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mercredi 4 octobre 2017

Hypocrites - Lois Weber - 1915



 Le portail de la vérité s'ouvre ...

Dans une petite congrégation, un pasteur parle à ses fidèles. L'assistance semble s'ennuyer, le prêche porte sur l'hypocrisie selon Mathieu 23:28, seule deux femmes se montrent particulièrement en phase avec les paroles.

27 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, et qui, au dedans, sont pleins d'ossements de morts et de toute espèce d'impuretés. 28 Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais, au dedans, vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité. 29 Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes,…

 A la sortie les paroissiens viennent saluer le prêcheur et s'en vont. L'un des fidèles lui sert la main en le félicitant pour ses paroles mais demande ensuite à ses amis de veiller à ce qu'il soit viré tout en précisant qu'il ne tient pas à voir figurer son nom sur la requête.

Le pasteur est désespéré et ses yeux tombent sur un journal dans lequel il lit
 ... car ni l’homme ni l’ange ne peuvent discerner l’hypocrisie : c’est le seul mal qui dans le ciel et sur la terre marche invisible, excepté à Dieu et par la permission de Dieu - Milton, Le Paradis perdu

Le ministre s'endort et se métamorphose alors en moine, il est suivi par les paroissiens. Lorsqu'il entame une longue montée par un sentier escarpé, la femme le suit, une autre prend son courage à deux mains et commence à grimper, d'autres tentent de les suivre mais renoncent, certains passent tout simplement leur chemin.
Au sommet la vue est grandiose, le moine se sent heureux mais se détourne lorsque la femme lui crie qu'elle a besoin de sa main.

 La vérité est toujours insaisissable : le ministre est venu à la recherche de la vérité qui se cache. Puisque les fidèles ne viennent pas à elle, il faut qu'elle descende les voir. La vérité toute nue (une femme nue en l’occurrence), se dérobe aux regards du prédicateur qui poursuit seul sa route et passe bientôt le portail du paradis.
En tant que Gabriel l'ascète, un moine au temps du Moyen-Âge, il travaille à représenter la vérité secrètement dans le jardin du monastère. Lorsqu'il juge que la vérité est parfaite, il convie ses frères à venir la découvrir. C'est la fête, du coup toute la communauté de la région, de l'habitant le plus simple jusqu'à la royauté, en passant par le clergé et les soeurs de la congrégation voisine, se réjouissent et accourent vers le monastère.

C'est l'abbé en personne qui daigne dévoiler la sculpture faite avec amour par Gabriel. Mais, Ô malheur, l'assistance est choquée par la nudité de la vérité. Seules une femme vivant en marge de la société, une soeur et une enfant contemplent réellement la statue car tous les autres personnes présentes se détournent. La statue est promptement voilée et la foule vindicative revient en brandissant des gourdins et des pierres.
 Le pauvre Gabriel est transpercé par une lance et frappé par la foule en colère tandis que la bonne soeur et la femme prient pour lui.
Alors la vérité disparait sous les yeux de la populasse effarée, Deux femmes désormais endeuillées veillent sur la dépouille de Gabriel.
De retour en 1915, la vérité tient son miroir face à la politique qui ment sans vergogne, à la société qui l'accepte pour autant qu'elle soit drapée de ses idées, à l'amour qui est aveugle et volage. 
La paille dans l'oeil : la modestie, la pudeur, le foyer, la famille ou même la presse ne sont pas épargnées.


Les fidèles sont incarnés par les mêmes acteurs que ce soit au Moyen-âge ou en 1915. Ainsi reconnait-on les réactions des protagonistes qui restent assez similaires au fil du temps. Les hommes de pouvoir ont le même visage, de même les innocents, les incrédules, les moqueurs, les indifférents qui composent la foule. 

A la recherche de la vérité suivrons-nous le sentier qui monte ou bien passerons nous notre chemin ? Lequel choisirons-nous, le large ou le chemin étroit ? ... Un film touchant par son innocence et par sa recherche de symboles. Intemporel, ce film traite de l'hypocrisie, une chose qui nous concerne tous forcément.

Les pèlerins se retrouvent bien seuls sur la route, est-ce à dire qu'il appartient à chacun de parcourir le chemin et qu'il ne faut compter sur rien ni personne ?

Un parcours qui sort de l'ordinaire :
Lois Weber, pionnière réalisatrice

Editions Kino, John Mirsalis au piano.

Le blog de I Thank you Arthur qui apporte beaucoup d'informations sur ce film

Courtenay Foote ...
Gabriel - the Ascetic (as Mr. Courtenay Foote)
Myrtle Stedman ...
The Woman (as Miss Myrtle Stedman)
Herbert Standing ...
The Abbot (as Mr. Herbert Standing)
Adele Farrington ...
The Queen (as Miss Adele Farrington)


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