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Ce blog se propose de faire découvrir quelques films muets
moins connus depuis les débuts du cinéma jusqu'en 1930 environ (à ce jour plus de 1'000 films, serials et shorts ...) ainsi que quelques films sonores. Le but était de lister 1'000 films incluant un descriptif ainsi qu'un commentaire écrit sans prétention. C'est chose faite depuis la fin janvier 2022 !

Déclencheur de ce blog, le premier message daté du 09.06.2010 :
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mercredi 29 août 2018

The Right to Happiness - Allen Holubar - 1919




En 1898 à Petrograd (Saint-Pétersbourg) en bordure du quartier juif, Andrew Hardcastle, co-propriétaire de l'entreprise Forrester et Hardcastle, possède sa résidence. Juste après son arrivée en Russie, sa femme est décédée, lui laissant deux filles jumelles, Sonia et Vivian qui sont maintenant en charge de la gouvernante Leah, une femme qui les aime comme ses propres enfants.
Hardcastle confie ses filles à Leah durant un court voyage d'affaire mais malheureusement la nuit suivante des bolcheviques attaquent le quartier juif et massacrent tout le  monde sur leur passage. Leah accueille quelques survivants mais cela n'échappe pas aux assassins qui se ruent alors sur la maison. Désespérée Leah cache Sonia dans une caisse avec son petit chat et Vivian dans le fourneau tandis que leur lévrier Barzoi chéri aboie à l'étage supérieur.
Leah et les rescapés juifs sont assassinés et la maison incendiée. Sonia qui est sortie dans la rue avec son chat est recueillie par une femme qui s'enfuit avec son fils Paul qui prend la petite fille dans ses bras. Vivian quant à elle est sauvée par le lévrier et retrouvée le lendemain matin par son père sur les escaliers menant à la maison.

Des années plus tard, en Russie Sonia est maintenant un pilier des discours politiques visant la révolution des ouvriers, couvée du regard par Paul qui l'aime de tout son coeur, et Vivian une demoiselle qui n'a rien d'autre à faire que de se promener suivie par un jeune homme imbu de lui-même qui tient son petit chien en laisse ...


Certes il y a de belles images et les atmosphères du début et de la fin sont tout à fait remarquables.
Par contre le réalisateur a un peu abusé des scènes de harangues sociales qui paraissent complétement ridicules de nos jours.

Le thème est intéressant mais la manière de le traiter très simpliste. En gros la Russie est dépeinte comme le pire imaginable, et les Etats-Unis à travers deux hommes : Forrester qui crée une coopérative où les ouvriers ont l'air tellement heureux et Hardcastle qui fait travailler ses employés dans des conditions inhumaines dans le seul but de s'enrichir. Les scènes les dépeignant sont poussées dans les extrêmes pour bien convaincre le public.


On se demande aussi si le film est monté correctement car la chronologie n'est pas sensée. Ainsi la guerre est finie, Tom Hardy travaille en vêtements civils puis un plan revient sur lui en uniforme demandant du travail à Hardcastle qui refuse de l'employer: Mais au final Tom se retrouve pourtant bien chez Hardcastle ?
Pour cette raison mais aussi pour certaines scènes de l'Est coupées brutalement pour intégrer une scène unique se passant à l'Ouest, ou l'inverse, le découpage du film ne semble pas correct. Pour ajouter à la confusion il est difficile de deviner quand Sonia (appelée Dorothy dans les intertitres pour compliquer les choses) et Paul sont passés à l'Ouest et rien n'indique vraiment qu'ils sont à New York, sans parler du fait que Sergio (dans les intertitres) ou Sergius (ci-dessous) les a suivi à New York !

Bref un film étonnant compliqué à suivre qu'il vaut la peine de voir.
Les acteurs sont tout à fait remarquables, à commencer par Dorothy Phillips (la femme du réalisateur Allen Holubar) qu'on a très peu de chance de découvrir de nos jours (même si elle se montre franchement un peu péniblement exaltée dans les scènes de conviction politique).
Robert Anderson campe un Paul touchant de fidélité et de stabilité et William Stowell un Tom énergique mais impuissant face au pouvoir d'Hardcastle.

Le titre est trompeur : de quel "droit au bonheur" parle-t-on, ne le créons-nous pas nous-mêmes ?

Titre français :  Le droit au bonheur

71 minutes

Dorothy Phillips ... Sonia et Vivian - Twin Sisters
William Stowell ... Tom Hardy
Robert Anderson ... Paul
Henry A. Barrows ... Andrew Hardcastle (as Henry Barrows)
Winter Hall ... Henry Forrester
Margaret Mann ... Mother Hardy
Stanhope Wheatcroft ... Monte
Alma Bennett ... Lily
Hector V. Sarno ... Sergius Kerkoff (as Hector Sarno)
Fay Holderness ... Leah - the Nurse


mercredi 21 février 2018

The Soul of Youth - William Desmond Taylor - 1920



La vie est bien cruelle. Une femme vend son bébé encore en gestation à une femme sans scrupule qui, après que la pauvre femme meure en couche, fait mine de l'avoir elle-même mis au monde. Pete Morano, son mari n'est pas dupe et fait jeter le bébé hors de la maison. Une bonne emmène alors le petit garçon dans un orphelinat où il devient le souffre douleur de l'établissement.
Les années passent, jamais personne ne souhaite adopter Ed Simpson qui subit en silence les méchantes blagues des autres orphelins tout en effectuant les tâches les plus rébarbatives.

Un jour Ed aperçoit quelques vauriens torturant un chien qu'il sauve et cache. Enfin il connait un semblant d'amour avec Sim, baptisé d'après son nom de famille, jusqu'au jour où Sim est chassé de la maison. Ed décide de s'enfuir à son tour et se rend en ville avec le chien. Pour se nourrir il dérobe quelques bananes mais un policier le voit et le poursuit. Ed et Sim se cachent grâce à l'aide d'un petit vendeur de journaux, Mike, qui les emmène dans sa maison, une grosse caisse en bois dans un quartier pauvre. 
Comme il est trop grand pour vendre des journaux, Ed cire les chaussures. Sa route ne tarde pas à recroiser celle du policeman qui aimerait bien le coffrer, d'autant plus qu'il a vu le garçon trouver un portemonnaie qu'il emporte au plus vite. Ed et Mike sont aux anges, avec les 7 dollars qui se trouvaient dans le porte monnaie ils subsistent quelque temps. Mais bientôt il faut à nouveau se nourrir et les deux garçons décident d'aller se servir dans la cuisine d'une riche propriété appartenant à Monsieur Hamilton, un homme qui souhaite mettre le véreux Morano qui se présente à la mairie hors de la ville.
Les deux garçons se font remarquer par le chat qui fait tomber un bocal et Vera, la fille Hamilton appelle la police. Pour sauver Mike Ed brandit un revolver trouvé dans une poubelle. Malgré tout il finit par être arrêté et passe en jugement devant le fameux juge Lindsey. Magnanime et droit, celui-ci fait la leçon à plusieurs petits garçons avant de se tourner vers Ed. Celui-ci explique la situation et fait pitié à la petite Ruth Hamilton qui s'avance en déclarant vouloir s'occuper d'Ed au lieu qu'il soit envoyé dans une maison de correction. Son père s'emballe et décide d'embarquer le petit garçon pour lui offrir une vraie vie de famille. Cela n'est pas au goût de Madame Hamilton qui accepte toutefois la décision de son mari.
La lutte contre Morano arrive à un point de non retour. Une lettre permettant enfin d'obtenir des preuves de ses malversations et de se débarrasser de cet homme est en route. Pour éviter toute interférence, Hamilton envoie Dick, le fiancé de Vera chercher la lettre à San Francisco.
Malheureusement au retour, le pauvre garçon croise la route de Morano qui détourne son attention tandis qu'un pickpocket fend délicatement la poche de son veston à l'aide d'un cutter pour s'emparer du compromettant papier.
Vera est désespérée, son  mariage est compromis car son père est furieux contre Dick mais Ed décide de s'en mêler ...

Lewis Sargent et le Juge Lindsey

Après Huckleberry Finn tourné la même année par le même réalisateur, Lewis Sargent incarne ici le pauvre Ed, un rôle qui lui va comme un gant.
L'histoire débute par des images très dures mais très explicites de la femme qui cherche à se faire bien voir par Morano en achetant un bébé. Ensuite on ne peut être que touchés par la vie cruelle menée au jeune Ed qui, débrouillard, nous emmène dans les rues de l'époque avec son copain Mike incarné par Ernest Butterworth Jr, les deux gamins se montrent solidaires l'un de l'autre.
L'action suit les vies parallèles des Hamilton et des garçons en les entremêlant habilement. 
Il parait que les orphelins sont authentiques, ainsi que le juge Ben Lidnsey qui incarne son propre rôle.

Un film touchant au final plein d'action. Une plaidoirie pour la compréhension et l'intégration des jeunes démunis et livrés à eux-mêmes.

Il existe une très belle version de ce film en DVD.


80 minutes

Lewis Sargent ...
Ed Simpson
Ernest Butterworth Jr. ...
Mike
Clyde Fillmore ...
Mr. Hamilton
Grace Morse ...
Mrs. Hamilton
Lila Lee ...
Vera Hamilton
Elizabeth Janes ...
Ruth Hamilton
William Collier Jr. ...
Dick Armstrong
Claude Payton ...
Pete Morano
Betty Schade ...
Maggie
Fred Huntley ...
Mr. Hodge
Sylvia Ashton ...
Mrs. Hodge
Russ Powell ...
Patrolman Jones
Ben Lindsey ...
Himself (as Judge Ben Lindsey)
Mrs. Ben Lindsey ...
Herself
Jane Keckley ...
Matron


mercredi 31 janvier 2018

Too Wise Wifes - Lois Weber - 1921




Madame Graham ne vit que pour son mari David. Ainsi lui tricote-t-elle des chaussons ridicules que son mari finit par porter pour ne pas la contrarier.
De son côté, poussée par le besoin, Madame John Daly a fait un mariage de raison. Son mari considère que "pas une femme au monde ne lui arrive à la cheville".

Les deux femmes se connaissent et se côtoient à leur club, où les status sociaux sont encore très ancrés. Ainsi faut-il avoir une voiture avec chauffeur ou assez de moyens pour s'offrir les vêtements les plus chers ...

Un jour, Madame Daly envoie une lettre à son ex, Monsieur David Graham. Madame Graham, peu sûre d'elle, est effondrée d'autant plus que Monsieur Daly organise le week-end pour que le couple tienne compagnie à sa femme durant son absence...



La futilité de ces femmes est affligeante. Ce film se résume à peu de chose près à vanitas vanitatum, et omnia vanitas !  
Le scenario est plein de longueurs inutiles et la caricature est poussée à l'extrême, les maris passent leur temps à lire le journal et les femmes ne pensent à rien sinon à leurs toilettes ou à imposer à leurs maris des horreurs tricotées ou des repas ratés ... pendant ce temps le spectateur tente de voir les images surexposées qui ont très mal vieilli. 
En ce qui concerne le titre, on finit par comprendre que les deux femmes prennent conscience de leur chance, mais on se demande pourquoi avoir utiliser cette façon de de le démontrer. Certainement un problème d'époque car les standards de la société ne sont plus du tout les mêmes de nos jours.

On peut voir ce film sur la toile en ce moment, je vous souhaite bien du plaisir, tant ce film est pénible à regarder !



80 minutes


Louis Calhern ...
Mr. David Graham
Claire Windsor ...
Mrs. David Graham
Phillips Smalley ...
Mr. John Daly
Mona Lisa ...
Mrs. John Daly


mercredi 7 décembre 2016

The Symbol Of the Unconquered - Oscar Micheaux - 1920



Eve Mason perd son grand-père qui lui lègue un terrain. Elle décide d'en prendre possession et s'arrête dans un hôtel tenu par Jefferson Driscoll, un noir qui renie ses origines et qui porte une haine incommensurable à ses pairs.

Bien que blanche de peau, Eve obtient un bout d'écurie et s'endort dans la paille avant de fuir sous la pluie lorsque son voisin grimace sous l'eau qui ruisselle du toit.
Plus loin sur la route, Eve fait la connaissance de Hugh Van Allen un charmant jeune homme qui lui propose de l'emmener sur sa propriété, voisine de la sienne.
Eve arrange sa petite maison du mieux possible. Or sa petite cabane est convoitée par August Barr, un triste sire qui a bien l'intention d'en prendre possession et qui mande le frère de sa femme Mary enquêter sur le nouveau propriétaire.
L'intrus est vite mis en déroute par le gentil voisin qui veille à ce que Eve ne manque de rien.
Barr, Driscoll, et leurs copains apprennent que la terre appartenant à Hugh est précieuse. Du coup ils veulent s'en emparer et postent des messages très menaçants signés des chevaliers de la croix noire. Hugh ne les prend pas au sérieux et part à Oristown acheter des meubles. 
Eve, Mary et la mère de Driscoll ont vent de l'attaque prochaine des méchants hommes et Eve enfourche un cheval avant de partir en trombe chercher de l'aide ....


Il manque un bout de ce film à ce moment là. On voit que Hugh a été agressé par le Ku Klux Klan et on nous narre l'action par le biais de quelques intertitres. L'histoire se termine un peu de manière mièvre, toutefois on ne s'ennuie pas une seconde car l'action est bien narrée et constante.
Par certains côtés le film ressemble à un western,  les scènes de saloon entre autres.
Les scènes de nuit des cavaliers vêtus de blanc tenant des torches sont très impressionnantes.

Je ne connais pas la valeur historique documentaire de ce film. Les protagonistes ont plutôt l'air de vivre en paix mais le réalisateur a pris le parti de mettre en scène une femme très blanche de peau. Quelque part je n'en vois pas l'utilité. Dans le fond on peut penser que la couleur n'est pas un critère d'évaluation puisque certains blancs sont malhonnêtes et certains noirs n'aiment pas leurs semblables. Les frustrés malhonnêtes s'associent donc et visiblement les blancs ne sont pas racistes. Ce film est peut-être une apologie pour une cohabitation sans haine ?

Il est quand même inimaginable que le KKK soit toujours d'actualité depuis si longtemps !

Je n'ai pas trouvé trace d'un Oristown aux USA. Savez-vous où se situe cette ville ?


Visible (avec une image de plutôt bonne qualité) sur Youtube


58 minutes



Iris Hall ...
Eve Mason
Walker Thompson ...
Hugh Van Allen
Lawrence Chenault ...
Jefferson Driscoll
Mattie Wilkes ...
Mother Driscoll
Louis Dean ...
August Barr (as Louis Déan)
Leigh Whipper ...
Tugi - an Indian Fakir


mercredi 17 août 2016

L'argent - Marcel L'Herbier - 1928



A Paris deux banquiers font la loi : Gunderman le grand ponte tout puissant et Saccard, directeur de la banque Universelle. Gunderman fait en sorte qu'une augmentation de capital soit refusée à Saccard du coup celui-ci tombe en disgrâce et se retrouve au bord de la faillite. Sa maitresse la baronne Sandorf lui tourne le dos et visiblement il devient persona non grata dans les cercles où il était reçu en grande pompe auparavant.
Mais Saccard a plus d'un tour dans son sac, afin de gonfler le capital de sa banque il fait croire qu'il s'est associé avec Gunderman.

Au restaurant, un bon thermomètre de popularité, il retrouve l'estime de ses concitoyens. A une table non loin se trouvent Jacques et Line Hamelin, un jeune couple qui cherche un sponsor.
Aussitôt Saccard voit en Line une proie facile et le projet de Jacques qui a acquis en Guyane des options sur des terres pétrolifères l'incite à manigancer pour remettre la banque universelle sur pied. 

Il décide donc de financer l'ingénieur qui accepte de devenir vice-président de la banque qu'à la condition de pouvoir voler lui-même jusqu'en Guyane pour monter le projet. Saccard accepte au grand dam de Line, une jeune femme quelque peu vénale qui souhaite garder son mari à Paris où il n'aura pas à prendre de risques  ...



Le film est porté par Saccard / Pierre Alcover qui se montre tel un prédateur manipulateur, lubrique et diabolique. 

Le banquier Gunderman est sans doute encore plus dangereux car son pouvoir est démesuré. Il ne semble pas avoir besoin de se démener pour avoir le pouvoir de vie ou de mort sur ses sujets ce qui est d'autant plus inquiétant.
Pour asseoir son pouvoir, il est montré seul avec deux chiens blancs qu'il garde auprès de lui.
 Peu de caractères innocents dans ce film à part le personnage de Jacques Hamelin qui incarne un aventurier porteur de rêve et d'espoir doublé d'un pionnier de l'aviation. Quelques mois auparavant le premier vol transatlantique Paris - Afrique - Amérique du sud a eu lieu en 1927 grâce aux héros de l'aéropostale. On comprend donc l'engouement du public pour ce vol de Hamelin de Paris à la Guyane !
Henry Victor, l'acteur qui incarne Jacques Hamelin, est un homme séduisant qui a une très belle carrière cinématographique jusqu'à sa mort prématurée à l'âge de 52 ans.  Vous le connaissez certainement puisqu'il incarne en 1942 le Capitaine Schultz dans To Be or Not to Be de Lübitsch (il est aussi Hercule dans Freaks de Tod Browning tourné en 1932), un rôle qui s'explique facilement car malgré un nationalité britannique, Henry Victor a passé sa jeunesse en Allemagne. On comprend dès lors pourquoi il a incarné tant d'allemands durant sa carrière !

Sa femme interprétée par l'adorable Marie Glory se montre attirée par l'argent et d'une naïveté confondante. Telle une mouche elle se fait prendre dans la toile tissée par le diabolique Saccard. Brigitte Helm est superbe dans le rôle de la Baronne Sandorf, une femme calculatrice et indépendante qui retombe toujours sur ses pattes.

Les scènes tournées à la bourse montrent les spéculateurs tels des insectes grouillant autour d'appâts qui leur paraissent sans doute irrésistibles. Les banques sont les temples de l'argent, les fidèles qui s'y pressent n'ont pas de scrupules à admirer et à lécher les bottes de leur idole gonflée d'importance devant la salle des coffres.
Les décors et les costumes sont soignés, le film est considéré comme l'un des plus beaux fleurons de l'industrie cinématographique française de cette époque.

Bien qu'un peu trop long, l'argent est un film qui n'a pas pris une ride, le thème est toujours d'actualité : la spéculation bat son plein, le mensonge est omniprésent, nous bâtissons sur du vide et dépensons sans compter. Les humains sont désormais des ressources, les communications atteignent un niveau jamais égalé jusqu'ici, la recherche coûte des milliards  et pourtant nous ne sommes ni plus intelligents ni plus heureux, les gens sont toujours plus seuls et isolés. 

C'est le dernier film muet de Marcel L'Herbier.

Scénario d'après un roman d'Emile Zola.

Il existe une très belle version éditée chez Carlotta en deux CD, dont un de suppléments/bonus. Je viens de réaliser qu'un portofolio de 32 pages devrait être inclus dans le boitier, mais ce n'est pas le cas dans le DVD que j'ai acheté car le portfolio manque :-(


164 minutes



Brigitte Helm ...
La baronne Sandorf
Marie Glory ...
Line Hamelin
Yvette Guilbert ...
La Méchain
Pierre Alcover ...
Nicolas Saccard - un banquier véreux
Alfred Abel ...
Alphonse Gundermann - un banquier
Henry Victor ...
Jacques Hamelin
Pierre Juvenet ...
Le baron Defrance
Antonin Artaud ...
Mazaud - le secrétaire de Saccard
Jules Berry ...
Huret - un journaliste
Raymond Rouleau ...
Jantrou
Marcelle Pradot ...
Contesse Aline de Beauvilliers
Roger Karl ...
Un banquier
Alexandre Mihalesco ...
Salomon Massias
Armand Bour ...
Daigremont
Jean Godard ...
Dejoie


dimanche 2 novembre 2014

Ingeborg Holm - Victor Sjöström - 1913



Après un moment passé dans un jardin communautaire, un jeune couple accompagné de ses trois enfants rentre à la maison où le père reçoit une lettre lui annonçant qu'un crédit lui est accordé pour ouvrir une épicerie. L'épicerie est à peine ouverte que le père est alité. Très vite sa santé se dégrade et il trépasse laissant une veuve éplorée et trois orphelins.
La banque lui réclamant de l'argent et l'épicerie ne rapportant pas grand-chose à cause d'un employé peu consciencieux, Ingeborg n'a pas d'autre choix que de se rendre à l'hospice. 
Ses enfants sont confiés à des familles d'accueil et Ingeborg doit travailler. Un jour elle apprend que sa fille est gravement malade et que son état nécessite une opération. Le directeur de l'hospice n'entend pas verser un sou pour aider la famille d’accueil et Ingeborg décide de s'échapper pour se rendre au chevet de la petite fille.
Le lendemain l'alerte est donnée et la police est sur ses traces. Ingeborg épuisée finit par demander de l'aide dans une ferme où une gentille dame lui donne à manger. Son mari et elle décident de la cacher dans le sous-sol lorsque la police s'approche, et tandis que la jeune dame retient les deux inspecteurs son mari fait échapper la pauvre femme qui réussit enfin à retrouver la maman d'accueil de sa fille. Malheureusement la police la retrouve mais devant son état d'épuisement lui permet de voir son enfant pour constater qu'elle est décédée.
De retour à l'hospice, Ingeborg reprend sa vie sans espoir. Le jour de la visite des enfants et des parents d'accueil elle revoit son plus jeune garçon qui ne la reconnait pas. Sans est trop pour la pauvre femme qui devient folle de douleur ...


Une histoire tragique qui montre bien les drames sociaux qui se jouaient avant que la sécurité sociale ne soit mise sur pied.
L'histoire aurait été adaptée d'un vrai drame et ce film aurait aidé à démarrer une réforme qui aurait abouti à la création de la sécurité sociale en Suède, pays précurseur en ce domaine.

Ce drame décline la déchéance qui attendait les personnes qui se retrouvaient sans soutien ou sans revenu. L'hospice est montré comme une maison d'arrêt ou carrément une prison, avec une barricade et un portail cadenassé. Le directeur est un homme absolument sans coeur qui ne s'intéresse qu'à ses comptes. Le comité d'évaluation est composé d'hommes qui sont montrés de façon quelque peu hystérique. Les pensionnaires de l'hospice sont montrés comme des ivrognes ou des loques. Du coup évidemment cela renforce le sentiment d'isolement et de solitude dans lesquels vit la pauvre Ingeborg.
Il y a quelques scènes absolument déchirantes, comme la séparation d'avec chacun des enfants. Le plus petit fait des gestes d'adieu que sa mère ne voit même pas tant son chagrin est grand. La petite fille s'en va mais l'aîné ne peut se résoudre à laisser sa maman et revient plusieurs fois ce qui poussera la pauvre femme à se cacher pour lui permettre de s'éloigner. 
Les femmes qui emmènent les enfants n'ont pas l'air méchantes, loin de là, même la police semble démunie face à la mission qui lui est imposée et bien sûr on ne peut s'empêcher de trouver ces mesures extrêmement cruelles.
Sans appui ni amis Ingeborg devient l'ombre d'elle-même, son cerveau ne pourra supporter l'absence d'amour et se déconnectera tout simplement de la réalité en glissant dans un monde qui n'appartiendra plus qu'à elle.
Quinze ans plus tard son fils Eric, joué par le même acteur que le père c'est-à-dire Aron Lindgren dont c'est le seul film, reviendra voir sa mère. Je vous laisse découvrir la fin.

On est bien sûr très ému par la tragique descente vers la misère de cette pauvre femme mais on se pose quand même quelques questions. Peut-être que je réfléchis trop mais je me demande comment se fait-il que le fils ainé ne revienne que quinze ans plus tard s'il avait gardé un tel souvenir de sa mère ? Et s'il a été capable de s'engager sur un navire il me semble qu'il aurait pu passer avant, non ?

Il est difficile de se rendre compte de la valeur la monnaie locale de l'époque. Le comité chargé d'évaluer les cas propose à Ingeborg 20 couronnes par mois pour vivre. Craignant que ses enfants ne deviennent des mendiants elle refuse l'offre et préfère travailler à l'hospice. Savait-elle qu'elle perdrait ses enfants ?
On nous dit aussi via un rapport médical qu'elle est incapable de travailler à cause d'un ulcère à l'estomac. Visiblement ce n'est pas une raison valable pour ne rien faire à l'hospice ... D'ailleurs on se demande aussi de quoi vivait la famille avant d'ouvrir l'épicerie ?
Je pinaille certainement mais ces éléments m’empêchent d'adhérer complétement à l'histoire par ailleurs bien montée et percutante. En ce sens le but est atteint !

Hilda Borgström a aussi tourné dans Körkarlen du même Victor Sjöström. Elle a une jolie carrière cinématographique qui court de 1912 à 1949 et qui se compose d'environ 80 films.

On trouve ce film sur le net, chez Grapevine Video et aussi chez Kino.

 70 minutes environ

Hilda Borgström ...
Ingeborg Holm
Aron Lindgren ...
Sven Holm, Older Eric Holm
Erik Lindholm ...
Employee in Shop
Georg Grönroos ...
Poorhouse Superintendant
William Larsson ...
Police Officer
Richard Lund ...
Doctor
Carl Barcklind ...
House Doctor

mercredi 17 septembre 2014

Die Verrufenen - Gerhard Lamprecht - 1925

Robert Kramer sort de prison. Il monte dans un fiacre qui l'emmène vers la maison où vit son père tandis que Gustav, l'un de ses ex copains de taule, le raille pour sa profession d'ingénieur qui ne lui apporte rien de plus qu'à lui qui n'a pas fait d'études. 
Devant la porte de l'appartement, la bonne met le verrou à sa vue et court prévenir le père qui s'occupe de sa collection de timbres qu'il range soigneusement avant de se rendre à l'entrée pour annoncer à son fils qu'il n'existe plus pour lui. Dans un mouvement de révolte Robert fait sortir la chaine de sécurité de ses gonds et pénètre dans l'appartement. Après un long échange de regards, il rassure son père en lui disant qu'il ne le reverra pas.
Plus tard il se rend chez sa fiancée et demande un rendez vous à sa mère. Celle-ci est soulagée de lui présenter son beau-fils, ne sachant pas comment lui annoncer que sa fille s'est mariée durant son séjour sous les verrous.
Robert cherche du travail, il erre à travers la ville, chacune de ses prises de contact se solde par une réponse négative. Désespéré Robert finit à la soupe populaire où il trouve gite et couvert. Dans le dortoir un homme lui demande s'il sait coudre et l'emmène le lendemain chez un chiffonnier qui lui jette une veste à repriser. Robert demande à être payé après une journée de travail mais se rend compte que l'employeur n'a que du schnaps à lui offrir en échange de son labeur ce qui ne semble pas gêner son compagnon d'infortune. Celui-ci l'emmène dans une gargote ou des amis fêtent un anniversaire. Désespéré à la vue de tous les consommateurs minables qui glandent dans la salle, Robert se lève et s'en va. Il tente alors de se suicider mais une jeune femme qui fait le trottoir l'en empêche. Emma, c'est son nom, lui offre un repas puis l'emmène chez elle où il peut dormir enfin. Robert ne conçoit pas de vivre sans travailler et souhaiterait avoir une machine à coudre pour remonter la pente. Son copain Gustav dérobe l'objet de son désir chez les chiffonniers qui ont été arrêtés par la police et Robert se lance dans la production de sacs de jute qu'Emma l'aide à vendre.



Un film mi doux mi amer, surtout triste dans le fond. Le spectateur se trouve à la fois au coeur de la vie de ces déshérités tout en gardant un pied à l'extérieur. Le cinquième état est le nom donné à ce monde parallèle dans lequel vivent les déshérités. Grâce à ce film tourné par le réalisateur engagé Gerhard Lamprecht vous pouvez vous plonger dans les quartiers pauvres de Berlin des années 20, ses bars, ses rues, ses habitants et leur manière de vivre.

Chacun développe à sa manière une façon de contrer le sort et de lutter contre la misère, certains boivent, d'autres se laissent aller ou cherchent à se tuer, les uns se foutent de tout et sont prêts à narguer la loi, quelques uns sont malins et débrouillards, ils s'en sortent plutôt bien, d'autres triment comme des fous et s'usent dans des travaux de misère. La palette des réactions est vaste et couvre une panoplie de comportements, la violence ou la douceur, la révolte ou l'abattement, l'action ou l'oisiveté, etc...
Parmi tous les protagonistes certains trouvent la force de s'intéresser aux autres, d'autres ne peuvent s'occuper d'autrui. Seuls les enfants semblent vivre dans un monde parallèle, une autre planète où il est encore possible de jouer, d'inventer et de rêver malgré le décors misérable dans lequel ils vivent.
On ne sait pas grand chose du crime que Kramer a commis et on apprendra qu'il a été condamné pour parjure (Meineid), "quelquefois on commet de tels actes pour rester honnête avec soi-même" sera la seule explication donnée au photographe qui deviendra son ami.

Il faut avouer que Bernhard Goetzke est intriguant, son visage est comme taillé dans la pierre, ses expressions se résument à somme toute peu de choses, mais il suffit d'une mâchoire serrée, d'yeux baissés, d'un froncement de sourcil ou d'un regard lancé par dessous pour qu'on imagine un être sous tension prêt à exploser ou à la merci d'émotions qui semblent jaillir des profondeurs de son être.
Comme sa personne semble rigide et que son visage est plutôt dur, Robert Kramer ne semble pas enclin au désespoir. Il subit les velléités de la vie de façon plutôt stoïque. On comprend que sous la dureté se cache un réel désespoir lorsqu'il tente de se suicider. Il n'y a aucune forme de pathos dans ce film.
Il connaitra trois femmes très typées : La riche et ambiguë Gerda, Emma la fille de joie au coeur gros comme une maison et Regine, la soeur de son employeur qui lui permettra de retrouver sa dignité et le cours d'une vie proche de ses aspirations.

On notera de nombreuses scènes symboliques, les enfants qui jouent devant l'enseigne du croque mort, l'ouverture des rideaux sur un jour nouveau après la nuit de la confession de Robert à son nouvel employeur, la machine à coudre ou l'art de la photographie qui permettent un nouveau départ, ou très marquantes comme le face à face du père et du fils à travers la porte presque fermée de l'appartement familial jusqu'à ce que le fils baisse les yeux sous le regard dur de son père, et les fondus enchainés entre les deux mondes qui se côtoient mais qui sont si diamétralement différents, sont les scènes qui me viennent en tête.

L'accompagnement musical de Donald Sosin est juste parfait de sensibilité. On trouve ce film avec Die Unehelichen aux éditions
Film Museum

100 minutes environ

Titres français : Les déshérités de la vie ou le 5ème état

Aud Egede-Nissen ...
Emma
Bernhard Goetzke ...
Robert Kramer
Mady Christians ...
Regine Lossen
Arthur Bergen ...
Gustav
Frigga Braut ...
Waschfrau
Georg John ...
Waschfraus Mann
Eduard Rothauser ...
Rottmann
Frida Richard ...
Frau Heinicke
Paul Bildt ...
Herr Kramer
Hildegard Imhof ...
Gerda



samedi 13 septembre 2014

Shen Nu (The Goddess) - Yonggang Wu - 1934


A  Shanghai une jeune femme couche son petit garçon qu'elle confie à sa voisine avant de partir faire le trottoir dans les rues durant la nuit. Le lendemain matin elle revient exténuée pour s'occuper de son enfant, la lumière de sa vie. Ainsi se poursuivent les jours et les nuits mais un soir une descente de police la fait fuir. Elle se réfugie dans une ruelle sombre et pénètre dans une pièce où un homme se trouve.
Profitant de la situation une fois le policier parti, l'homme qui se fait appeler le Boss rappelle à la jeune femme sa dette et en profite pour passer la nuit avec elle.
Plus tard il la suit avec ses deux amis et découvre la chambre dans laquelle elle vit, il devient alors le proxénète de la pauvre femme qui ne peut plus s'en débarrasser. Tout l'argent qu'elle rapporte est immédiatement ponctionné par le gros homme qui le joue sans scrupule durant la nuit. 
La jeune femme finit par déménager secrètement mais le maquereau retrouve sa trace et continue à profiter de la pauvre fille.
Petit à petit la jeune femme réussit à économiser quelques billets qu'elle cache derrière une brique mal scellée. Le temps passe. Voyant son fils brimé par les enfants du quartier, la brave femme décide d’inscrire son fils à l'école. Le petit garçon est constamment la cible des autres enfants et les parents écrivent au directeur pour dénoncer les activités nocturnes de sa mère.
Le directeur se rend chez la femme qui lui avoue ses activités. Mais son plaidoyer pour le convaincre de sa bonne fois pour donner une vie décente à son fils touche le directeur qui lui promet de garder l'enfant.
Malheureusement le conseil de l'école en décide autrement et l'enfant est expulsé de l'école. La jeune femme décide alors de recommencer une nouvelle vie et découvre que ses économies ont été dérobées par le proxénète. Elle se rend alors le retrouver et, comme il lui avoue avoir tout dépensé, elle le tue d'un coup de bouteille sur la tête ...



Un film muet chinois tourné tardivement, peu de temps avant le suicide de l'héroïne à l'âge de 24 ans, la sublime Lingyu Ruan, une jeune femme belle comme le jour d'un naturel confondant.
L'histoire est d'une grande simplicité, jamais le temps ne parait long tant on est absorbé par les images et tant Lingyu Ruan est fascinante dans ce rôle dual d'arpenteuse de bitume de nuit et mère aimante de jour.
On ne saura pas ce qui l'aura poussée à se prostituer, son passé n'est pas évoqué. Le spectateur n'a aucun doute sur le fait qu'elle aime son enfant de toute son âme et son coeur et pour cela elle est prête à faire de nombreux sacrifices, que ce soit sa manière de gagner de l'argent ou le fait de supporter le boss, un gros homme qui sourit de façon inquiétante sans pour autant se montrer particulièrement violent, si ce n'est une fois lorsqu'il serre le bras de la jeune femme d'une poigne de fer.
Le petit garçon représente l'innocence, il ne comprend pas pourquoi les autres mères rappellent leurs enfants en leur disant qu'il n'est pas d'une bonne famille. Lorsqu'elle se retrouve avec son fils, la jeune femme redevient pure et innocente elle-même ce qui ne peut que vous bouleverser. Tous les deux créent un monde d'amour et de partages, loin des vicissitudes de la vie et des autres qui les mettent à l’écart.
Une très jolie image met en parallèle le bercement du petit garçon et le balancier d'une horloge.

C'est un film courageux, un plaidoyer pour la tolérance. Le directeur représente un homme juste et bon, il saura trouver les mots et aura le courage de suivre ses convictions jusqu'au bout. Un film magnifique porté par cette superbe actrice qu'est Lingyu Ruan !

Le titre chinois a une double signification : déesse de la protection et prostituée en argot mandarin.

Lingyu Ruan a tourné 16 films entre 1927 et 1935, à ce jour seuls 8 d'entre eux semblent avoir été retrouvés.

Le Shanghai des années 30 était bien sombre, coolies, gangsters et syndicalistes s'y côtoyaient.
En 1934 la Chine est en pleine guerre civile depuis 1927, le Kuomintang (KMT, parti nationaliste) de Sun Yat-sen puis après sa mort de Chang Kaï-chek est opposé dans un conflit armé au Parti communiste chinois (PCC). La fin du conflit aura lieu 15 ans plus tard en 1949, avec la proclamation de la République populaire de Chine de Mao Tsé-Tung et de la "République de Chine" à Taïwan (toujours par reconnue par la Rep Pop de Chine et de nombreux autres pays si je ne m'abuse pas).


On trouve ce film dans un livret édité par Hong Kong University Press en 2005 (il a été réédité plusieurs fois depuis cette date), il s'intitule "Ruan Ling-Yu the Goddess of Shanghai" et il est écrit par un passionné de cinéma muet chinois et un admirateur de Lingyu Ruan, Richard J. Meyer.

Titre français : La divine

73 minutes

Lingyu Ruan, Tian Jian, Zhizhi Zhang




mercredi 10 septembre 2014

Die Unehelichen - Gerhard Lamprecht - 1926


 

A Berlin dans une luxueuse propriété, un attelage de chèvres et un valet en livrée attendent  le conducteur, un jeune garçon qui va bientôt chercher sa soeur pour l'emmener faire un tour. Lorsque la petite fille indique que sa chaussure n'est pas fermée le valet se penche pour l'aider. De l'autre côté de la barrière deux enfants, Peter et Lotte les regardent et Peter se baissent pour aider à lacer les chaussures de la petite fille qu'il emmène à la foire. Pour lui permettre de faire un tour sur un manège et ainsi lui faire plaisir il n'hésite pas à prendre la place de l'homme qui fait tourner l' axe central.
Plus tard tous deux ramassent des fleurs et de l'herbe qu'ils ont l'intention de rapporter à leur lapin.
De retour dans le logis misérable qu'ils habitent les deux enfants sont reçus par leurs tuteurs, un couple qui vit dans la précarité tout en ayant la garde de 3 enfants illégitimes, Peter et Lotte mais aussi Frieda, la plus jeune.
L'homme, Zielke, cuve son vin sur le lit tandis que les 3 enfants s'occupent du lapin qu'ils aiment de tout leur coeur. Lorsque l'ivrogne revient à lui il s'en prend à Peter qui n'a pas rapporté d'argent et lui donne une correction.
 Le lendemain Peter rencontre un vieux copain, Paul, qui a élaboré une technique pour se faire un peu de monnaie. A l'aide d'une cuillère placée sur un long bâton il va à la pêche aux piécettes tombées dans les soupiraux. Il donne un Pfennig à Peter et l'emmène dans une maison de jeux où il multiplie sa mise alors que Peter, peu habile perd son Pfennig. Cependant il voit un billet tombé de la jarretière d'une femme et s'en empare.
A la maison Zielke lui demande à nouveau combien il a gagné et Peter lui donne 1,5 Mark mais l'affreux type se doute qu'il a davantage et se jette sur le pauvre garçon qui s'occupait gentiment du lapin et trouve encore 50 Pfennig.
Devenu furieux, Zielke frappe sans retenue Peter après avoir jeté par la fenêtre la cage qui s'écrase en tuant net le pauvre animal. Les Martens, un couple de voisins, frappent alors à la porte et menacent d'appeler la police et de dénoncer les sévices infligés par Zielke.
Après avoir enterré avec amour le lapin sous la pluie les deux enfants sont trempés et n'osent retourner à la maison. Ils trouvent refuge chez les Martens. Monsieur est tailleur et fait essayer une robe à une cliente, Madame Berndt. Celle-ci voit que Lotte a de la fièvre et Madame Martens ramène la petite fille en conseillant à Madame Zielke d'appeler un médecin mais celle-ci n'en fait qu'à sa tête. Après cinq jours le docteur ne peut que constater qu'il est trop tard et la petite Lotte meurt en laissant un Peter désespéré.
 La maman biologique de Lotte est inconsolable, elle avait placé sa fille pour obtenir un travail de domestique qui ne lui aurait pas permis de garder sa petite fille. Madame Zielke se montre odieuse à son égard.
Le certificat de décès doit être apporté aux autorités et Peter raie la mention "morte d'une pneumonie" qu'il remplace par "morte de faim" avant de la remettre à l'officier. Celui-ci est tout retourné et en réfère à son supérieur tandis que Peter pris de frayeur s'enfuit en courant. Alors qu'il traverse une route sans regarder un véhicule le renverse et il est envoyé à l'hôpital.
Une enquête est menée et un policier vient chercher Frieda qu'il emmène gentiment au poste de police où ses collègues sont tous aux petits soins pour la petite fille....



Difficile de résumer le scénario de ce film émouvant riche en détails peaufinés dont les images sont parfaitement maitrisées. Il s'agit là d'un témoignage sur les conditions de vie difficiles que menaient les gens défavorisés à cette époque. Bien sûr il y a toujours eu des gens chaleureux, accueillants et aimants, c'est un réconfort, de même qu'il y aura toujours des gens durs et impitoyables, cruels et prêts à exploiter les autres.
Dans une scène d'introduction on voit 3 femmes d'une certaine corpulence qui échangent quelques banalités de façon plutôt rude autour d'une table. Lorsque Zielke frappe à la porte comme un forcené les visages des trois femmes se figent avant d'exprimer une grande crainte. Brutalement on revient de quelques dizaines d'années en arrière et on se souvient qu'il n'y a pas si longtemps la femme n'avait pas le statut qu'elle a de nos jours et se soumettait à l'homme qui était maître chez lui, au prix quelquefois de la violence. Le film nous rappelle aussi qu'en ce temps là il n'était pas bien vu du tout d'être une mère célibataire. Le mépris affiché par Madame Zielke est très parlant.
D'un autre côté on se rend compte que dans les années 20 existait (en Allemagne du moins) un réel souci administratif de donner aux enfants illégitimes une éducation correcte et ça fait chaud au coeur.

Plus tard on prendra conscience aussi, lorsque le père de Peter fera son apparition pour réclamer son fils car il est maintenant en âge de travailler pour lui, que la vie n'était pas tendre pour les adultes non plus. Lorsqu'on voit ce père trimer dur dans une vie qui ne fait pas de cadeau on comprend que lui-même s'est endurci à tel point qu'il n'aime rien ni personne. Heuer est incarné par cet excellent acteur qu'est Bernhard Goetzke.
Zielke est désigné comme un ivrogne violent mais sa femme est montrée comme une opportuniste qui n'hésitera pas à faire croire qu'elle aimait Lotte comme sa fille. Dans le fond c'est un personnage tout aussi odieux que son mari.
La bonté, la confiance, la tendresse et l'amour viendra des enfants (très beaux soit dit en passant) entre eux (la petite Lotte demandera à Peter si les anges au ciel ont tous des mamans et meurt avec le sourire en entendant la réponse), ou avec avec le lapin qu'ils chérissent; il viendra aussi des voisins, le tailleur et sa femme, de la gentille cliente Madame Berndt qui méritera d'être appelée maman par Peter, des agents de police qui se montrent aussi d'une gentillesse et d'une douceur confondantes, par les enfants invités à la première fête d'anniversaire de Peter qui accepteront le petit Paul avec une certaine curiosité. On se rassure aussi sur l'avenir de Frieda qui semble être adoptée par un couple de meuniers qui semble très chaleureux.
Quant à l'administration et l'organe de placement ils se montrent à la fois justes et droits. C'est donc bien l'amour et la droiture qui vaincra après de nombreuses péripéties que je ne relaterai pas pour ne pas vous priver du plaisir de regarder ce film très touchant à de nombreux points de vue.

https://www.trigon-film.org/fr/shop/DVD/Die_Verrufenen_%28Der_f%C3%BCnfte_Stand%29___Die_Unehelichen


Edition Filmmuseum 77 – Double DVD
Langue Deutsche Zwischentitel Sous-titres français, english

Musique de Donald Sosin

Titre US : Children of No Importance

 96 minutes

Ralph Ludwig ...
Peter Heuer
Fee Wachsmuth ...
Lotte
Margot Misch ...
Frieda
Fred Grosser
Hermine Sterler ...
Frau Berndt
Bernhard Goetzke ...
Lorenz Heuer
Max Maximilian ...
Zielke
Margarete Kupfer ...
Frau Zielke
Elsa Wagner ...
Frau Martens
Eduard Rothauser ...
Martens, tailor
Lili Schoenborn-Anspach
Paul Bildt ...
Müller
Käthe Haack ...
Müllerin
Hugo Flink
Ernst Behmer ...
Polizei


Titres français (incomplet)

Admirable Crichton (L') Aigle des Mers (L') Ailes Brisées (Les) amant éternel (L') Amour de Jeanne Ney (L') Après la pluie le beau temps Arche de Noé (L') Asphalte Au bout du monde Au Service de la loi Aurore (L') Avalanche (L') Baiser (Le) Barbara fille du désert Bardelys le magnifique Bateau ivre (Le) Belle ténébreuse (La) Bessie à Broadway Bête enchaînée (La) Bon petit diable (Le) Bru (La) C'est la Vie Caravane vers l'ouest Casaque verte (La) Ce n'est qu'un au revoir Cendres de vengeance Chanson païenne Chapeau de New York (Le) Charrette fantôme (La) Chasseurs de baleines (Les) Chasseurs de salut (Les) Club des trois (Le) Coeur de l'humanité (Le) Coeur Fidèle Coeur nous trompe (Le) Coeurs du monde Comte de Monte Cristo (Le) Cottage enchanté (Le) Crainquebille Crépuscule de Gloire Cuirassé Potemkine (Le) Dame de pique (La) Damnés de l'océan (Les) Dans la tourmente Dans la ville endormie Danse Rouge Dernier avertissement (Le) Dernier des Don Farrel (Le) Dernier des Mohicans (Le) Déshérités de la vie (Les) Désordre et Génie Deux orphelines (Les) Diable au Corps (Le) Divine (La) Dix Commandements (Les) Droit au bonheur (Le) Droit d'aimer (Le) Droit d'asile (Le) Empreinte du passé (L') Enchantement Enigme (L') Ensorceleuse (L') Escaliers de service Et puis ça va Eternel problème (L') Etoiles de la gloire (Les) Etudiant de Prague (Le) Eventail de Lady Windermere (L') Expiation Femme au corbeau (La) Fiancées en folie (Les) Figurant (Le) Fils d'Amiral Fils du Sheik (Le) Fleur d'amour (La) Forfaiture Foule (La) Frères Brigands (Les) Grande Parade (La) Heure suprême (L') Homme aux yeux clairs (L') Homme du large (L') Homme que j'ai tué (L') Homme qui rit (L') Huit jours de bonheur Idylle dans la tourmente (UNe) Île du Salut (l') Illusion perdue (L') Indésirable (L') Infidèle (L') Insoumise (L') Instinct qui veille (L') Interférences Intrépide amoureux (L') Jaguar de la Sierra (Le) Jardin du plaisir (Le) Jardinier (Le) Jeune Rajah (Le) Jim le Harponneur Journal d'une fille perdue (Le) Justicier (Le) Lâche (Un) Larmes de clown Lettre écarlate (La) Lien brisé (Le) Loi des montagnes (La) Loulou Lys brisé (Le) Maître à bord (Le) Mariage mouvementé (Un) Mauvaise brebis (La) Mécano de la Général (Le) Monte là-d'ssus Moran du Lady Letty Mystérieux X (Le) Nuits de Chicago (Les) Oiseau noir (L') Opérateur (L') Page folle (Une) Palais de la chaussure Pinkus (Le) Parias de la vie Patrie (Sa) Père Serge (Le) Phalène Blanche (La) Piste de 98 (La) Portes de l'enfer (Les) Quatre Fils (Les) Rail (Le) Rançon d'un trône (La) Rapaces (Les) Rédemption de Rio Jim (La) Repentir (Le) Réprouvé (Le) Réquisitoire Révélation Révoltés (Les) Riche famille (Une) Rictus de Satan (Le) Ris donc paillasse Rose blanche (La) Roue de la Fortune (La) Routes en croix Rue des rêves (La) Rue sans joie (La) Sa majesté la femme Satan Secrétaire particulière (La) Secrets Serment de Rio Jim (Le) Sexes enchaînés Signal de feu (Le) Sirène du Pacifique (La) Soif de vivre (La) Solitude Sorcellerie à travers les âges (La) Sportif par Amour Tais-toi mon coeur Talisman de Grand-mère (le) Tempête Tentatrice (La) Tigresse royale (la) Tombeau des amants (Le) Tricheuse Trois âges (Les) Trois lumières (Les) Veilleur de rail (Le) Vengeance de Jim (La) Vierge mariée (La) Vikings (Les) Visages d'enfants Vive la France! Vive le sport! Voleuse (La) Volonté du mort (La)

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