'une spectatrice en 2016. On ne voit pas très bien pourquoi Jean aurait pris 1 an de prison tout seul puisque Petit Paul a pris la poudre d’escampette ? Cela parait absurde d’autant plus que Marie pouvait témoigner ? De plus il est sous-entendu que Petit Paul est un type louche qui a de mauvaises fréquentations. D’ailleurs il est précisé qu’il doit changer d’air rapidement tout en voulant emmener Marie. Du coup son passé ne le rattrape jamais (ce qu’on pourrait encore concevoir) mais par contre ça n’explique pas comment il est possible que Jean soit condamné alors qu'il n'a pas d'adversaire visible ou que son adversaire ait mauvaise réputation ?

La fin est un peu dure à avaler. On comprend bien que l’amour fait tout oublier, le symbolisme semble clair mais au premier degré on aimerait quand même savoir ce qu’il advient des protagonistes et surtout de l’adorable petite handicapée qui est jouée par Marie Epstein.

Ceci dit il y a de belles images, la caméra n’est pas statique, la photographie est innovante et originale (belles surimpressions et effets divers). Epstein nous donne le tournis face aux images, le symbolisme est très présent, quelques scènes sont tout à fait belles. De ce point de vue le film est beau. 
Pour ma part, après la première demi heure environ, j'ai trouvé les images trop lourdes et appuyées pour vraiment me passionner pour l'action, ce n'est pas faute d'avoir essayé pourtant ! 


Je suppose que tout dépend de la manière dont on regarde un film. Comme je recherche l'humain et non la technique dans un film je me sens un peu frustrée par ce film du coup ...

Scénario de Jean et Marie Epstein

The Faithful Heart 

87 minutes


Léon Mathot ...
Jean
Gina Manès ...
Marie
Edmond Van Daële ...
Little Paul
Claude Benedict ...
Mr. Hochon
Madame Maufroy ...
Mrs. Hochon
Marie Epstein ...
Crippled Woman




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