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Ce blog se propose de faire découvrir quelques films muets
moins connus depuis les débuts du cinéma jusqu'en 1930 environ (à ce jour plus de 1'000 films, serials et shorts ...) ainsi que quelques films sonores. Le but était de lister 1'000 films incluant un descriptif ainsi qu'un commentaire écrit sans prétention. C'est chose faite depuis la fin janvier 2022 !

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mercredi 17 septembre 2014

Die Verrufenen - Gerhard Lamprecht - 1925

Robert Kramer sort de prison. Il monte dans un fiacre qui l'emmène vers la maison où vit son père tandis que Gustav, l'un de ses ex copains de taule, le raille pour sa profession d'ingénieur qui ne lui apporte rien de plus qu'à lui qui n'a pas fait d'études. 
Devant la porte de l'appartement, la bonne met le verrou à sa vue et court prévenir le père qui s'occupe de sa collection de timbres qu'il range soigneusement avant de se rendre à l'entrée pour annoncer à son fils qu'il n'existe plus pour lui. Dans un mouvement de révolte Robert fait sortir la chaine de sécurité de ses gonds et pénètre dans l'appartement. Après un long échange de regards, il rassure son père en lui disant qu'il ne le reverra pas.
Plus tard il se rend chez sa fiancée et demande un rendez vous à sa mère. Celle-ci est soulagée de lui présenter son beau-fils, ne sachant pas comment lui annoncer que sa fille s'est mariée durant son séjour sous les verrous.
Robert cherche du travail, il erre à travers la ville, chacune de ses prises de contact se solde par une réponse négative. Désespéré Robert finit à la soupe populaire où il trouve gite et couvert. Dans le dortoir un homme lui demande s'il sait coudre et l'emmène le lendemain chez un chiffonnier qui lui jette une veste à repriser. Robert demande à être payé après une journée de travail mais se rend compte que l'employeur n'a que du schnaps à lui offrir en échange de son labeur ce qui ne semble pas gêner son compagnon d'infortune. Celui-ci l'emmène dans une gargote ou des amis fêtent un anniversaire. Désespéré à la vue de tous les consommateurs minables qui glandent dans la salle, Robert se lève et s'en va. Il tente alors de se suicider mais une jeune femme qui fait le trottoir l'en empêche. Emma, c'est son nom, lui offre un repas puis l'emmène chez elle où il peut dormir enfin. Robert ne conçoit pas de vivre sans travailler et souhaiterait avoir une machine à coudre pour remonter la pente. Son copain Gustav dérobe l'objet de son désir chez les chiffonniers qui ont été arrêtés par la police et Robert se lance dans la production de sacs de jute qu'Emma l'aide à vendre.



Un film mi doux mi amer, surtout triste dans le fond. Le spectateur se trouve à la fois au coeur de la vie de ces déshérités tout en gardant un pied à l'extérieur. Le cinquième état est le nom donné à ce monde parallèle dans lequel vivent les déshérités. Grâce à ce film tourné par le réalisateur engagé Gerhard Lamprecht vous pouvez vous plonger dans les quartiers pauvres de Berlin des années 20, ses bars, ses rues, ses habitants et leur manière de vivre.

Chacun développe à sa manière une façon de contrer le sort et de lutter contre la misère, certains boivent, d'autres se laissent aller ou cherchent à se tuer, les uns se foutent de tout et sont prêts à narguer la loi, quelques uns sont malins et débrouillards, ils s'en sortent plutôt bien, d'autres triment comme des fous et s'usent dans des travaux de misère. La palette des réactions est vaste et couvre une panoplie de comportements, la violence ou la douceur, la révolte ou l'abattement, l'action ou l'oisiveté, etc...
Parmi tous les protagonistes certains trouvent la force de s'intéresser aux autres, d'autres ne peuvent s'occuper d'autrui. Seuls les enfants semblent vivre dans un monde parallèle, une autre planète où il est encore possible de jouer, d'inventer et de rêver malgré le décors misérable dans lequel ils vivent.
On ne sait pas grand chose du crime que Kramer a commis et on apprendra qu'il a été condamné pour parjure (Meineid), "quelquefois on commet de tels actes pour rester honnête avec soi-même" sera la seule explication donnée au photographe qui deviendra son ami.

Il faut avouer que Bernhard Goetzke est intriguant, son visage est comme taillé dans la pierre, ses expressions se résument à somme toute peu de choses, mais il suffit d'une mâchoire serrée, d'yeux baissés, d'un froncement de sourcil ou d'un regard lancé par dessous pour qu'on imagine un être sous tension prêt à exploser ou à la merci d'émotions qui semblent jaillir des profondeurs de son être.
Comme sa personne semble rigide et que son visage est plutôt dur, Robert Kramer ne semble pas enclin au désespoir. Il subit les velléités de la vie de façon plutôt stoïque. On comprend que sous la dureté se cache un réel désespoir lorsqu'il tente de se suicider. Il n'y a aucune forme de pathos dans ce film.
Il connaitra trois femmes très typées : La riche et ambiguë Gerda, Emma la fille de joie au coeur gros comme une maison et Regine, la soeur de son employeur qui lui permettra de retrouver sa dignité et le cours d'une vie proche de ses aspirations.

On notera de nombreuses scènes symboliques, les enfants qui jouent devant l'enseigne du croque mort, l'ouverture des rideaux sur un jour nouveau après la nuit de la confession de Robert à son nouvel employeur, la machine à coudre ou l'art de la photographie qui permettent un nouveau départ, ou très marquantes comme le face à face du père et du fils à travers la porte presque fermée de l'appartement familial jusqu'à ce que le fils baisse les yeux sous le regard dur de son père, et les fondus enchainés entre les deux mondes qui se côtoient mais qui sont si diamétralement différents, sont les scènes qui me viennent en tête.

L'accompagnement musical de Donald Sosin est juste parfait de sensibilité. On trouve ce film avec Die Unehelichen aux éditions
Film Museum

100 minutes environ

Titres français : Les déshérités de la vie ou le 5ème état

Aud Egede-Nissen ...
Emma
Bernhard Goetzke ...
Robert Kramer
Mady Christians ...
Regine Lossen
Arthur Bergen ...
Gustav
Frigga Braut ...
Waschfrau
Georg John ...
Waschfraus Mann
Eduard Rothauser ...
Rottmann
Frida Richard ...
Frau Heinicke
Paul Bildt ...
Herr Kramer
Hildegard Imhof ...
Gerda



mercredi 10 septembre 2014

Die Unehelichen - Gerhard Lamprecht - 1926


 

A Berlin dans une luxueuse propriété, un attelage de chèvres et un valet en livrée attendent  le conducteur, un jeune garçon qui va bientôt chercher sa soeur pour l'emmener faire un tour. Lorsque la petite fille indique que sa chaussure n'est pas fermée le valet se penche pour l'aider. De l'autre côté de la barrière deux enfants, Peter et Lotte les regardent et Peter se baissent pour aider à lacer les chaussures de la petite fille qu'il emmène à la foire. Pour lui permettre de faire un tour sur un manège et ainsi lui faire plaisir il n'hésite pas à prendre la place de l'homme qui fait tourner l' axe central.
Plus tard tous deux ramassent des fleurs et de l'herbe qu'ils ont l'intention de rapporter à leur lapin.
De retour dans le logis misérable qu'ils habitent les deux enfants sont reçus par leurs tuteurs, un couple qui vit dans la précarité tout en ayant la garde de 3 enfants illégitimes, Peter et Lotte mais aussi Frieda, la plus jeune.
L'homme, Zielke, cuve son vin sur le lit tandis que les 3 enfants s'occupent du lapin qu'ils aiment de tout leur coeur. Lorsque l'ivrogne revient à lui il s'en prend à Peter qui n'a pas rapporté d'argent et lui donne une correction.
 Le lendemain Peter rencontre un vieux copain, Paul, qui a élaboré une technique pour se faire un peu de monnaie. A l'aide d'une cuillère placée sur un long bâton il va à la pêche aux piécettes tombées dans les soupiraux. Il donne un Pfennig à Peter et l'emmène dans une maison de jeux où il multiplie sa mise alors que Peter, peu habile perd son Pfennig. Cependant il voit un billet tombé de la jarretière d'une femme et s'en empare.
A la maison Zielke lui demande à nouveau combien il a gagné et Peter lui donne 1,5 Mark mais l'affreux type se doute qu'il a davantage et se jette sur le pauvre garçon qui s'occupait gentiment du lapin et trouve encore 50 Pfennig.
Devenu furieux, Zielke frappe sans retenue Peter après avoir jeté par la fenêtre la cage qui s'écrase en tuant net le pauvre animal. Les Martens, un couple de voisins, frappent alors à la porte et menacent d'appeler la police et de dénoncer les sévices infligés par Zielke.
Après avoir enterré avec amour le lapin sous la pluie les deux enfants sont trempés et n'osent retourner à la maison. Ils trouvent refuge chez les Martens. Monsieur est tailleur et fait essayer une robe à une cliente, Madame Berndt. Celle-ci voit que Lotte a de la fièvre et Madame Martens ramène la petite fille en conseillant à Madame Zielke d'appeler un médecin mais celle-ci n'en fait qu'à sa tête. Après cinq jours le docteur ne peut que constater qu'il est trop tard et la petite Lotte meurt en laissant un Peter désespéré.
 La maman biologique de Lotte est inconsolable, elle avait placé sa fille pour obtenir un travail de domestique qui ne lui aurait pas permis de garder sa petite fille. Madame Zielke se montre odieuse à son égard.
Le certificat de décès doit être apporté aux autorités et Peter raie la mention "morte d'une pneumonie" qu'il remplace par "morte de faim" avant de la remettre à l'officier. Celui-ci est tout retourné et en réfère à son supérieur tandis que Peter pris de frayeur s'enfuit en courant. Alors qu'il traverse une route sans regarder un véhicule le renverse et il est envoyé à l'hôpital.
Une enquête est menée et un policier vient chercher Frieda qu'il emmène gentiment au poste de police où ses collègues sont tous aux petits soins pour la petite fille....



Difficile de résumer le scénario de ce film émouvant riche en détails peaufinés dont les images sont parfaitement maitrisées. Il s'agit là d'un témoignage sur les conditions de vie difficiles que menaient les gens défavorisés à cette époque. Bien sûr il y a toujours eu des gens chaleureux, accueillants et aimants, c'est un réconfort, de même qu'il y aura toujours des gens durs et impitoyables, cruels et prêts à exploiter les autres.
Dans une scène d'introduction on voit 3 femmes d'une certaine corpulence qui échangent quelques banalités de façon plutôt rude autour d'une table. Lorsque Zielke frappe à la porte comme un forcené les visages des trois femmes se figent avant d'exprimer une grande crainte. Brutalement on revient de quelques dizaines d'années en arrière et on se souvient qu'il n'y a pas si longtemps la femme n'avait pas le statut qu'elle a de nos jours et se soumettait à l'homme qui était maître chez lui, au prix quelquefois de la violence. Le film nous rappelle aussi qu'en ce temps là il n'était pas bien vu du tout d'être une mère célibataire. Le mépris affiché par Madame Zielke est très parlant.
D'un autre côté on se rend compte que dans les années 20 existait (en Allemagne du moins) un réel souci administratif de donner aux enfants illégitimes une éducation correcte et ça fait chaud au coeur.

Plus tard on prendra conscience aussi, lorsque le père de Peter fera son apparition pour réclamer son fils car il est maintenant en âge de travailler pour lui, que la vie n'était pas tendre pour les adultes non plus. Lorsqu'on voit ce père trimer dur dans une vie qui ne fait pas de cadeau on comprend que lui-même s'est endurci à tel point qu'il n'aime rien ni personne. Heuer est incarné par cet excellent acteur qu'est Bernhard Goetzke.
Zielke est désigné comme un ivrogne violent mais sa femme est montrée comme une opportuniste qui n'hésitera pas à faire croire qu'elle aimait Lotte comme sa fille. Dans le fond c'est un personnage tout aussi odieux que son mari.
La bonté, la confiance, la tendresse et l'amour viendra des enfants (très beaux soit dit en passant) entre eux (la petite Lotte demandera à Peter si les anges au ciel ont tous des mamans et meurt avec le sourire en entendant la réponse), ou avec avec le lapin qu'ils chérissent; il viendra aussi des voisins, le tailleur et sa femme, de la gentille cliente Madame Berndt qui méritera d'être appelée maman par Peter, des agents de police qui se montrent aussi d'une gentillesse et d'une douceur confondantes, par les enfants invités à la première fête d'anniversaire de Peter qui accepteront le petit Paul avec une certaine curiosité. On se rassure aussi sur l'avenir de Frieda qui semble être adoptée par un couple de meuniers qui semble très chaleureux.
Quant à l'administration et l'organe de placement ils se montrent à la fois justes et droits. C'est donc bien l'amour et la droiture qui vaincra après de nombreuses péripéties que je ne relaterai pas pour ne pas vous priver du plaisir de regarder ce film très touchant à de nombreux points de vue.

https://www.trigon-film.org/fr/shop/DVD/Die_Verrufenen_%28Der_f%C3%BCnfte_Stand%29___Die_Unehelichen


Edition Filmmuseum 77 – Double DVD
Langue Deutsche Zwischentitel Sous-titres français, english

Musique de Donald Sosin

Titre US : Children of No Importance

 96 minutes

Ralph Ludwig ...
Peter Heuer
Fee Wachsmuth ...
Lotte
Margot Misch ...
Frieda
Fred Grosser
Hermine Sterler ...
Frau Berndt
Bernhard Goetzke ...
Lorenz Heuer
Max Maximilian ...
Zielke
Margarete Kupfer ...
Frau Zielke
Elsa Wagner ...
Frau Martens
Eduard Rothauser ...
Martens, tailor
Lili Schoenborn-Anspach
Paul Bildt ...
Müller
Käthe Haack ...
Müllerin
Hugo Flink
Ernst Behmer ...
Polizei


Titres français (incomplet)

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