La Tare - Louis Feuillade - 1911

 

Dans une brasserie, Anna Moulin est serveuse et passe du (bon ?) temps avec les clients. Les hommes ces endroits où ils peuvent faire les coqs auprès de ces filles fatiguées. Un jeune étudiant en médecine, Alphonse Marnier fait partie des fêtards et Anna lui a souvent prêté de l'argent.

Un jour un consommateur d'un autre genre vient s'installer à la petite table d'Anna. Après l'avoir écoutée se plaindre de son travail le docteur Paul Perrin, Officier de la légion d'honneur et fondateur et directeur des oeuvres de bienfaisance du Paradou, lui propose une chance inespérée, changer de vie complétement en travaillant à l'hospice qu'il dirige.

D'abord interloquée Anna accepte et laisse un mot d'adieu à son étudiant en médecine avant de suite le Docteur jusqu'à l'hospice.

Anna prend son rôle très à coeur, bien vite elle est très appréciée des enfants et des malades. Le comité d'inspection loue ses services et elle devient très vite indispensable au Docteur qui la fait travailler comme assistante. Maais le docteur a une santé déficiente et se sent dépérir. Il laisse un testament conseillant de prendre Anna comme directrice de l'hospice.

A la mort de l'homme charitable qui l'a sortie de sa triste vie, Anna accepte le poste et fait des merveilles, à tel point que les louanges ne cessent pas. Un jour une jeune femme soignée par Anna sort de l'hospice et avant de partir demande une photo de sa bienfaitrice. Cette jeune femme travaille ensuite dans la brasserie qui employait Anna ...

 

Une histoire sombre qui m'a beaucoup touchée.  Certes le rythme est lent, les plans assez éloignés, les images sobres et cadrées simplement. Peut-être est-ce justement cela qui touche. Il n'y a pas de fioritures, juste une femme qui fait son devoir avec amour. C'est pourquoi la fin dramatique est dure à avaler car le chemin de la rédemption est bien parcouru. Heureusement Anna rebondira malgré l'injustice faite. Dans le fond, le monde est fait d'injustices depuis la nuit des temps et il ne sert à rien de lutter contre ceux qui ont un statut social et qui s'en servent pour casser plus faibles qu'eux. On ne peut que saluer ce film, qui démontre fort à propos que la mesquinerie et la petitesse sont universelles et intemporelles. Pour l'étudiant, puisqu'Anna lui a échappé, elle doit payer, d'autant plus qu'elle a mieux réussi que lui sans doute. Je suis juste heureuse qu'Anna ne commette pas l'irréparable à la fin.

Tourné en 1911, ce film vous balade en ville, en voiture et en train.

Titre américain : The Defect

41 minutes

	Jean Aymé	...	Alphonse Marnier
	Renée Carl	...	Anna Moulin, dite Nana
	Henri Collen	...	Dr. Paul Perrin
	Max Dhartigny
	Marie Dorly	...	Une dame de charité