A Demopolis, dans la banlieue lointaine de New York, Hester rêve d'autre chose. A la pension où elle loge, elle mange en compagnie des autres pensionnaires dont les discussions l'ennuient profondément.
Jerry inaugure son nouveau buggy tiré par un fougueux destrier auquel il a accroché un joli ruban blanc à la queue. Son bonheur se trouve où Hester se trouve et il est ravi d'emmener la jeune fille à un pic nic où presque tous les habitants se retrouvent avec plaisir.
Hester n'est pas sensible à la beauté du lieu ni à la liesse ambiante et les deux jeunes gens s'éloignent et s'installent sous un arbre où Hester explique qu'elle ne peut pas épouser Jerry car il est trop pauvre. Plus tard, alors que la lune brille dans le ciel, elle chante sous le regard ébloui de Jerry.
Le soir même la pension lui devient insupportable, devant le spectacle affligeant des pensionnaires qui s'amusent bruyamment, elle quitte la pièce commune et décide de quitter la petite communauté, avec un peu d'appréhension toutefois. Le seul à connaitre son départ est Jerry qui l'accompagne sur le quai et qui se montre gauche et malheureux comme un jeune chiot. Lorsque le train des rêves de Hester démarre, Jerry reste seul sur le quai jusqu'à ce que le train ne soit plus qu'un point au loin ...
5 années passent, durant lesquelles Hester se bat pour accéder à ses rêves. Elle habite désormais dans un luxueux appartement sur Riverside Drive et donne des soirées chics ... et paie son dû car "si le péché a un salaire, certains de ses invités vont collecter les arriérés". Au milieu des convives, Hester, à la question de savoir si elle est heureuse de son ami Wheeler qui travaille à Walls Street, répond "qu'elle a tout ce qu'une femme peut désirer". Vraiment tout ? A son amie Kitty elle révèle qu'elle a gardé les 25 dollars de sa dernière paie et pavoise déjà dans un manteau de Chinchilla que Wheeler ne manquera pas de lui offrir. Mais celui-ci trouve que 22'000 dollars ça fait beaucoup après l'achat de la Rolls Royce. Il propose plutôt de se rendre à Crystal Springs.
A quelques kilomètres de Crystal Springs se trouve Demopolis et Hester ne résiste pas à l'envie d'y retourner. Dans la ville inchangée, personne ne reconnait Hester. Le vendeur du petit magasin reste interloqué devant cette femme luxueusement habillée qui lui serre la main. Hester aperçoit Jerry au loin, "toujours célibataire tant qu'il y aura une Hester Bevins sur terre". Les deux amis marchent jusqu'au vieil arbre de leur dernière rencontre. Jerry est persuadé qu'Hester lui est revenue, lui qui l'a attendue et qui l'aime de tout son coeur. Il gagne maintenant 200 dollars par mois ce qui devrait convaincre la jeune femme que cela est enfin suffisant pour vivre à deux ?
Alors "pour éteindre la douleur dans les yeux" du pauvre garçon, elle lui ment en prétendant gagner sa vie en tant que styliste et n'être pas prête à se ranger encore.
De retour à New York, Hester noie le chagrin qu'elle ressent à l'intérieur en se saoulant d'activités diverses. Puis la guerre arrive et, pendant qu'Hester danse sur une table entourée d'admirateurs, sur un champs de bataille en France Jerry tombe en criant son nom.
Quelques mois plus tard, Hester cherche Jerry à l’hôpital. Lorsqu'elle découvre qu'il est aveugle, elle en veut à la terre entière et interpelle Dieu. Jerry la réconforte en lui disant que jamais il n'a été plus proche de Dieu qu'à ce moment et que de toutes manières "il verrait toujours Hester dans sa petite robe vichy". En sortant de la chambre, elle apprend que Jerry a le poumon gauche gazé et hors d'usage et qu'il ne lui reste pas plus de trois semaines à vivre.
Désespérée de voir passer sa chance de faire peut-être la seule chose décente de sa vie, Hester convainc Wheeler de la laisser épouser Jerry. Contre toute attente celui-ci accepte et Hester, assurant avoir pris des vacances, ramène Jerry dans le grand appartement luxueux en prétendant que c'est leur petit nid, "deux chambres avec une toute petite cuisine".
Tous les jours Hester veille sur Jerry qui finit par s'éteindre, heureux d'être à ses côtés.
Après 15 jours Wheeler revint à l'appartement en annonçant qu'il a fait envoyer une ambulance au nom de Hester en France.
Puis leurs amis Kitty et Speedy viennent leur faire une visite et Hester reprend le cours de sa vie. Mais "le plus longtemps la conscience dort, le plus fort elle parle lorsqu'elle se réveille" ...
C'est bien connu, l'herbe est toujours plus verte ailleurs et tout a un prix ! Hester affiche clairement ses ambitions dès le début, lorsque Jerry, qui souhaite l'épouser, lui dit que l'argent n'est pas tout dans la vie. A sa fierté de recevoir un salaire de bientôt 150 dollars, elle demande, les yeux brillants "par semaine ?" ce à quoi il répond piteusement "par mois". Hester refuse de se caser, refuse la petitesse de la ville, abhorre l'idée de s'enterrer dans ce qu'elle considère comme un trou.
Le train est un peu le fil conducteur du film, au début lorsque depuis le quai de la gare Hester regarde le train s'en aller, puis lors de la demande en mariage de Jerry, un train passe au loin. De même à son retour à Demopolis depuis Crystal Springs, un train passe, symbole quelque part de la vie qui jamais ne s'arrête et les opportunités qui s'offrent avant de disparaitre au loin.
Lorsqu'enfin Hester grimpe à bord du train au moment d'accéder à ses rêves et que Jerry reste tout seul sur le quai, un intertitre mentionne "to say goodbye is to die a little" ce qui est l'inverse de "partir c'est mourir un peu" puisqu'Hester n'est visiblement pas malheureuse de quitter Jerry. On comprend alors que si Hester part vers la vie qu'elle a rêvée, Jerry lui ne va cesser de l'attendre et mourir à petit feu.
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Cliquer pour voir le visage de Jerry .... |
On ne saura jamais comment Hester a rencontré Wheeler, ni comment elle vit réellement avec lui. Il est sous entendu qu'elle est une poule de luxe mais jamais le réalisateur ne prend le parti de le dire explicitement. A voir les images on a un peu de la peine à considérer Hester comme une femme entretenue, du moins au mauvais sens du terme.
Jerry mentionne lors de leurs retrouvailles que quelqu'un l'a vue à New York et que cela lui était égal... ce qui laisse à entendre qu'elle est devenue une femme de mauvaise vie.
Il faudra quelques épreuves pour qu'Hester reprenne le cours de sa vie et se retrouve enfin le coeur en paix, c'est donc une histoire de rédemption.
Il faut quand même ajouter que certains détails ne sont pas très plausibles à mes yeux. Par exemple, le personnage de Wheeler est, par ses actes, plus profond que le scénario ne veut bien le montrer. Ou alors lorsqu'Hester retourne à Demopolis personne ne la reconnait mais à la fin, son ancien employeur, lui, ne l'a jamais oubliée (!) et la réengage au sein de son entreprise avec enthousiasme !
Même s'il y a quelques longueurs (la trame du scénario est très mince), les images sont quant à elle somptueuses !
D'après un roman de Fanny Hurst prolifique auteur dans le genre sentimental, scenario de Frances Marion. L'histoire m'a rappelé le drame poétique d'Henrik Ibsen, Peer Gynt, écrit en 1866, sauf qu'ici le protagoniste principal est féminin et que bien sûr le film n'a pas la force du roman !
Restauré par la Library of Congress Motion Picture Concervation Center, Dayton, Ohio grâce à une campagne de kickstarter.
Seena Owens a été la femme de George Walsh de 1916 à 1924.
Comme tout le monde le sait certainement, Matt Moore est le frère de Owen, Tom et de Joe Moore.
87 minutes
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Seena Owen
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Hester Bevins
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Matt Moore
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Jerry Newcombe
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J. Barney Sherry
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Charles G. Wheeler
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Ethel Duray
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Kitty
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Charles Craig
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Speed
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Jerry Sinclair
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Thomas Craig
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