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Ce blog se propose de faire découvrir quelques films muets
moins connus depuis les débuts du cinéma jusqu'en 1930 environ (à ce jour plus de 1'000 films, serials et shorts ...) ainsi que quelques films sonores. Le but était de lister 1'000 films incluant un descriptif ainsi qu'un commentaire écrit sans prétention. C'est chose faite depuis la fin janvier 2022 !

Déclencheur de ce blog, le premier message daté du 09.06.2010 :
Lazybones


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mercredi 10 octobre 2018

A Couple of Downs and Outs - Walter Summers - 1923


Une grande parade est donnée pour fêter la fin de la 1ère guerre mondiale. Les troupes défilent sous les yeux du public qui applaudit les survivants. Parmi les spectateurs se trouve Danny Creath, un soldat rescapé de la guerre qui cherche maintenant du travail.
Las ! les choses ne sont pas si simples car, après avoir essuyé échec sur échec, Danny erre en direction du port où des chevaux revenus du front sont mis aux enchères. Les acheteurs ne se pressent pas, les animaux seront envoyés en Belgique pour être abattus. De loin, Danny aperçoit un maquignon battre deux chevaux et reconnait l'un d'eux, son vieux compagnon de guerre sur 4 jambes, Jack. Il se précipite donc à sa rescousse et flanque une raclée à la sale brute qui tombe à terre avant que n'arrive le propriétaire que Danny assomme à son tour. Le public est touché par l'histoire de Jack et un capitaine fait en sorte que Danny puisse s'enfuir avec le cheval.

Bien vite la police est à leurs trousses, Danny se bat contre un policeman avant de poursuivre sa route au grand galop. Plus loin lorsqu'il entend les pas de ceux qui le poursuivent, il pénètre dans une petite cour intérieure où des poules picorent. Découvrant une écurie, Danny y fait rentrer Jack auquel il donne un fond de sac d'avoine.
Le bruit attire une jeune fille déjà croisée dans la foule du défilé. Elle écoute l'histoire de Danny qui lui rappelle son frère tué au combat et, après avoir menti à la police qui frappe à la porte, invite le fugitif à manger. Danny lui raconte alors son histoire.
De fil en aiguille, il apprend à la demoiselle qu'il était maitre des chevaux d'une écurie chez un Comte dans le Sussex. Après avoir été suspecté d'un vol qu'il n'avait pas commis, trop fier, il avait refusé de revenir au château et s'était enrôlé dans les troupes avant d'être très vite envoyé au front avec ses deux chevaux, Jack et Jill. 
Peu après il avait été grièvement blessé et devait la vie à ses chevaux qui avaient poursuivi leur route pour rejoindre sa troupe qui déployait les canons le long d'une ligne de défense ...

Belle histoire qui touchera tous les amoureux des chevaux. Le film est précurseur de nombreux films du même genre, Cheval de guerre (War Horse), Prince noir, etc. On peut aussi se demander si The War Horse tourné par Lambert Hillyer en 1927 avec Buck Jones a été inspiré par cette histoire ? Allez savoir !
Il est particulièrement remarquable de voir l'amour porté aux chevaux dans un film datant de 1923 car ils sont en général peu considérés dans la plupart des films de cette époque. La Grande-Bretagne a toujours eu une affection particulière pour les chevaux, ici Jack reçoit même quelques bisous de la demoiselle!

En 1923, soit 5 ans après la fin de la guerre, on comprend le désarroi des soldats à leur retour du front. La vie est dure, il faut rentrer dans les rangs, trouver du travail, se faire une place, survivre. La fierté du héros l'empêche de retrouver du travail auprès de ceux qui l'ont accusé d'un vol, mais son coeur lui permettra de rencontrer de belles âmes. Les décors naturels sont une mine précieuse pour le spectateur qui veut se faire une idée du passé.

Le suivi des scènes est parfois un peu chaotique, les images sautent un peu mais l'histoire est compréhensive. C'est un bel hommage aux hommes et femmes restés humains et proches de leurs consciences malgré les difficultés. C'est aussi un bel hommage aux chevaux de guerre.
Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire, il y a beaucoup d'images de guerre, d'attelages de chevaux, etc.
Rex Davis et Edna Best se montrent touchants, les policemen vous surprendront aussi.

https://www.30millionsdamis.fr/actualites/article/14684-les-animaux-morts-durant-la-grande-guerre-enfin-mis-a-lhonneur/ 


65 minutes

Edna Best ... Molly Roarke
Rex Davis ... Danny Creath
George Foley ... P.C. Roake
Philip Hewland



mercredi 3 octobre 2018

The Other Half - King Vidor - 1919



Après son retour du front, Donald Trent décide de découvrir le monde du travail et de gagner sa croute par ses propres moyens. Il refuse donc l'offre de reprendre l'usine familiale de son père, Martin Trent, dont la santé est défaillante. Celui-ci ne peut pas comprendre la décision de son fils qui, après les horreurs de la guerre et la camaraderie rencontrée, voit tout le monde sur pied d'égalité.

A l'usine, il retrouve le Caporal Jimmy qui l'accueille avec grand plaisir. Jimmy est un brave garçon qui est épris de Jenny, une jeune fille qui travaille au lavoir. Quant à Donald, il est amoureux de Katherine Boone, une jeune fille de la bonne société. 
Un jour, sous le coup de la chaleur, Jennie tombe inanimée au pied sur le linge dont elle prend soin. Aussitôt Jimmy appelle son ami Donald et tous deux ramènent la jeune femme chez elle. Comme elle est bien malade, Donald demande à Katherine de venir prendre soin de Jennie. Tout d'abord réticente, Katherine finit par se rendre à son chevet et sympathise avec la jeune fille qui lui confie que l'un des seuls plaisirs des gens de sa classe est de lire "Le Phare", un journal qui ne publiera plus dès le lendemain, car le rédacteur, Caleb Fairman, n'a plus les moyens de faire tourner les presses.
Katherine décide d'aider Caleb dans sa quête de la vérité et s'associe avec lui afin de faire perdurer l'édition du journal.
Jennie finit par se remettre sur peids mais le père de Donald est mourant et lègue l'usine familiale à son fils en lui recommandant bien de ne jamais mélanger les sentiments avec les affaires.
Donald est tout de suite accaparé par l'usine. Lorsqu'il voit le nom de son ami Jimmy parmi les hommes susceptibles d'être nommés contremaitres, il préfère laisser son bras droit décider pour lui.
Il se trouve que Jimmy est quand même promu contremaître et le brave garçon décide d'améliorer les conditions de travail des travailleurs. Grâce à sa nouvelle position il demande sa main à Jennie qui l'accepte avec joie.
Malheureusement les offres d'amélioration de Jimmy sont déclinées par Donald et un jour un pan de mur de l'usine s’effondre sur Jimmy qui est retrouvé vivant mais aveugle sous les décombres ...


Charmante histoire sous couvert de lutte des classes. Un film engagé qui montre qu'une fois au pouvoir, il est bien difficile de se pencher sur la vie des autres et d'éprouver de la compassion. Donald va-t-il le comprendre ? On le suppose car malheureusement il manque la fin de ce film  qui est pourtant en excellent état.

Zasu Pitts est adorable dans le rôle de Jennie, comme toujours elle apporte beaucoup de finesse à son rôle, bien secondée par le futur réalisateur, David Butler que j'ai personnellement toujours plaisir à voir (même si c'est bien rare).
Florence Vidor est une actrice crédible dans ses rôles et c'est le premier rôle de Charles Meredith qui aura une belle carrière d'acteur avec 139 rôles à son actif, même si sa carrière décroit dès 1924 et ce jusqu'en 1964, année de son décès.

51 minutes

Florence Vidor ... Katherine Boone
Charles Meredith ... Donald Trent
Zasu Pitts ... Jennie Jones, The Jazz Kid
David Butler ... Cpl. Jimmy
Alfred Allen ... J. Martin Trent
Frances Raymond ... Mrs. Boone
Hugh Saxon ... James Bradley
Thomas Jefferson ... Caleb Fairman
Arthur Redden ... The Star Reporter


mercredi 26 septembre 2018

The A.B.C. of Love - Léonce Perret - 1919



A la campagne. Harry Bryant, un dramaturge célèbre, roule en automobile lorsqu'il aperçoit venant en face, de l'autre côté d'un petit pont, une jeune femme sur un cheval chargé de baluchons.
Harry fait de grands signes mais peine perdue, la demoiselle épuisée s'est endormie sur le dos de l'animal qui s'arrête, bloquant la route à la voiture. Harry s'approche et la jeune fille, Kate, tombe dans ses bras.
Bien installée dans la voiture, Kate raconte à Harry que toute sa famille est décimée et ses biens ont été vendus aux enchères. Elle cherche du travail depuis des semaines sans succès. Touché par la demoiselle en détresse, Harry l'emmène chez un couple d'aubergistes auxquels il demande de l'obliger en fournissant du travail à sa petite protégée. Obséquieux, l'aubergiste accepte mais lui et sa femme sont odieux et se montrent cruellement sous leur vrai jour dès que Brant reprend la route.


La pauvre Kate subit bien des misères mais se rebelle lorsqu'elle voit un homme battre sa vieil jument Lady. Plus tard un homme tente de la violer dans sa chambrette et elle ne doit son salut qu'à un coup de bouteille assénée sur la tête de son agresseur. La pauvre Kate s'enfuit alors sur le dos de la vieille jument qui finit par rendre l'âme au bord de la route.

Après avoir marché quelque temps, Kate s'effondre à son tour. Un curé qui passe là, aperçoit la pauvre fille et la charge dans son side-car avant de l'emmener chez Harry dont l'adresse figure sur une carte trouvée dans l'une de ses poches.

Dans la maison, la jeune fille devient vite indispensable et son enthousiasme et sa gentillesse charment Harry. A tel point qu'un soir d'orage, tous deux tombent dans les bras l'un de l'autre.
Harry et Kate se marient mais bientôt Harry est appelé à Paris où l'une de ses pièces va être jouée avec dans le rôle principal une actrice dévoreuse d'hommes, Diana Nelson.

Celle-ci jette son dévolu sur Harry qui ne se montre pas insensible au charme de la belle, tandis que l’illettrée Kate observe jalousement les Diana et son mari qui se rapprochent. Elle obtient bien sa vengeance en faisant en sorte que Diana perde son jupon en public mais son bonheur est de courte durée.

Petit à petit son mari lui échappe complétement et la pauvre Kate entreprend alors d'apprendre à lire. Pour tenter de récupérer son mari elle va trouver Diana qui se moque d'elle  ...



Gentil conte de fée écrit par Léonce Perret lui-même. Mae Murray incarne l'innocence même, loin de ses rôles de vamps sophistiquées habituels.
Pour lui donner la réplique, Holmes Herbert a le poids et la prestance nécessaire. Toutefois on se demande ce qu'il peut bien trouver à Diana Nelson dont petit garçon non crédité est adorable. L’esthétisme des images est magnifique, jugez-en vous mêmes à droite ...
Les images sont bien nettes pour notre plus grand plaisir.



Il y a de belles trouvailles qui seront souvent exploitées par d'autres réalisateurs par la suite, telle la paroi séparant les deux amoureux qui restent tous deux sur leur position par fierté de chaque côté du mur.

Ce rôle de jeune fille innocente et bonne va comme un gant à Mae Murray. Les scènes avec le petit garçon sont aussi adorables.
 Ce film passe comme un lettre à la poste, mais parlant de lettre, ceci dit, j'aurais bien aimé que l'illettrisme soit davantage exploité mais l'idée est là. 
Pour ce faire il aurait peut-être fallu un film un peu plus long ? Quoiqu'il en soit, le film est remarquablement équilibré dans le rythme, les étapes sont bien marquées et on ne s'ennuie pas une seconde.

Ce film est visible sur le net en ce moment.


64 minutes

Mae Murray ... Kate
Holmes Herbert ... Harry Bryant
Dorothy Green ... Diana Nelson
Arthur Donaldson ... Prof. George Collins






mercredi 19 septembre 2018

The Woman in the Suitcase - Fred Niblo - 1920




Mary Moreland vient tout juste d'achever ses études dans un pensionnat huppé. De retour à la maison, elle retrouve ses parents chéris. Son père, James Moreland revient alors d'un voyage d'affaires à Philadelphie. Mary, heureuse de le revoir se rend  à son bureau où son père lui promet un cadeau. Alors qu'il est attiré hors de la pièce par une affaire, Mary,, impatiente de découvrir le cadeau promis, ouvre la valise dans laquelle elle découvre le portrait d'une femme.
Son père la rejoint et Mary l'aperçoit cacher la photo alors qu'elle attend son cadeau. 
Le soir Mary donne une fête pour célébrer son diplôme. Tout le monde est gai mais Mary tombe de haut lorsqu'elle surprend une conversation entre son père et Dolly, la femme du portrait dans la valise.
Comme elle surprend le rendez-vous des deux amants, Mary décide de passer une petite annonce pour obtenir la garde d'un chaperon.
Le fils du magnat qui possède le journal, Billy Fiske, décide de répondre à l'annonce et appelle Mary qui l'engage. 
Après s'être rencontrés dans le hall de l'hotel Carlton comme convenu, le pauvre garçon ne comprend pas très bien quel est le but de ses sorties avec Mary qui se montre bien mystérieuse ...



Pas de femme découpée en morceaux mais un film bien démodé par le thème ! Plutôt agréable à regarder après les 20 premières minutes qui introduisent la suite, car jusque là le film tire un peu en longueur. Ensuite, à l'arrivée de Billy l'action prend peu à peu forme. Le spectateur se demande si la romance entre le père et Dolly est sérieuse, je craignais que ce ne soit pas le cas et que le réalisateur s'en sorte avec une pirouette du genre "Dolly était la soeur d'un ami décédé" ou un truc de ce genre. Heureusement il n'en est rien.
Toutefois, il est difficile de penser que Mary est une jeune fille bien élevée vu les actes : fouille de la valise de son père, écoute du téléphone, fausse identité, etc !
De même on se demande bien pourquoi le père s'encanaille avec une femme telle Dolly et ses fréquentations peu recommandées ! 

Le bon côté du film c'est qu'on a plaisir à voir Enid Benett et surtout Rowland V. Lee qui se trouve plus souvent derrière la caméra que devant et à qui on doit plusieurs films qui mettent en scène Pola Negri ou Gary Cooper. Ici il se montre charmant !



65 minutes



Enid Bennett ... Mary Moreland
William Conklin ... James B. Moreland
Dorcas Matthews ... Dolly Wright
Rowland V. Lee ... W.H. 'Billy' Fiske (as Roland Lee)
Claire McDowell ... Mrs. James B. Moreland
Donald MacDonald ... 'Doc' Harrison (as Donald McDonald)
Gladys George ... Ethel


mercredi 12 septembre 2018

The Heart of Humanity - Allen Holubar - 1919


Au Canada, dans une région reculée dont les habitants sont pieux, la veuve Patricia a 5 fils, l'aîné John, et Paul, Jules, Maurice et Louis. La communauté est menée par Michael, un Pasteur qui prend soin de rappeler la dimension supérieure qui lie Dieu à ses ouailles.

La nièce de Michael, Nanette, est emplie de joie lorsque la veuve lui annonce le retour de son fils John, son fiancé. Nanette est aimée des 4 autres frères mais surtout de Paul, qui lui voue une admiration sans borne.

John arrive en canoé en compagnie d'un allemand Erich von Eberhard (il semble que cet homme soit venu espionner et son rôle n'est pas clair. Toutefois comme il semble ne pas vivre sous le toit de la veuve, on peut considérer que ce n'est pas un ami de la famille, encore que le doute est installé).

Un jour alors que Nanette prie au pied d'un petit autel dédié à la vierge Marie, l'affreux Erich tente de l'agresser. Heureusement John survient à temps pour éloigner la jeune fille..

John et Nanette se marient mais la guerre est déclarée par la Grande-Bretagne qui craint l'invasion de la Belgique. La plupart des hommes, dont les fils de la veuve, s'engagent sous le drapeau, sauf le plus jeune fils auquel ses frères demandent de veiller sur leur mère. 3 jours plus tard, les hommes embarquent et se retrouvent sur le front tandis que la vie reprend au village. Nanette accouche d'un bébé après neuf mois ..



Quelle surprise de découvrir les commentaires peu amènes des spécialistes ou spectateurs ayant vu ce film. D'aucuns voient en The Heart of Humanity une espèce d'imitation de Hearts of the World (sortie 4 avril 1918, première 12 mars 1918 à Los Angeles) tourné par D.W. Griffith et dont le tournage a pris fin quelques mois plus tôt et qui est à mon sens beaucoup plus bâclé.
The Heart of Humanity (sortie 15 février 1919, première 22 décembre 1918 à New York) m'ayant beaucoup touchée, j'ai de la peine à comprendre qu'on puisse trouver Hearts of the World plus abouti, ou trouver Lilian Gish plus captivante que Dorothy Phillips qui se montre emplie de courage et d'amour. Dans les apparences, Dorothy Phillips est très expressive, son visage exprime une multitude d'émotions à grande vitesse ce qui perturbe un peu au départ. Ainsi elle peut pleurer et sourire en une fraction de seconde, toutefois les accords sont justes et sa sincérité évidente.
Il n'y a pas photo entre une Lilian Gish qui cabotine dans le film de Griffith et Dorothy Phillips qui certes joue de façon appuyée mais démontre une vraie profondeur. Alors oui tout le monde aime Lilian Gish, oui son nom a traversé le siècle, oui c'est une grande actrice, mais la comparaison entre ces deux films et les performances des deux actrices principales est totalement injustifiée. Quelquefois je trouve que les critiques sont franchement obséquieux avec leur l'intellectualisme pédant, pour moi un film c'est comme un tableau, ça vous touche ou ça ne vous touche pas, ça n'a rien à voir avec des théories et il ne suffit pas de maitriser la technique ou d'être célèbre pour réaliser un film qui parle au coeur.
En passant je précise que The Heart of Humanity rappelle un peu aussi l'action de Four Sons tourné par John Ford en 1928.

Pour qui veut le voir avec des yeux neufs, ce film est empli de poésie et d'action, le rythme est constant, les scènes de guerre et de mort vous prennent aux tripes, les fils sont bien incarnés et Margaret Mann est parfaite dans ce rôle de mère à qui la guerre a pris les enfants. Le tout a un élan mystique très poignant.

Certes le patriotisme est de mise, et oui les allemands sont dépeints comme le diable et les ténèbres (les casques à pointe n'arrondissent pas les angles si j'ose dire !) et les alliés comme l'espoir et la lumière. Il y a une vraie dimension spirituelle dans ce film, l'espoir fait mal mais la grandeur des protagonistes vous fait frémir et verser des larmes. Ou alors il faut être une mère pour comprendre la douleur d'une autre mère et l'appel des petits innocents touchés par l'horreur de la guerre. Si le film ne vous touche pas, j'aimerais bien en comprendre les raisons ?
 
Robert Anderson joue encore une fois le rôle d'un homme simple qui aime passionnément une femme sans espoir en retour. Cet acteur a un charme très particulier et surtout une manière très sobre de vous faire comprendre la douleur qu'il ressent tout en démontrant un certain fatalisme déchirant. La scène dans la tranchée où il prend son frère mourant dans ses bras m'a donné des frissons de même celle où il joue du violon pour le mariage. Une sensibilité palpable et du grand art, dommage pour les spectateurs qui ne le voient pas ainsi, ils ratent quelque chose de très doux et triste et de profondément humain.
William Stowell a ici encore un rôle d'homme qui sait où il va, ce qui lui va comme un gant. Dans le fond on ne le voit pas tant que ça durant les 106 minutes que durent ce film.

Ah j'oubliais, il faut aussi parler de Erich von Stroheim, sans quoi ce poste ne fera pas sérieux car visiblement la majorité des spectateurs ne voient que lui. Von Stroheim a une grande présence à l'écran, c'est indéniable, ici il incarne le diable sous la forme d'un prussien qui débarque on ne sait pas trop pourquoi dans ce village canadien bien qu'on parle d'espionnage. On ne sait pas non plus comment il a rencontré John.
Il y a une scène assez fascinante au pied de l'autel dédié à la vierge Marie, lorsque Von Stroheim est captivé par la pureté de Nanette et ce qu'il appelle sa "faiblesse" de croire en Dieu.

Ce qui m'a frappée surtout, c'est la légèreté de John face à Nanette qui est encore sous le choc de la rencontre. Bien sûr l'araignée qui monte sur la gorge de la Vierge Marie est bien symbolique aussi et confirme le côté diabolique d'Erich.
Il y a aussi la scène de la tentative de viol de Nanette à la fin que je trouve particulièrement violente. Ici pas de faux semblants, ni d'images implicites. La scène est dure et crue et culmine dans l'horreur avec le lancer de bébé par la fenêtre. Comment montrer les allemands plus odieux ? le réalisateur les montre non seulement cruels mais aussi lâches en se protégeant avec des femmes et des enfants lors d'une attaque. Ici pas un allemand est montré sous un jour plus humain, en cela c'est de la vraie propagande, il ne faut pas l'oublier.

Le début est très clair, ce film traite de l'amour sous toutes ses formes, et bien sûr aussi sous la forme du patriotisme très poussé vers  la fin. La manière de glorifier les américains qui se lancent dans le conflit en avril 1917 fait de l'ombre aux combattants qui se battent depuis le début du conflit (même si en réalité de nombreux volontaires américains s'étaient engagés dans les troupes alliées dès 1914). 

Ce film rend honneur aux combattants mais honore aussi les femmes, celles qui sont restées les yeux pleins de larmes au pays et celles qui sont parties sur le front. En ce sens c'est un film très moderne et féministe, les femmes n'y ont pas des rôles de potiches qui attendent dans l'ombre.

Bizarrement Nanette est prise pour une américaine vivant au Canada ? Je ne vois pas ce qui le confirme ?

A noter les petits rôles de Lloyd Hughes, George Hackathorn, Pat O'Malley, etc.

Pour les scènes tournées dans les tranchées, des milliers de litres d'eau ont été pompés depuis une rivière de Los Angeles.

Titres français
Le coeur de l'humanité
Pour l'humanité

106 minutes

Dorothy Phillips ... Nanette
William Stowell ... John Patricia
Robert Anderson ... Paul Patricia
Walt Whitman ... Father Michael
Margaret Mann ... Widow Patricia
Erich von Stroheim ... Eric von Eberhard
Lloyd Hughes ... Jules Patricia
Frank Braidwood ... Maurice Patricia
George Hackathorne ... Louis Patricia
Pat O'Malley ... Clancy
William Welsh ... Prussian Officer



mercredi 5 septembre 2018

We're in the Navy Now - A. Edward Sutherland - 1926


Whiffer Hanson monte sur le ring où son manager Shrimp Smith le prépare pour affronter Homicide Harrigan. Hanson, qui a tout du beau parleur peu efficace est jeté hors du ring en un coup de Harrigan. Lorsqu''il revient à lui il s'aperçoit que son manager a disparu avec son argent.
Plus tard, Hanson découvre le fuyard Smith admirant la grande parade et les nouvelles recrues qui s'en vont sous les drapeaux. Pour échapper au boxeur, Smith saute sur un camion, aussitôt suivi par Hanson prêt à tout pour récupérer son dû.
Les deux hommes sont enrôlés de force et se retrouvent bientôt sur un destroyer en partance pour la France. Rien ne va, les deux benêts n'en font qu'à leur tête et se mettent dans les situations les plus ridicules...


Typique comédie burlesque de l'après-"grande"-guerre. Les deux nigauds sont d'une bêtise crasse mais finiront par s'en sortir et même devenir des héros, bien malgré eux !

Dans le même genre de comédie sous la direction de A. Edward Sutherland, Wallace Beery et Raymond Hatton tournent la même année Behind the Front puis en 1927 Now We're in the Air réalisé par Frank R. Strayer avec la belle Louise Brooks et Russell Simpson.

On se prend à sourire devant la bêtise des deux lascars !



57 minutes



Wallace Beery ... 'Knockout' Hansen
Raymond Hatton ... 'Stinky' Smith
Chester Conklin ... Navy Capt. Smithers
Tom Kennedy ... Sailor Percival Scruggs
Donald Keith ... Ship's Radio Officer
Lorraine Eason ... Madelyn Phillips
Joseph W. Girard ... U.S. Admiral
Max Asher ... Adm. Puckerlip


mercredi 29 août 2018

The Right to Happiness - Allen Holubar - 1919




En 1898 à Petrograd (Saint-Pétersbourg) en bordure du quartier juif, Andrew Hardcastle, co-propriétaire de l'entreprise Forrester et Hardcastle, possède sa résidence. Juste après son arrivée en Russie, sa femme est décédée, lui laissant deux filles jumelles, Sonia et Vivian qui sont maintenant en charge de la gouvernante Leah, une femme qui les aime comme ses propres enfants.
Hardcastle confie ses filles à Leah durant un court voyage d'affaire mais malheureusement la nuit suivante des bolcheviques attaquent le quartier juif et massacrent tout le  monde sur leur passage. Leah accueille quelques survivants mais cela n'échappe pas aux assassins qui se ruent alors sur la maison. Désespérée Leah cache Sonia dans une caisse avec son petit chat et Vivian dans le fourneau tandis que leur lévrier Barzoi chéri aboie à l'étage supérieur.
Leah et les rescapés juifs sont assassinés et la maison incendiée. Sonia qui est sortie dans la rue avec son chat est recueillie par une femme qui s'enfuit avec son fils Paul qui prend la petite fille dans ses bras. Vivian quant à elle est sauvée par le lévrier et retrouvée le lendemain matin par son père sur les escaliers menant à la maison.

Des années plus tard, en Russie Sonia est maintenant un pilier des discours politiques visant la révolution des ouvriers, couvée du regard par Paul qui l'aime de tout son coeur, et Vivian une demoiselle qui n'a rien d'autre à faire que de se promener suivie par un jeune homme imbu de lui-même qui tient son petit chien en laisse ...


Certes il y a de belles images et les atmosphères du début et de la fin sont tout à fait remarquables.
Par contre le réalisateur a un peu abusé des scènes de harangues sociales qui paraissent complétement ridicules de nos jours.

Le thème est intéressant mais la manière de le traiter très simpliste. En gros la Russie est dépeinte comme le pire imaginable, et les Etats-Unis à travers deux hommes : Forrester qui crée une coopérative où les ouvriers ont l'air tellement heureux et Hardcastle qui fait travailler ses employés dans des conditions inhumaines dans le seul but de s'enrichir. Les scènes les dépeignant sont poussées dans les extrêmes pour bien convaincre le public.


On se demande aussi si le film est monté correctement car la chronologie n'est pas sensée. Ainsi la guerre est finie, Tom Hardy travaille en vêtements civils puis un plan revient sur lui en uniforme demandant du travail à Hardcastle qui refuse de l'employer: Mais au final Tom se retrouve pourtant bien chez Hardcastle ?
Pour cette raison mais aussi pour certaines scènes de l'Est coupées brutalement pour intégrer une scène unique se passant à l'Ouest, ou l'inverse, le découpage du film ne semble pas correct. Pour ajouter à la confusion il est difficile de deviner quand Sonia (appelée Dorothy dans les intertitres pour compliquer les choses) et Paul sont passés à l'Ouest et rien n'indique vraiment qu'ils sont à New York, sans parler du fait que Sergio (dans les intertitres) ou Sergius (ci-dessous) les a suivi à New York !

Bref un film étonnant compliqué à suivre qu'il vaut la peine de voir.
Les acteurs sont tout à fait remarquables, à commencer par Dorothy Phillips (la femme du réalisateur Allen Holubar) qu'on a très peu de chance de découvrir de nos jours (même si elle se montre franchement un peu péniblement exaltée dans les scènes de conviction politique).
Robert Anderson campe un Paul touchant de fidélité et de stabilité et William Stowell un Tom énergique mais impuissant face au pouvoir d'Hardcastle.

Le titre est trompeur : de quel "droit au bonheur" parle-t-on, ne le créons-nous pas nous-mêmes ?

Titre français :  Le droit au bonheur

71 minutes

Dorothy Phillips ... Sonia et Vivian - Twin Sisters
William Stowell ... Tom Hardy
Robert Anderson ... Paul
Henry A. Barrows ... Andrew Hardcastle (as Henry Barrows)
Winter Hall ... Henry Forrester
Margaret Mann ... Mother Hardy
Stanhope Wheatcroft ... Monte
Alma Bennett ... Lily
Hector V. Sarno ... Sergius Kerkoff (as Hector Sarno)
Fay Holderness ... Leah - the Nurse


mercredi 22 août 2018

Secrets of the Night - Herbert Blaché - 1924




Un directeur de banque, Robert Andrews, fait face au vice-président Hammond et ses seconds Knowles et Constance car il vient de recevoir un télégramme qui signifie la banqueroute : En effet les coffres ont un manque à gagner de 500'000 dollars.
Les 3 hommes accusent Andrews d'avoir pris des risques inconsidérés pour la banque alors que tous étaient d'accord au départ. Robert déclare avoir une solution, il suffit que l'un d'eux lui tire une balle dans la tête car une fois mort son assurance décès le couvre pour la somme de 600'000 dollars. Évidemment personne n'a le cran de se saisir du révolver bien que l'envie soit très forte.

Andrews reçoit la carte de visite de Aldred Austin, un contrôleur de comptes. Pour gagner du temps il invite tout de monde dans sa villa.

Le soir la maison est pleine à craquer. Jerry, le fils Hammond demande la permission à son père d'épouser Anne Maynard la pupille de Andrews bien que celle-ci soit amoureuse de son parrain lui-même secrètement épris de la jeune femme que lui a confié l'un de ses amis. Hammond comprend très vite la situation tandis que Anne déclare ne vouloir épouser personne avant de décider de quitter la maison. Jerry est furieux contre Andrews tandis que Celia, une amie de Anne lit une histoire de "Murders in the Rue Morgue" avant de paniquer en croyant voir un homme rentrer dans sa chambre alors qu'il s'agit simplement d'un rideau agité par le vent.

Plus tard, l'esprit échauffé par l'électricité dans l'air, Madame Knowles croit voir quelqu'un grimper sur son balcon. Andrews vient pour la rassurer et tout deux passent un petit moment ensemble avant qu'un coup de feu ne soit tiré et qu'Andrews s'effondre sur le sol ...


Une charmante comédie qui comprend tout ce qui faut pour vous faire passer un bon moment. Des ombres, des mains qui apparaissent derrière des fenêtres, des rideaux qui bougent, de mystérieux visiteurs qui sonnent à la porte, des armures qui avancent toute seule, bref, que du bonheur car le tout est bien rythmé et enlevé.

Les posters reflètent bien l'ambiance de ce huis clos qui se déroule essentiellement sur une nuit d'angoisse, avec ce qu'il faut d'imagination pour se faire peur.
La palme revient comme toujours à Zasu que je trouve parfaite dans tous ses rôles, qu'ils soient tragiques ou comiques, cette actrice a un talent certain. Ici il ne manquera pas de vous faire sourire à défaut de vous faire rire.
James Kirkwood est un acteur solide que l'on n'a pas l'occasion de voir souvent dans un film muet à notre époque.
James Kirkwood était aussi réalisateur entre 1912 et 1919 et a fait tourner Mary Pickford à ses débuts avant de retourner devant les caméras.

Madge Bellamy n'a pas grand chose à faire si ce n'est ouvrir de grands yeux ce qui convient parfaitement à son rôle, de même tous les autres protagonistes qui font de ce film une comédie fort sympathique qui va très vite.

Selon la pièce de théâtre The Nightcap écrite par Guy Bolton  et Max Marcin dont la première eu lieu à New York en 1921.


71 minutes

James Kirkwood ... Robert Andrews
Madge Bellamy ... Anne Maynard
Zasu Pitts ... Celia Stebbins
Rosemary Theby ... Margaret Knowles
Tom Wilson ... Thomas Jefferson White
Tom Ricketts ... Jerry Hammond (as Thomas Ricketts)
Arthur Stuart Hull ... Lester Knowles
Tom Guise ... Colonel James Constance (as Tom S. Guise)
Edward Cecil ... Alfred Austin
Frederick Cole ... Freddy Hammond
Joseph Singleton ... Charles
Otto Hoffman ... Coroner
Anton Vaverka ... Joshua Brown



Titres français (incomplet)

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