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mercredi 29 mai 2019

Au pays des lits clos - Maurice Mariaud - 1913

 

Dans un coin de Bretagne, le puissant faisceau lumineux d'un phare raie les ténèbres ... L'alerte est donnée car un bateau est en feu au large. Tout le village de Saint-Ganolé (je suppose que ce nom est une allusion à Saint Guénolé ?) est réveillé et les hommes se précipitent au hangar pour mettre à l'eau leur bateau de secours et venir en aide aux rescapés. 
Mais à leur retour, les marins ne ramènent qu'un blessé, un jeune homme en costume de matelot au noble visage qui est amené dans la maison de la famille Kerndeck. Le pauvre garçon a perdu la mémoire et se tourne vers Annaïck, la fille de la maison.
Surnommé l'Innocent, le jeune homme est traité comme un membre de la famille, aussi lorsque le Ministère de la Marine envoie une lettre au Maire du village pour l'autoriser à remettre le naufragé à l'Assistance Publique, les Kerndeck décident de le garder au sein de leur famille, au plus grand plaisir d'Annaïck qui éprouve un doux penchant pour l'Innocent.

Pour l'aider à retrouver la mémoire, Annaïck lui lit des contes et en particulier celui d'un Prince qui tombe amoureux d'une bergère. Mais un soir à la veillée, elle lit une annonce parue dans le journal dans laquelle la cour de Gallistrie déclare le deuil du prince Otto-Christian alors en route pour l'Amérique sur le Whiteship, un bateau qui a disparu corps et biens il y a trois mois .. A ces mots, l'Innocent se reconnait et se redresse avant d'annoncer être le prince en question ...


Un film mené de main de maître. Le début est très attractif et on croche immédiatement à l'action en partageant l'angoisse des villageois qui découvrent le bateau en flammes non loin du rivage.

Cette histoire de conte de fée pourrait être basculer dans la mièvrerie, or il n'en est rien. L'action est menée de manière très sobre et simple ce qui fait qu'on a l'impression de suivre un pan de vie de ces villageois en imaginant presque faire partie de la communauté. Et comme les images sont parfaites de netteté, l'impression est d'autant plus percutante.

Annaïck est un brave coeur qui fait son possible pour égayer l'Innocent. Ainsi lorsque celui-ci recouvre la mémoire se sent-elle bien seule, bien qu'on lise sur les lèvres d'Otto-Christian qu'il promet de revenir. La douleur d'Annaïck est très finement montrée, et la scène de son attente solitaire très touchante.

On remonte une fois de plus le temps avec Maurice Mariaud qui nous emmène en Bretagne. Comme déjà mentionné, les images sont somptueuses et d'une grande netteté. Les paysages rocailleux, les terres battues par les vents avec quelques chèvres, les maisons, les fameux lits clos et les villageois qui se montrent très soudés et portent encore les costumes de l'époque, les sabots pour certains et la coiffe pour les dames. Celles-ci sont souvent occupées à faire de la dentelle.

A la vue de ce film on ne peut s'empêcher d'éprouver de la nostalgie pour ce passé à la fois si lointain et si proche pourtant.

Davantage de détails sur le tournage de ce film dans l'excellent livre de Frédéric Monnier

Maurice Mariaud Itinéraire d'un cinéaste des Buttes-Chaumont au Portugal (1912 - 1929) - Frédéric Monnier

31 minutes


Yvonne Mario .... Annaïck
René Kessler ... Otto Christian, Prince de Gallistrie


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