Pages

Pages

samedi 19 novembre 2011

Virginian (The) - 1914, 1923, 1929, 1946, 1962

Une fois n'est pas coutume, je partage quelques réflexions sur ce titre dont j'ai vu les versions assez récemment. Le vrai amateur notera l'absence de la date 2000 d'un film réalisé pour la télévision que je n'ai pas vu.


Le livre écrit par Owen Wister en 1902 a obtenu un grand succès, ce qui explique le grand nombre de films tournés.

La version de 1914 remporte la palme du scénario le plus proche du livre et de la narration la plus linéaire. En un mot, c'est un film cohérent monté de manière sensée. Le Virginien incarné par Dustin Farnum apparait comme un homme assez basique sans trop de finesse mais plutôt sympathique. Les plans ne sont pas trop rapprochés ce qui fait qu'on regarde le film avec une certaine distance.
-
La version de 1923 suit le livre et ajoute une dimension humaine (sentiments) nettement plus développée. C'est la version que me plait le plus. Le héros dépeint est un homme simple mais pas frustre, capable de sentiments, droit et juste, démontrant des qualités diverses, comme l'humour ou le sens du devoir. Équilibré, il possède une bonne estime de lui-même ce qu'il démontre par son non besoin de jouer sur les apparences. Ce qui fait de lui un héros comme je les aime, dont les qualités sont entre autres droiture, équilibre, flexibilité, ouverture, simplicité, légèreté et sérieux : un mélange probablement difficile à faire passer à l'écran, mais Kenneth Harlan s'en tire avec facilité en se montrant confondant de naturel dans ce rôle.
-
La version de 1929 (première version sonorisée) souffre d’insuffisances qui nuisent au sens de l'histoire.
On y retrouve toutefois la plupart des scènes décrites dans le livre, y compris l'échange des bébés lors de la cérémonie de baptême collectif. Par contre on ne voit pas Le Virginien être sauvé et ramené par Molly ce qui est pourtant décisif pour décider Molly à rester ou non. De plus Molly est courtisée aussi par Steve, ce qui n'est pas le cas originellement.
Par contre on peut y voir Gary Cooper qui se montre peu crédible dans ce rôle (la palme revient à Richard Arlen dans ce film). Le film prend des libertés, adieu la rencontre grâce à la diligence qui sort du chemin et par laquelle l'histoire commence.

La version de 1946 (première version en couleur) se base sur la version 1929 (arrivée de Molly et rencontre au train, peur du taureau, etc) et rajoute des éléments qui font perdre toute crédibilité au personnage en plaçant le Virginien dans des situations embarrassantes qui n'ajoutent rien à l'histoire. De plus le personnage de Molly devient tellement sophistiqué (rouge à lèvre violent, corset hyper serré, robes sophistiquées et coiffure à boucles anglaises qui devait prendre des heures à réaliser !) qu'on se demande ce que le Virginien peut bien lui trouver. La scène des bébés a disparu. On peut regretter l'absence des scènes que je trouve clé, la rencontre par exemple, qui perd toute substance avec cette arrivée en train dans un milieu presque urbain : foule, train, bars, hotel, etc. On nous frustre de la découverte par Molly du Virginien blessé qu'on nous montre ramené par des hommes et sans convalescence ! Les décors sont riches (que la couleur enrichit encore plus), les maisons déjà modernes et richement meublées, les détails soignés bref, mais où diable est passé la simplicité et les grands espaces essentiels pourtant au sens du film ? Pourtant Joel McCrea aurait pu incarner un bon Virginien dans un cadre plus épuré.

Quant à la série, je me demande même s'il faut la citer : seul le titre, les noms sont gardés et ne sont qu'un prétexte pour faire évoluer les personnages autour de ce thème. Trampas devient l'ami du Virginien (et ça c'est impardonnable !) et Molly (maintenant une femme moderne qui tient le journal local) meurt dans les premiers épisodes. La série qui traine un peu en longueur et dont le héros sensé être le Virginien n'est pas forcément le personnage central dans tous les épisodes, n'est pourtant pas mauvaise. Je dirais juste qu'il ne faut pas s'attendre à y voir le livre.

On trouve de bonnes versions de tous ces films, 
  • Celui de 1914 de Cecil B. DeMille se trouve dans un coffret intitulé Cecil B. DeMille Classics collection qui devient difficile à trouver,
  • La version de 1923 de Tom Forman est plus délicate à dénicher : on la trouve très facilement dans une affreuse version chez Oldies (Alpha video) avec un accompagnement musical médiocre. Si vous vous intéressez à ce film il faut absolument dégotter la version tirée du film en 16mm de Blackhawk avec un excellent accompagnement musical au piano : je vous assure que ça fait une sacrée différence ! (heureusement j'avais vu cette version avant, sinon je crois que ce film ne m'aurait pas autant plu).
  •  La version 1929 circule, il faut un peu persévérer pour la dénicher ...
  • La version 1946 se trouve facilement
  • La série télévisée est éditée par les saisons en coffrets et se trouve aussi facilement.


Je ne suis pas réalisateur mais il me semble que certains éléments clés ne devraient pas manquer comme le choc Est - Ouest à l'époque, la rencontre des deux protagonistes principaux incarnant les principes Est-Ouest (civilisation vs vie sauvage) via la diligence dans un endroit sauvage, la vie dans la communauté sans loi officielle, les vols, l'amitié, l'attaque, la convalescence etc ... le tout de manière équilibrée et enrobée de sobriété et de simplicité !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire