A Paris deux banquiers font la loi : Gunderman le grand ponte tout puissant et Saccard, directeur de la banque Universelle. Gunderman fait en sorte qu'une augmentation de capital soit refusée à Saccard du coup celui-ci tombe en disgrâce et se retrouve au bord de la faillite. Sa maitresse la baronne Sandorf lui tourne le dos et visiblement il devient persona non grata dans les cercles où il était reçu en grande pompe auparavant.
Mais Saccard a plus d'un tour dans son sac, afin de gonfler le capital de sa banque il fait croire qu'il s'est associé avec Gunderman.
Au restaurant, un bon thermomètre de popularité, il retrouve l'estime de ses concitoyens. A une table non loin se trouvent Jacques et Line Hamelin, un jeune couple qui cherche un sponsor.
Aussitôt Saccard voit en Line une proie facile et le projet de Jacques qui a acquis en Guyane des options sur des terres pétrolifères l'incite à manigancer pour remettre la banque universelle sur pied.
Il décide donc de financer l'ingénieur qui accepte de devenir vice-président de la banque qu'à la condition de pouvoir voler lui-même jusqu'en Guyane pour monter le projet. Saccard accepte au grand dam de Line, une jeune femme quelque peu vénale qui souhaite garder son mari à Paris où il n'aura pas à prendre de risques ...
Le film est porté par Saccard / Pierre Alcover qui se montre tel un prédateur manipulateur, lubrique et diabolique.
Le banquier Gunderman est sans doute encore plus dangereux car son pouvoir est démesuré. Il ne semble pas avoir besoin de se démener pour avoir le pouvoir de vie ou de mort sur ses sujets ce qui est d'autant plus inquiétant.
Pour asseoir son pouvoir, il est montré seul avec deux chiens blancs qu'il garde auprès de lui.
Peu de caractères innocents dans ce film à part le personnage de Jacques Hamelin qui incarne un aventurier porteur de rêve et d'espoir doublé d'un pionnier de l'aviation. Quelques mois auparavant le premier vol transatlantique Paris - Afrique - Amérique du sud a eu lieu en 1927 grâce aux héros de l'aéropostale. On comprend donc l'engouement du public pour ce vol de Hamelin de Paris à la Guyane !
Henry Victor, l'acteur qui incarne Jacques Hamelin, est un homme séduisant qui a une très belle carrière cinématographique jusqu'à sa mort prématurée à l'âge de 52 ans. Vous le connaissez certainement puisqu'il incarne en 1942 le Capitaine Schultz dans To Be or Not to Be de Lübitsch (il est aussi Hercule dans Freaks de Tod Browning tourné en 1932), un rôle qui s'explique facilement car malgré un nationalité britannique, Henry Victor a passé sa jeunesse en Allemagne. On comprend dès lors pourquoi il a incarné tant d'allemands durant sa carrière !
Sa femme interprétée par l'adorable Marie Glory se montre attirée par l'argent et d'une naïveté confondante. Telle une mouche elle se fait prendre dans la toile tissée par le diabolique Saccard. Brigitte Helm est superbe dans le rôle de la Baronne Sandorf, une femme calculatrice et indépendante qui retombe toujours sur ses pattes.
Les scènes tournées à la bourse montrent les spéculateurs tels des insectes grouillant autour d'appâts qui leur paraissent sans doute irrésistibles. Les banques sont les temples de l'argent, les fidèles qui s'y pressent n'ont pas de scrupules à admirer et à lécher les bottes de leur idole gonflée d'importance devant la salle des coffres.
Les décors et les costumes sont soignés, le film est considéré comme l'un des plus beaux fleurons de l'industrie cinématographique française de cette époque.
Bien qu'un peu trop long, l'argent est un film qui n'a pas pris une ride, le thème est toujours d'actualité : la spéculation bat son plein, le mensonge est omniprésent, nous bâtissons sur du vide et dépensons sans compter. Les humains sont désormais des ressources, les communications atteignent un niveau jamais égalé jusqu'ici, la recherche coûte des milliards et pourtant nous ne sommes ni plus intelligents ni plus heureux, les gens sont toujours plus seuls et isolés.
C'est le dernier film muet de Marcel L'Herbier.
Scénario d'après un roman d'Emile Zola.
Il existe une très belle version éditée chez Carlotta en deux CD, dont un de suppléments/bonus. Je viens de réaliser qu'un portofolio de 32 pages devrait être inclus dans le boitier, mais ce n'est pas le cas dans le DVD que j'ai acheté car le portfolio manque :-(
164 minutes
Brigitte Helm | ... |
La baronne Sandorf
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Marie Glory | ... |
Line Hamelin
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Yvette Guilbert | ... |
La Méchain
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Pierre Alcover | ... |
Nicolas Saccard - un banquier véreux
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Alfred Abel | ... |
Alphonse Gundermann - un banquier
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Henry Victor | ... |
Jacques Hamelin
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Pierre Juvenet | ... |
Le baron Defrance
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Antonin Artaud | ... |
Mazaud - le secrétaire de Saccard
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Jules Berry | ... |
Huret - un journaliste
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Raymond Rouleau | ... |
Jantrou
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Marcelle Pradot | ... |
Contesse Aline de Beauvilliers
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Roger Karl | ... |
Un banquier
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Alexandre Mihalesco | ... |
Salomon Massias
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Armand Bour | ... |
Daigremont
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Jean Godard | ... |
Dejoie
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