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mercredi 23 octobre 2019

You never know Women - William A. Wellman - 1926


Dans une rue sombre, des travaux de construction vont bon train mais une poutre métallique est sur le point de tomber dans la rue. Malgré les cris des ouvriers une jeune femme s'avance sur le trottoir mais heureusement l'un des ouvriers bondit et s'empare de la jeune femme qu'il emmène hors d'atteinte de l'énorme projectile qui s'abat violemment au sol.

La jeune femme est inconsciente et un homme qui passe dans une Rolls Royce s'arrête et enlève la jeune femme des bras de son sauveur en susurrant qu'il "fera cela mieux que lui".
Lorsque Vera ouvre les yeux, Eugene Foster lui sourit et pose en héros tout en lui demandant son adresse pour la raccompagner chez elle.

Vera est ramenée au Music hall où elle se produit en compagnie d'une troupe venue de Russie. Tout le monde attend son retour pour commencer le spectacle. Son partenaire Norodin est bien soulagé de la savoir indemne car il l'aime de tout son coeur.

Le spectacle commence et Foster s'installe parmi les spectateurs et se montre très critique devant les performances, y compris celle où Vera reste stoïque lorsque Norodin envoie ses couteaux tout autour de sa personne. Norodin effectue ensuite son tour le plus dangereux, enfermé et menotté dans une malle elle-même fermée par des chaines, il est immergé dans l'eau. Après trois minutes et alors que quelqu'un est sur le point de casser le grand aquarium pour vider l'eau, Norodin réapparait victorieusement.

Les clowns et les acrobates se succèdent, Foster paie grassement le portier pour pénétrer dans les coulisses et faire sa cour à Vera qui ne se montre pas insensible à ses avances.

Pour mieux asseoir son pouvoir, Foster paie le directeur de la troupe 10'000 dollars pour qu'elle se produise à son domicile devant un parterre d'invités triés sur le volet.
L'un de ses invités flirte avec la petite amie de l'hercule et celui-ci, alors qu'il soutient Vera dans son numéro voit rouge et fait dégringoler la pauvre fille qui tombe inévitablement et s'assomme par terre.
Foster l'emmène sur la terrasse et Vera voit son visage pour la 2e fois en ouvrant les yeux. 
Norodin souffre en silence mais son amour l'empêche de s'interposer. Vera est alors persuadée d'être amoureuse de Foster et considère Norodin comme un frère.

Comme l'amour de Vera pour Foster semble réel, Norodin dit au revoir à ses amis les plus chers. Toberchik le clown a le coeur qui saigne car il comprend la douleur que ressent le pauvre homme qui embrasse Vera en la priant de ne pas venir assister à son défi le plus grand car cela le stresse de la voir si nerveuse à chaque fois : être immergé menotté dans une caisse jetée à la mer à l'aide d'une grue.
Seul Toberchik comprend le drame qui va se jouer, et, lorsque Vera réalise enfin ce qui se trame, elle se précipite sur les quais où une foule de badauds assiste au tour de Norodin qui vient d'être jeté à la mer .....



Ce film a permis à William Wellman de poursuivre sa carrière de metteur en scène, en 1926 il réalisera the Cat's Pajama puis le fameux Wings en 1927 avant de poursuivre avec la filmographie que l'on connait. Quelle chance, je suis bien contente car c'est un réalisateur que j'aime beaucoup et ce film peu connu mérite amplement le détour ! On ne s'ennuie pas une seconde, il y a du suspens avec l'apothéose, la poursuite dans le théâtre ! La lumière, les cadrages, les gros plans sur des visages magnifiques tout est maitrisé avec précision, de même que le scénario ne laisse aucune place à l'ennui ou aux longueurs.

C'est avant tout une histoire emplies de coeurs, coeur noble pour Norodin, coeur pur pour Toberchik, coeur innocent pour Vera, sans coeur pour Foster.

Ce film est porté par des protagonistes tout simplement magnifiques : Florence Vidor est la jeune fille innocente qui ne comprend pas très bien ce qu'elle ressent, face à elle Lowell Sherman est très ambigu. Il est bien clair que c'est un opportuniste mais son amour semble sincère plus d'une fois. On pourrait imaginer que son amour lui permette de trouver le chemin de la sérénité mais tout n'est qu'apparence. D'ailleurs le film joue sur les apparences et les disparitions tout au long des 81 minutes qu'il dure.

Clive Brooks est émouvant de sobriété. Quelqu'un a écrit qu'il est "rigide" un lieu commun qu'on lit souvent à son sujet mais je suis d'un autre avis, son rôle est tout en retenue et les expressions de ses yeux et son visage sont parfaitement explicites, de même que les gros plans sur ses mains. Du grand art à mes yeux.

Je n'aime pas les clowns mais El Brendel m'a émue aux larmes plus d'une fois et son oie est craquante à souhait ! Je souligne la magnifique performance de sa part d'un bout à l'autre du film, et aussi celle de Roy Stewart que je n'avais encore jamais vu en costume de ville mais seulement en cowboy. Ici il a un rôle essentiel tout en restant en marge du film. Il est l'ami sur lequel on peut compter.
Joe Bonomo a le rôle de l'hercule bien évidemment, c'est un plaisir de le découvrir avec une image nette et des sentiments ! .... et Eugene Pallette est l'invité qui voudrait que Foster lui dégotte une petite brunette qui parle anglais ce qui provoque l'ire de l'hercule.
Je n'oublie pas les autres talentueux protagonistes qui jouent les membres de la troupe, leurs visages sont mis en valeur lorsque le rideau se lève ... d'ailleurs le rideau avec les jambes et une excellente trouvaille, de même que les scènes où les spectateurs lèvent les yeux devant le papillon ou craignent que le clown leur tombe dessus.Le tout respire la bienveillance et c'est un vrai bonheur de suivre cette histoire.

"You never know women" ... maybe, but you never know men either! D'ailleurs avant de connaitre l'autre, ne vaudrait-il pas mieux se connaitre soit même d'abord ? Il est si facile de se tromper et de s'égarer sur le chemin de la vie ...

Ce film a été retrouvé en 2001 à la Librairie des Congrès. On le trouve dans une magnifique version chez Kino Lorber avec un excellent accompagnement musical de Donald Sosin.


81 minutes

Florence Vidor ... Vera
Lowell Sherman ... Eugene Foster
Clive Brook ... Norodin
El Brendel ... Toberchik
Roy Stewart ... Dimitri
Joe Bonomo ... The Strong Man
Irma Kornelia ... Olga
Sidney Bracey ... Manager
Eric Mayne ... Wharf Spectator (uncredited)
Eugene Pallette ... Party Guest (uncredited)
Ellinor Vanderveer ... Theatre Audience Spectator


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