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Ce blog se propose de faire découvrir quelques films muets
moins connus depuis les débuts du cinéma jusqu'en 1930 environ (à ce jour plus de 1'000 films, serials et shorts ...) ainsi que quelques films sonores. Le but était de lister 1'000 films incluant un descriptif ainsi qu'un commentaire écrit sans prétention. C'est chose faite depuis la fin janvier 2022 !

Déclencheur de ce blog, le premier message daté du 09.06.2010 :
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mercredi 28 octobre 2015

La maison du Mystère (The House of Mystery) - Alexandre Volkoff - 1921 à 1922 (serial)




1. Aux Basses Bruyères, habite Julien Villandrit, le propriétaire de l'usine du même nom qu'il dirige en compagnie de son ami d'enfance, Henri Corradin.
Non loin, dans un cottage nommé la Volière, vivent le Général et Madame de Bettigny, ainsi que leur fille Régine.
Julien ne cache pas sa joie lorsque Régine accepte de devenir sa femme avec l'accord de ses parents. Il confie son bonheur à Corradin qui est fou de jalousie car il avait l'intention d'épouser lui-même la jeune fille. Dès lors il n'aura cesse de se venger.
Le bonheur des amoureux est l'un des sujet favoris d'un photographe amateur et ouvrier de l'usine, Rudeberg. Celui-ci a épousé une jeune fille mère qui est décédée en lui laissant son enfant que Rudeberg adore littéralement.
Un ami de la famille de Bettigny, Marjory, passe beaucoup de temps auprès de Régine.
Les deux jeunes gens se marient et bientôt leur bonheur est couronné une petite fille. Pendant que Corradin rôde toujours très près du couple, Mr Marjory s'impose auprès de Régine.

Les affaires de l'usine roulent de moins en moins
grâce aux bonnes œuvres de Corradin qui attise la jalousie dans le coeur de Julien en prétendant que Marjory sert sa femme d'un peu trop près. Le vieil homme éponge les dettes de Julien mais celui-ci a bien de la peine à accepter sa présence : il finit par lui interdire de poser le pied chez lui.
2. Lorsque l'usine est sur le point d'être fermée une deuxième fois, Julien monte à Paris dans le but d'essayer de négocier un accord. Pendant ce temps Marjory envoie un mot à Régine qui lui demande de le rejoindre durant l'après-midi. Le petit mot écrit de manière fort tendre est intercepté par l'affreux Corradin qui ne manque pas de le faire tomber sous les yeux de Julien de retour à la maison plus rapidement que prévu grâce aux chèques de Marjory qui sauve l'usine une fois de plus.
Régine est prise d'un mauvais sentiment et revient sur ses pas alors que Julien, suivit discrètement par Corradin, se rue chez Marjory qu'il manque d'étrangler après avoir lu son mot. Celui-ci lui demande de prendre ses valeurs pour sa femme car ses jours sont comptés. Julien est furieux et se méprend sur ses paroles. Sous le coup de l'émotion il retourne d'un pas vif à la maison suivi par le vieil homme qui finit par lui avouer qu'il est le père de Régine tout en priant Julien de lui promettre de ne pas révéler le secret, ce que le jeune homme tout tourneboulé, jure. Cependant le pauvre homme fait une crise cardiaque et Julien part chercher de l'aide en courant, ignorant l'abominable Corradin qui en profite pour assassiner Marjory sous la caméra de Rudeberg, témoin de toute la scène.
3. Rudeberg est bien décidé à faire chanter son patron par amour pour son fils Pascal pendant que Julien,  accusé du crime, s'enfuit non sans avoir clamé son innocence. Régine a confiance en son mari et lui demande de se cacher dans un réservoir désaffecté.
Corradin met le feu à la maison de Rudeberg pensant ainsi se débarrasser des preuves mais Julien le sauve.

4. Corradin  n'a de cesse de récupérer les photos et suit Rudeberg qui lui joue des tours. En revenant des bois l'affreux bonhomme découvre la petite Christiane qui ravitaille son père au dessus du réservoir. Il écrit aussitôt une lettre anonyme dénonçant la cachette du pauvre Julien qui se fait arrêter alors qu'il tente de s'évader avec l'aide de sa femme.
Julien est condamné à 20 ans de travaux forcés et il est envoyé au bagne où il devient respecté. Pendant ce temps l'abominable Corradin, non content de s'être débarrasser de Julien, essaie d'approcher Régine qui reste fidèle à son mari.
7 ans ont passé, Pascal est maintenant devenu un brave garçon qui étudie en ville grâce à l'aide financière de Corradin. La petite Christiane est folle de joie lorsqu'il revient voir le vieux Rudeberg mais par contre elle a beaucoup de peine à accepter que Corradin s'impose à sa mère. Bizarrement l'usine fait de nouveau des bénéfices depuis que Julien est au bagne et Corradin sent renaitre l'espoir de se rapprocher de Régine mais une lettre apportée par un ancien détenu la fait changer d'avis.

5. Régine veut du coup consulter les journaux liés à l'affaire du meurtre de Marjory et découvre un journal criblé de trous que Corradin s'empresse de lui ôter des mains. Lorsqu'elle découvre auprès d'un avocat la lettre anonyme, elle comprend alors que Corradin est un traitre. Dès lors elle n'a de cesse de prouver l'innocence de son mari et se rapproche du vilain homme.
De son côté Julien réussit à s'évader du pénitencier en sautant dans un train avec 4 comparses. Après une course poursuite épique durant laquelle Julien est blessé, ses amis forment une chaine humaine pour lui permettre de traverser un canyon profond. L'un des 5 hommes est tué mais les quatre autres s'enfuient sur un voilier.
Corradin apporte à Régine le journal qui annonce sa mort, arrivée en même temps qu'une demande de divorce. De son coté Rudeberg qui se méfie de Corradin qui ne cesse de vouloir mettre la main sur les photos écrit une lettre dans laquelle il avoue la vérité.

6. Rudeberg se rend dans les ruines du vieux manoir Val Champlieu. Corradin croit le voir et tire sur un étranger qui n'est autre que Julien. Les deux hommes ne le reconnaissent pas sous sa barbe et Rudeberg prend l'étranger sous son aile. Depuis sa maison Julien observe sa femme et sa fille avant que Corradin n'apporte un attelage mené par un âne qu'il offre à la petite fille dans le but de se faire accepter d'elle. Rudeberg lui apprend que Régine s'appelle encore Vallandrit mais qu'elle ne devrait pas tarder à épouser son ennemi.
Sur la route Christine croise l'étranger avec son âne. Elle lui offre son porte-monnaie avant de reconnaitre son père. Tous deux s'embrasse éperdument mais, malgré les supplications de sa fille, Julien s'en va une fois de plus en promettant de revenir. La guerre de 14 vient de débuter : Corradin est responsable de l'usine qui est réquisitionnée, Régine est infirmière, Pascal s'engage dans les troupes tandis que Julien s'engage dans la légion étrangère. Les années passent ...

7.  La guerre est terminée, Corradin ne voit pas pourquoi Régine se refuse encore à lui tandis que Christiane devenue adulte est une belle jeune femme courtisée par Pascal.
Comme elle découvre sa mère devant le portrait de son père Régine lui avoue l'avoir toujours aimé et détester Corradin qui est le vrai meurtrier de Marjory.
De son côté Julien, affamé, trouve du travail comme clown au cirque Bremy Sa première représentation sera aux Basses-Bruyères !

Lorsqu'il découvre dans les gradins sa femme, Corradin, sa fille et Pascal, c'en est trop pour lui, il met fin au numéro de manière abrupte et quitte le cirque, décidé à jouer son va tout en postulant à une place de second contremaitre aux usines textiles de Basses-Bruyères.
Engagé sous le nom de Monsieur Coeurderoit, désormais borgne, boiteux et moustachu, il surprend une conversation entre Corradin et Rudeberg.
S'il se fait reconnaitre de sa fille Christiane, il garde ses distances avec Régine qui croit le reconnaitre après avoir entendu sa voix.





8. Corradin envoie Coeurderoit chercher de l'aide auprès de Madame Vallandrit car il y a un blessé à l'usine. Alors que Régine part secourir le malheureux Christine fait entrer son père dans la pièce où les deux femmes se recueillent face à son portrait. Julien est bouleversé de se retrouver dans la chambre et enlève son déguisement. Sa femme survient alors et se jette dans ses bras mais Julien la repousse car il pense qu'elle l'a trahi. Après quelques explications les deux époux tombent dans les bras l'un de l'autre.
 Plus tard Christiane et Régine partent pour la
Côte d'Azur, suivies par Julien. Tous trois tentent de mettre au point un moyen de prouver que Corradin est le vrai coupable du crime de Marjory.
Malheureusement Corradin décide de les rejoindre et surprend Julien que les femmes essaient de cacher. Une bagarre terrible s'ensuit, Julien tombe d'une falaise et sera laissé pour mort sous les yeux horrifiés des deux femmes. Fier de lui Corradin reprend sa voiture tandis que des passants viennent en aide à Julien qu'ils tirent hors de sa dangereuse position à l'aide d'une longue corde.








9. Corradin sûr de lui humilie Régine puis, voyant que la pauvre femme est prête à l'épouser afin qu'il n'écrive pas au Procureur de la République que Julien est toujours en vie, il décide de la faire chanter en épousant Christiane. Celle-ci, désespérée mais décidée à sauver son père, finit par annoncer à son bien-aimé Pascal qu'elle va épouser l'affreux bonhomme.

Rudeberg pense avoir son mot à dire et s'interpose en proposant à Corradin les photos incriminantes si il renonce au mariage. L'affreux manipulateur accepte mais suit le vieil homme qui se rend dans les ruines du vieux manoir Val Champlieu où il prend une échelle pour récupérer les négatifs. Corradin surgit alors et le menace d'un revolver avant de faire basculer l'échelle dans le vide.
Rudeberg est grièvement blessé mais un homme qui passait le ramène chez lui en compagnie de bergers. Corradin quant à lui revit enfin en détruisant les documents mais pâli lorsqu'il réalise soudain qu'il manque la lettre d'aveu qu'il avait écrite à Rudeberg.
Rudeberg est paralysé et ne peut parler. Son sauveteur qui n'est autre que Julien le veille avec Régine et Christiane tandis que Pascal court à la pharmacie. En le faisant cligner des yeux, les trois Vallandrit apprennent que Corradin est coupable du crime de Marjory.  Comme ils n'ont aucune preuve, tous trois décident de s'enfuir pendant que les préparatifs de la noce prévues pour le lendemain vont bon train. Mais Corradin vient rendre visite à Rudeberg et tente de le faire parler avant d'essayer de l'étrangler.



10. Les deux femmes sont prêtes à s'enfuir et attendent le signal de Julien. Mais l'odieux Corradin veille et s'empare de la voiture dans laquelle Régine et Christiane sont montées, croyant Julien au volant.

Pendant ce temps Pascal quitte son père et Rudeberg comprend que la seule chance de bonheur du jeune homme est sa propre mort. Il se jette sur des tessons de verre, sachant que sa lettre à l'attention de Régine ainsi que les aveux de Corradin seront ainsi remis à Madame Villandrit.

Au bord du désespoir après avoir découvert que sa seule chance d'être innocenté vient de disparaitre, Julien est sur le point de se rendre aux autorités. Christiane comprend que Pascal est prêt à mourir plutôt que de renoncer à son amour. Après avoir écrit une lettre à ses parents elle rejoint l'homme de sa vie et tous deux se jettent dans l'eau du moulin. Julien qui a accouru après avoir lu la lettre se jette à l'eau et sauve sa fille tandis que des hommes retirent Pascal de l'eau.




Corradin comprend qu'il faut jouer son va-tout lorsqu'il découvre que Rudeberg s'est tué. Il harangue la foule qui s'est rassemblée devant la maison du pauvre homme et tout le monde se précipite pour arrêter Julien. 
Mais celui-ci a en mains la lettre écrite par Rudeberg remise par le notaire à sa femme ....






Bientôt les portes vont se refermer ...

Le mariage est lui-même composé de scènettes poétiques de toute beauté, silhouettes d'ombres et de lumière. Les images sont superbes, la qualité de l'image aussi, le tempo est juste parfait et l'histoire est palpitante. la scène du procès du 4e épisode est un vrai bijou de finesse. Julien regarde Régine pendant que le procureur fait sa plaidoirie, tous deux échangent des regards emplis d'amour. Régine fait signe à Julien de remettre sa cravate et de se redresser, ce qui donne un semblant de courage à Julien qui s'effondre lorsque la condamnation tombe.
La course poursuite de l'épisode 5 est complètement haletante. Les gardiens poursuivent le train à pieds, puis à cheval, puis en voiture, toute la scène dure une bonne quinzaine de minutes durant lesquelles on reste scotchés devant l'écran. Le pont humain est émouvant et très original.
Le 6 se compose d'images très tendres des retrouvailles de Julien avec sa fille.  
Le 8e comporte une bagarre absolument incroyable d'une rare violence et termine avec cette image hautement symbolique de Julien dans la lumière à l'entrée d'un tunnel disant au revoir à ses bien aimées.

Le tout est un bijou d'amour et d'humanité aux images extrêmement soignées. La restauration est magnifique, ne vous fiez pas aux captures d'écran qui ne rendent pas justice au film.
Les protagonistes sont superbes, Charles Vanel est haïssable dès les premières minutes (Le spectateur a envie de le dénoncer dès le début) et Rudeberg a un rôle très complexe et pivot dans l'histoire. Il y a des échanges de regards de toute beauté durant toute l'action.
La fin est très sobre, comme si toutes ces années d'infortune désormais terminées n'avaient somme toute pas tant d'importance On verra ainsi Corradin emprisonné après ses aveux extirpés grâce à une feinte de Julien et c'est tout. La vengeance n'est pas nécessaire lorsque l'esprit est élevé !


Difficile de ne pas se laisser entrainer dans cette histoire qui vous tient tout de suite à cœur, à tel point que j'ai retardé la vision du dernier chapitre en anticipant le plaisir à le voir pendant quelques jours. Je n'ai pas été déçue, l'histoire m'a tenue en haleine durant tous les épisodes.


Un vrai bonheur que ce "cinéroman" (serial) en français, avec sous-titres anglais !

D'après un roman de Jules Mary.

Musique de Neil Brand

Tiré d'une copie Blackhawk et édité par Flicker Alley.

383 minutes

Episodes :

1 : L'ami Félon (The Treacherous Friend) - 52 minutes
2.- Le secret de L'étang (The Secret of the Pond) - 29 minutes
3.- L'Ambition au service de la haine (Ambition in Service of Hate) - 34 minutes
4.- L'Implacable verdict (The Implacable Verdict) - 41 minutes
 5.- Le Pont vivant (The Human Bridge) - 32 minutes
6.- La Voix du sang (The Voice of Blood) - 24 minutes
7.- Les Caprices du destin (The Whims of Fate) - 45 minutes
8.- En Champ clos (No Way Out) - 43 minutes
9.- Les Angoisses de Corradin (The Anguich of Corradin) - 35 minutes
10.- Le Triomphe de L'amour (The Triumph of Love) - 44 minutes

lieux de tournage

Ivan Mozzhukhin ...
Julien Villandrit (as Ivan Mosjoukine)
Charles Vanel ...
Henri Corradin
Hélène Darly ...
Régine de Bettigny
Francine Mussey ...
Christiane

Bartkevitch ...
Marjory
Claude Benedict ...
Général de Bettigny
Gilbert Dacheux ...
Urbain
José Davert
Simone Genevois ...
Christiane enfant
Sylvia Gray ...
Marjorie
Fabien Haziza ...
Pascal enfant
Pierre Hot ...
le remplaçant (substitut)
Nicolas Koline ...
Rudeberg
Nina Raievska ...
Mme de Bettigny
Vladimir Strizhevsky ...
Pascal jeune


mercredi 23 septembre 2015

Kean (Désordre et Génie) - Alexandre Volkoff - 1924



Basé sur une pièce de théâtre en cinq actes et six tableaux d'Alexandre Dumas créée le 31 août 1836 au théâtre des Variétés avec Frédérick Lemaître dans le rôle-titre, Kean est inspiré par la vie du comédien britannique Edmund Kean (1787-1833). Une version révisée a été réalisée par Jean-Paul Sartre en 1953.

D'abord mousse puis simple acteur ambulant, Kean s'éleva au rang le plus illustre des comédiens du Royaume-Uni. Magnifique interprète shakespearien, il est considéré comme l'un des plus grands artistes de tous les temps. En 1830, alors au sommet de sa gloire il était l'idole du public qui lui pardonnait ses excentricités à cause de son talent.
Le théâtre de Drury-Lane était rempli jusqu'aux dernières stalles des galeries chaque fois que son nom figurait sur une affiche.
Ce soir là ne faisait pas exception, de nombreuses personnalités se trouvaient dans leurs boxes particuliers. Le Prince de Galles, l'Ambassadeur du Danemark, le Comte de Koefeld et sa délicieuse femme vénitienne, Elena sont là. Non loin de leur loge se trouve la jeune Anna Danby et son tuteur. La pauvre fille est convoitée par Lord Mewill qui compte demander sa main prochainement.

Salomon, le souffleur est pour Kean le plus dévoué des amis et se tient prêt à souffler ses répliques à l'acteur en cas de besoin. Au théâtre ce soir, Romeo et Juliette. Alors sous le balcon de Juliette, le regard d'Edmund est captivé par la belle Elena assise dans une loge non loin, et la jeune femme ne semble pas insensible à son charme et lui retourne ses regards. Après le dernier acte, Kean salue les spectateurs et adresse un salut à Elena qui acquiesce d'un mouvement de tête.
Après la représentation, le Prince de Galles félicite Kean qui a bien de la peine à se concentrer tant il garde l'image de la belle italienne profondément enfouie dans son cœur. Toutefois leur différence sociale se dresse comme un obstacle insurmontable à ses yeux.

Un jour plus tard, des créanciers sonnent à la porte de Kean. Salomon et Edmund se déguisent et réussissent à leur échapper après leur avoir fait croire qu'un tigre se trouve dans leur maison.
Au parc Monceau Elena et le Prince de Galles font un tour à cheval.  Elena ne reconnait pas Kean dans son costume de marin. Lorsque le Prince lui dévoile son identité et elle revient sur ses pas pour lui demander "Pourquoi ce déguisement", ce à quoi il répond "pour m'évader de moi-même, Madame". Elle sourit, et adresse quelques mots au Prince avant de s'en aller. Devant le regard interrogateur de Kean, le Prince lui rapporte que la Comtesse le trouve beaucoup mieux en Roméo.

A la taverne le "Trou à Charbon", Kean toujours déguisé en marin noie son chagrin et passe la nuit à danser et à boire.
Au petit matin des saltimbanques donnent une représentation non loin du pub qui s'éveille. Kean reconnait de vieux amis avec lesquels il a jadis travaillé. Malheureusement le vieux Bob rate une marche en voulant venir saluer son vieil ami. Assommé il se trouve au sol et un attroupement se forme autour de lui. Une calèche tente de forcer la route et Kean reconnait à son bord la Comtesse qui s'agenouille à ses cotés avant de lui donner son châle afin qu'il puisse panser la tête du vieux Bob. Transporté par la joie, Kean promet alors de jouer quelques jours plus tard Hamlet au bénéfice du blessé.

De son côté Anna Danby ne veut pas épouser l'affreux Lord Mewill et celui-ci en est très offusqué. Il suit la jeune femme qui se rend chez Kean car elle souhaite embrasser la carrière d'actrice et voudrait quelques conseils. Lord Mewill, scandalisé de voir une jeune femme se rendre sans chaperon chez un acteur qui plus est, distille sa vengeance et propage des bruits sulfureux au thé donné par la Comtesse ...


Je m'arrête ici, à peu près au milieu du film, pour ménager la suite qui est encore bien longue.

Le début est un peu long à se mettre en place, Roméo et Juliette n'en finit pas. Ensuite il y a encore quelques longueurs, telle la scène au Trou à charbon, pourtant essentielle à la compréhension de l'homme, qui nous montre Kean danser et boire peut-être un peu trop longtemps.
Le personnage est tellement entier que les scènes de théâtre se mélangent à celles de la vie. L'homme mourra comme un acteur, mais l'acteur mourra comme un homme à la fin.
Les images sont superbes.

Ce film terriblement romantique (je n'ai pas pu m'empêcher de penser au "Joueur" de Dostoïevski) repose beaucoup sur Ivan Mosjoukine qui reste fascinant du début à la fin. Nathalie Lissenko dans le rôle de la Comtesse Elena est très ambiguë. On n'arrive pas à cerner si elle aime Kean ou bien si elle se joue de son amour. La fin tendrait à prouver qu'elle éprouvait pour lui quelques sentiments.
Il faut un moment au spectateur pour comprendre quel amour immense et dévastateur habite Kean. Du coup son personnage devient terriblement attachant. (Je crois que j'en pince sérieusement pour cet acteur !)
Nicolas Koline est excellent dans le rôle de Salomon. Il apporte beaucoup au film, de l'humour mais aussi de l'émotion.

Une scène bouleversante qui dure environ deux minutes, Nicolas Koline ouvre la scène avec son regard soudain sérieux : Après avoir offert les fleurs à Elena, Salomon revient auprès de Kean et, après quelques hésitations, lui relate le moment. Le visage de Ivan Mosjoukine reflète avec une grande sobriété mais avec une finesse remarquable les émotions qui le traversent. J'en suis encore toute retournée. 

Le moment clé du film se passe lors de la représentation d'Hamlet. Soudain captivé par la Comtesse Elena, Kean perd tous ses moyens, sa jalousie explose en voyant la femme qu'il aime de toute son âme rire et parler à son mari durant la représentation. Le silence dans sa tête devient alors presque criant, les oreilles bourdonnent et les battements de cœur cessent. Je me suis retrouvée dans sa peau pendant quelques secondes.
 
Même si le film est un peu trop long, l'histoire est belle et touchant car Ivan Molsjoukine incarne avec panache un homme passionné et sincère capable de l'amour le plus grand. Difficile de rester insensible face à ses tourments. Peu d'humains sont doués d'un tel don, je parle de l'amour qui dévore et brûle, celui qui peut vous tuer s'il n'est pas partagé.

 La scène de la mort de Kean est considérée à juste titre comme l'une des plus longues (sinon la plus longue ?) mort filmée du cinéma. En effet, elle n'en finit pas et dure près de 20 minutes !

Musique (morceaux célèbres) composée et adaptée par Robert Israel. Magnifique édition chez Flicker Allee.

136 minutes


Ivan Mozzhukhin ...
Edmund Kean (as Ivan Mosjoukine)
Nathalie Lissenko ...
La comtesse Elena de Koefeld
Pauline Po ...
Ophélie / Juliette
Otto Detlefsen ...
Prince of Wales
Mary Odette ...
Anna Danby
Kenelm Foss ...
Lord Mewill
Nicolas Koline ...
Solomon - le souffleur
Georges Deneubourg ...
Comte de Koefeld (as G. Deneubourg)
Albert Bras ...
Le constable


mercredi 12 août 2015

Le brasier ardent - Ivan Mozzhukhin - 1923



A Paris. Dans son sommeil une jeune femme fait un cauchemar terrible. Un homme est brûlé sur un bûcher et l'attire inexorablement en lui tirant les cheveux. Elle finit par s'enfuir, rencontre un mendiant et se réfugie dans une immense salle où se trouvent de nombreuses femmes qui rampent en direction de l'homme qui l'a suivie mais qui se trouve maintenant en habit de soirée. Un évêque lui apportera la paix, puis un autre mendiant à qui elle donnera sa bague et ses bijoux se tuera pour elle.Tous les hommes ont le même regard et le visage de l'homme du brasier.
En sueur elle se réveille et réalise que l'homme du cauchemar se trouve être le visage imprimé sur son livre de chevet qui conte les aventures d'un célèbre détective nommé Z passé maitre dans l'art du déguisement. Ainsi peut-on le voir en ecclésiastique ou en mendiant ...
La jeune femme sourit. Choyée par son mari tous ses désirs sont comblés aussi rien ne devrait lui manquer. Après le petit déjeuner et la visite de ses chiens chéris, elle sort quelques négatifs d'une boîte et se remémore sa rencontre avec son époux.
En ce temps, au cours d'une bagarre alors qu'elle se trouvait sur une barque, l'homme qui l'accompagnait se mit à la battre et elle tomba à l'eau. Un touriste sud américain de passage la ramena sur le rivage. Sa vie prit dès ce jour un nouveau tournant car l'homme qui devint son mari était très fortuné.
Pendant qu'elle se pomponne toujours dans son lit son mari range soigneusement dans une serviette leur acte de mariage ainsi que l'acte de vente d'une propriété qu'il vient d'acquérir pour en faire la surprise à sa femme. Celle-ci l'observe grâce à un système ingénieux posé près de son lit.
Lorsqu'elle apprend que son mari souhaite quitter Paris, la femme essaie de le convaincre de rester au moins jusqu'au Derby puis elle quitte la maison.
Le mari, jaloux, la suit mais elle le sème facilement. Le mari se retrouve dans la salle d'attente d'un club d'inventeurs qui se réunissent en secret. Après avoir été propulsé dans des couloirs qui ne mènent nulle part, le pauvre homme est emmené par le maitre d’hôtel qui le conduit dans une pièce où il comprend qu'il se trouve à l'agence trouve-tout, spécialisée dans le département des recherches de femmes perdues. Le directeur fait une présentation de l'agence et le mari va devoir choisir un homme de confiance mais il est bien difficile de d'élire l'un d'eux parmi les hommes qui ont de bien curieux aspects ...




Un film étonnant qui tourne autour d'un trio : Une femme, son mari et un détective. L'histoire s'empare de trois êtres qui démontrent de belles qualités de vie sans affectation, tous sont confondant de naturel et intrinsèquement bons. La passion est sous-jacente et bien présente mais les trois personnages, les hommes en particulier, restent proche d'idéaux moraux très élevés. Leurs vies dépendent et tournent autour de la femme qu'ils aiment tous deux d'un profond amour.

Retrouver la femme implique non seulement de la retrouver en chair et en os mais aussi de conquérir son âme. On ne saura rien de sa vie avant sa rencontre avec son mari.
Les images et le montage ménagent leur lot de surprises. Le spectateur se laisse mener par le bout du nez pour son plus grand plaisir tant l'action est surprenante et les inventions inattendues, ceci d'un bout à l'autre du film. On plonge directement dans le cauchemar qui est particulièrement violent avec des images de flammes et les yeux hypnotiques de Ivan Mozjoukine. C'est assez déroutant.
La scène de l'agence Trouve-Tout est excellente, si le genre de ce film nous échappe encore, on ne peut s’empêcher de trouver la scène très drôle !
Une autre scène amusante nous montre le détective et la femme courant derrière lui pour lui piquer la serviette. Par la suite Ivan Mozjoukine introduira des émotions refoulées qui ne manquent pas de toucher grâce à son visage très expressif et à de nombreux gros plans soigneusement cadrés. A la fois sensible, vulnérable et solide, Ivan Mozjoukine est de plus très séduisant.

Une scène nous montre le couple dans un café de Montmartre. Rien que cette séquence vaut le détour. D'ailleurs le film se regarde aussi pour les scènes tournées dans les rues de Paris et en particulier sur les Champs-Elysées !

Ainsi on le réalisateur réussit-il à nous intéresser, à nous faire rire et à nous émouvoir. Je ne vais pas tout raconter car ce serait dommage de gâcher les surprises qui vous attendent si vous décidez de voir ce film. Le rêve est expliqué scène par scène.
Le mari semble estimer le détective ce qui le montre sous un jour très sympathique. De même la grand-mère révèle-t-elle l'innocence encore enfantine du détective et je me suis prise à souhaiter que les êtres humains puissent parvenir -ou rester- à un tel niveau d'humanité car l'oeuvre cinématographique est tout entière enrobée d'amour et d'humour un peu douloureux.

Ivan Mozjoukine a écrit, réalisé et bien sûr joué dans ce film avant-gardiste qui mêle allégrement tous les genres de l'époque : comédie, drame, mystère, drame conjugal, etc dans une symphonie de symboles et de détails détonants, voire loufoques. Mozjoukine se montre ici sous de nombreux traits différents. Bizarrement le film n'eut aucun succès à sa sortie semble-t-il.

Ivan Mozjoukine et Nathalie Lissenko ont émigrés ensemble vers la France durant la révolution russe comme de nombreux autres personnes et artistes. Ils étaient mari et femme.

J'ai adoré et vous recommande vivement ce film. D'ailleurs pourquoi s'en priver lorsqu'il existe une superbe édition signée Flicker Alley intitulé French Masterworks: Russian Émigrés in Paris 1923-1929 , avec un excellent accompagnement musical de Neil Brand,


Un excellente critique sur DVD Classik


Titre USA (DVD) : The Burning Crucible

108 minutes


Ivan Mozzhukhin ...
Zed - le détective
Nathalie Lissenko ...
Elle
Nicolas Koline ...
Le mari
Camille Bardou ...
Le président du Club
Huguette Delacroix ...
La Grand Mère (as Mme. A. de la Croix)
Franco Zellas ...
(as François Zellas)
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Titres français (incomplet)

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