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Ce blog se propose de faire découvrir quelques films muets
moins connus depuis les débuts du cinéma jusqu'en 1930 environ (à ce jour plus de 1'000 films, serials et shorts ...) ainsi que quelques films sonores. Le but était de lister 1'000 films incluant un descriptif ainsi qu'un commentaire écrit sans prétention. C'est chose faite depuis la fin janvier 2022 !

Déclencheur de ce blog, le premier message daté du 09.06.2010 :
Lazybones


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jeudi 8 mars 2012

Amarilly of Clothes-Line Alley - Marshall Neilan - 1918



Mary Pickford ...
Amarilly Jenkins
William Scott ...
Terry McGowen
Kate Price ...
Mrs. Americus Jenkins
Ida Waterman ...
Mrs. David Phillips
Norman Kerry ...
Gordon Phillips
Fred Goodwins ...
Johnny Walker
Margaret Landis ...
Colette King
Tom Wilson ...
'Snitch' McCarthy

60 minutes
adaptation Frances Marion d'après un roman de Belle K. Maniates
Titre français : A chacun sa vie

Comme sa grand-mère et sa mère avant elle, Amarilly (Pickford) récure les sols. Sa mère trime dur pour élever ses 5 frères en faisant des lessives. Le dimanche Amarilly sort avec Terry (Scott) le barman du café local. Tout ce petit monde habite un quartier populaire. Amarilly perd son travail au théâtre et Terry lui trouve une place de vendeuse de cigarettes au café. Un soir quelques garçons de la bonne société en manque d'émotions fortes débarquent et une bagarre s'ensuit. Gordon Philips (Kerry) se retrouve à la rue blessé et Amarilly l'emmène chez elle pour le soigner. Terry prend très mal la chose et Gordon s'arrange pour la faire habiter chez sa tante ...



Un film qui se regarde comme une balade dans le temps fort sympathique. On y découvre, outre l'habillement, la rue, les voisins, les véhicules d'époque une ambiance tout à fait particulière. L'histoire en elle-même se déroulait plutôt de manière logique pour tourner au drame et terminer par une pirouette.
William Scott est un acteur que l'on n'a pas beaucoup l'occasion de voir, c'est dommage. Mary Pickford est égale à elle-même, c'est-à-dire qu'elle se montre gentille et innocente. Norman Kerry a le rôle d'un gentil sculpteur qui aime la fête un peu trop. Le personnage le plus intéressant de ce film est pour moi Kate Price/Americus Jenkins qui a le rôle ingrat de la mère d'Amarilly qui va devoir affronter la bonne société qui l'invite un peu pour faire honte à Gordon. Elle incarne une mère généreuse et vivante, sa prestation est plus vraie que nature.
Quelques scènes sont particulièrement sympathiques, telle celle où Terry arrive sur une moto fumante pour emmener Amarilly qui s'installe sur le siège arrière et qui attend que la moto veuille bien redémarrer sous les quolibets de l'assistance. Les chapeaux sont aussi particulièrement originaux.  
On trouve ce film chez Milestone (avec un très bon accompagnement musical de l'orchestre de Mont Alto) ou chez Bach Films (en français).

 



mercredi 7 mars 2012

Beverly of Graustark - Sidney Franklin - 1926



Marion Davies ...
Beverly Calhoun
Antonio Moreno ...
Dantan
Creighton Hale ...
Prince Oscar
Roy D'Arcy ...
General Marlanax
Albert Gran ...
Duke Travina
Paulette Duval ...
Carlotta
Max Barwyn ...
Saranoff
Charles Clary ...
Mr. Calhoun


70 minutes

Une étudiante américaine, Beverly (Davis), apprend que son cousin va devenir Roi de Graustark après avoir été chassé de son pays encore tout bébé. Très excitée la jeune fille quitte le collège pour retrouver le jeune homme, maintenant devenu le Prince Oscar (Hale). Avant de prendre ses fonctions le prince souhaite skier et les deux jeunes gens partent pour les pentes neigeuses. Malheureusement il a un grave accident et ne peut se rendre dans son pays. L'escorte sonne à la porte et la tension monte car si le prince ne retourne pas dans son royaume il perdra sa couronne. Il se trouve qu'alors que l'escorte demande à voir le prince, Beverly sorte de sa chambre et tout le monde la prend pour le prince en tenue de ski. Beverly joue le jeu en attendant qu'Oscar soit remis sur pied. Sur le chemin du retour, Dantan (Moreno), un jeune berger la sauve d'un complot mené par le General Marlanax et Beverly ne peut s'empêcher de tomber amoureuse de Dantan qui décide de servir le prince ...



Les situations cocasses ne manquent pas et Marion Davies s'en donne à coeur joie. Au milieu d'hommes elle souhaiterait redevenir une femme pour se retrouver dans les bras d'Antonio Moreno et use de stratagèmes ingénieux pour y parvenir. Pendant ce temps l'affreux Marlanax complote à l'aide de la belle Carlotta qui tente de séduire le faux prince Oscar. La fin termine sur le rebondissement habituel qui arrange bien les choses. C'est assez amusant et léger, toutes les situations sont exploitées pour montrer la gêne de la pauvre fille dans des scènes qui la placent au milieu d'hommes qui la prennent pour l'un des leurs. Bref, on ne se prend pas la tête, pas plus que les acteurs qui ont l'air de bien s'amuser.
Malheureusement la copie que j'ai vue m'a vrillé les yeux à coups d'éclairs lumineux, aucune bande sonore ne l'accompagnait et je n'ai pas vu trace de la séquence en couleur deux bandes ... Pas extraordinaire en l'état mais plutôt sympathique.


mardi 6 mars 2012

Blackbird (The) - Tod Browning - 1926


Lon Chaney ...
The Blackbird / The Bishop
Owen Moore ...
West End Bertie
Renée Adorée ...
Fifi Lorraine
Doris Lloyd ...
Limehouse Polly
Andy MacLennan ...
The Shadow (as Andy Maclennan)
William Weston ...
Red


86 minutes

A Londres, dans le quartier de Limehouse. The Blackbird est un homme recherché car il opère des larcins audacieux. Malin, il vit chez son frère surnommé le Bishop, un homme gravement estropié qui tient un foyer pour déshérités et qui est aimé de ses paroissiens.
Le soir Blackbird se rend dans un music hall dont le clou du spectacle est un théâtre de marionnettes tenu par Fifi. Très épris il remarque que Fifi rêve d'une vie aisée et de luxe. Mais un autre homme s’intéresse à Fifi, West End Bertie, un voleur distingué doublé d'un homme du monde très intelligent. Amoureux tous deux de la belle Fifi sans le savoir, les deux hommes décident de partager leurs gains. Mais très vite Blackbird ressent une terrible jalousie car Fifi s'intéresse de plus en plus à West End qui en arrive à vouloir l'épouser et à renoncer à sa mauvaise vie. Mais Blackbird a plus d'un tour dans son sac ...



Autant le dire tout de suite, le pivot de l'intrigue est d’emblée décelable. Lon Chaney joue les deux rôles tenus par un seul homme, on le devine aisément tout de suite ce qui est un peu ennuyeux. Il y a quelque chose de presque malsain à le voir composer des estropiés de cette manière, en tous cas je trouve gênant que le réalisateur Tod Browning, dans le fond, ait toujours avoir besoin de créer des personnages physiquement et moralement tordus (sensés appeler la sympathie ? je n'en suis même pas sûre. En fait ça provoque chez moi plutôt l'inverse et m'énerve tout en me rendant le personnage antipathique).
Dommage, Blackbird va tout faire pour séparer les deux amoureux mais à chacune de ses trouvailles les deux tourtereaux se rapprochent encore plus sous son regard assassin. Lorsque Chaney compose le frère Bishop il se montre mielleux, collant, obséquieux et franchement détestable. Au final j'étais finalement contente que ce type arrêt son théâtre. Chaney est un très bon acteur, mais c'est comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser. Pour ma part j’attrape assez vite une indigestion à trop le voir. Dommage car c'est un excellent acteur.
Owen Moore compose un homme distingué pincé à souhait avec son monocle. Très séduisant, petit à petit il s'humanise : ses sourires sont candides et attirent la sympathie. Renée Adorée est craquante : ses yeux limpides et humides ne peuvent que vous toucher. Un film à voir.











lundi 5 mars 2012

Mating Call (The) - James Cruze - 1928



Thomas Meighan ...
Leslie Hatten
Evelyn Brent ...
Rose Henderson
Renée Adorée ...
Catharine
Alan Roscoe ...
Lon Henderson
Gardner James ...
Marvin Swallow
Helen Foster ...
Jessie Peebles
Luke Cosgrave ...
Judge Peebles
Cyril Chadwick ...
Anderson


72 minutes
Titre français : L'infidèle

A la fin de la 1ère guerre mondiale, Leslie Hatten (Meighan) retourne à Evergreen où sa femme Rose (Brent) devrait l'attendre après leur mariage secret car lui, simple fermier devenu capitaine durant le conflit, ne pouvait épouser la fille d'une famille riche. A son arrivée Marvin Swallow le prévient que la famille de sa femme Rose a fait annuler le mariage car elle n'était pas majeure lors de la cérémonie. Depuis elle s'est même mariée avec Lon Henderson et le couple est parti à l'étranger. De retour chez lui Les reprend le dur labeur de la ferme mais Rose ne tarde pas à revenir et tente de le reconquérir par tous les moyens. Difficile de lui résister, car Rose use de ses charmes pour essayer d'affoler le pauvre Les qui résiste tant bien que mal.
Rose elle même trompée par son mari avec Jessie, la nièce du juge, monte une mise en scène qui fait croire que Les et elle sont amants. Dans la foulée le juge Peebles croit que sa nièce fréquente Hatten. Ne sachant comment se sortir du guêpier, Les s'invente une femme qu'il aurait épousée en France et se rend à Ellis Island où des émigrés n'attendent que la chance pour pouvoir pénétrer sur le sol américain. Les propose à Catharine de l'épouser et accepte de prendre ses parents aussi. La famille hésite d'abord mais finit par accepter...






Un film curieux et assez sombre fait de violente passion non partagée, de désir, d'adultère, de mariage et qui joue sur la note de la destruction pendant une bonne partie de l'action. Le pauvre Les ne croise personne d'honnête, c'est un peu déprimant, jusqu'à sa rencontre avec Catherine jouée par la lumineuse Renée Adorée. Evelyn Brent a le rôle de la sophistiquée Rose que la morale ennuie et qui ne craint pas l'opinion publique. Ses motivations ne sont pas claires, voulait-elle se venger de son mari, ou n'a-t-elle vraiment aucun scrupule ? Toujours est il qu'elle se montre sans coeur.

Thomas Meighan a le rôle difficile de l'homme amoureux qui doit renoncer d'abord à sa femme à son retour puis aux assauts permanents de la sulfureuse Rose. Ensuite il devra faire face à un tribunal d'hommes masqués qui l'accuseront d'avoir poussé Jessie au suicide. Aucune épreuve ne lui sera épargnée.
Je suis mitigée, d'un côté le film se suit avec intérêt et de l'autre c'est juste que les événements sont un peu excessifs ... Les hommes masqués appartenant à un ordre proche du Klu Klux Klan apparaissent tout à coup sans crier gare (d'ailleurs s'ils géraient déjà Evergreen depuis si longtemps, comment se fait-il qu'ils n'aient pas interdit le mariage avec une mineure ? D'ailleurs n'est-ce pas un peu surprenant ce mariage secret avec une mineure ?) Bref, Thomas Meighan a un rôle assez complexe, à la fois très masculin et solide mais aussi un peu perdu. Les scènes tournées avec Renée Adorée sont touchantes car il se montre doutant de lui, hésitant mais en même temps plein de désir. Il désigne leur chambre à coucher et dit NOTRE chambre, embrasse Catharine mais comprend que ce n'est pas ce qu'il attendait de son mariage et surtout qu'il faudra du temps. Un film qui pourrait ressembler à un fantasme masculin ? Evelyn Brent porte des déshabillés vaporeux et ce rôle de vamp lui va parfaitement.
Un film très sensuel, des scènes rapprochées, de mains qui se touchent, des regards brûlants et une scène de baignade osée.



jeudi 1 mars 2012

The White Sin - William A. Seiter - 1924



Madge Bellamy ...
Hattie Lou Harkness
John Bowers ...
Grant Van Gore
Francelia Billington ...
Grace Van Gore
Hallam Cooley ...
Spencer Van Gore (as Hal Cooley)
James Corrigan ...
Peter Van Gore
Billy Bevan ...
Travers Dale
Norris Johnson ...
Grace's Aunt
Ethel Wales ...
Aunt Cynthia
Otis Harlan ...
Judge Langley
Myrtle Vane ...
Mrs. Van Gore
Arthur Millett ...
The Doctor
James Gordon ...
Yacht Captain

75 minutes

A Farm Center, un patelin quelconque. Hattie Lou vit avec sa tante Cynthia, une femme acariâtre et sans cœur qui la fait travailler sans répit et ne lui accorde aucun loisir et qui "has no room for charity in her bigoted soul". Le jour d'une fête alors qu'Hattie Lou a confectionné une robe secrètement, la mégère lui interdit de se monter ainsi attifée en Jezabel.
Hattie Lou se rend compte que le train qui passe en général sans s'arrêter à Farm Center est immobilisé. Comme elle rêve de romance et d'aventures elle s'approche et aperçoit les voyageurs, de riches personnes, les van Gore et leurs amis. Une femme de chambre est renvoyée car elle résiste aux assauts des jeunes gens. Hattie Lou prend sa place et se prépare à une croisière. Spencer Van Gore la poursuit de ses assiduités et lui promet le mariage. Comme Hattie le prend au sérieux, il monte un mariage bidon par le capitaine du bateau. Mais celui-ci a une fille et il s'arrange pour que le bateau se retrouve secrètement à plus de 3000 miles de la côte rendant ainsi le mariage légal. L’écœurant Spencer renvoie Hattie Lou, persuadé de lui avoir joué un bon tour ...



C'est l'histoire de Cendrillon en pire dont "Romance—tempting us to escape from the gray realities of today into the rose-colored land of tomorrow" résume bien le thème. Hattie Lou est l'incarnation de la jeune fille naïve et rêveuse qui se fait avoir de la manière la plus abjecte qui soit. Difficile à croire pourtant qu'un Capitaine se rende complice d'une telle chose (mais bon les capitaines d'aujourd'hui ne se montrent pas toujours à la hauteur finalement si l'on se réfère au naufrage récent d'un bateau de croisière dont je ne citerai pas le nom). La sœur de Spencer n'est pas consistante non plus. Elle renvoie la femme de chambre parce qu'elle refuse les avances de Stubby, l'ami un peu débile de Spencer, mais par contre semble protéger Hattie Lou. Enfin jusqu'à un certain point car elle avalise les actes de son frère en ne les dénonçant pas et lui garde son affection.

Madge Bellamy incarne plutôt bien Hattie Lou, ce genre de rôle de fille sans trop de caractère lui va comme un gant. Elle en fait toutefois quelquefois un peu trop dans la gestuelle, mais ce style va avec l'époque. Hallam Cooley est terrible, la tête à claque par excellence. John Bowers est toujours adorable avec son regard intense mais il n’apparait qu'après le changement de bobine, soit vers la fin, dans le rôle du frère dont on ignorait l'existence et qui a été blessé durant la guerre.

On peut reprocher à ce film d'exploiter toutes les voies du mélodrame : la pauvre fille exploitée, les méchants riches, la cruauté de l'abuseur, la précarité d'Hattie et de son bébé, le pauvre gentil frère blessé à la guerre, l'incendie, puis le final où tout à coup l'affreux frère passe à l'action etc. Pour s'éviter de trop en faire quand même, le réalisateur saute deux années durant lesquelles, son bébé vivant on ne sait où, Hattie semble vivre sous les ponts mais retrouve des vêtements convenables pour se présenter à la famille Van Gore. C'est excessif et tiré par les cheveux quand même.

Malgré tout on a droit à quelques très jolies scènes, par exemple celle où Hattie et Grant jouent aux échecs, quelques très beaux regards sont échangés, des mains tentent de se toucher, c'est charmant.

On trouve ce film chez Grapevine.

mardi 28 février 2012

Mare Nostrum - Rex Ingram - 1926



Apollon Uni ...
The Triton (prologue)
Álex Nova ...
Don Esteban Ferragut (prologue)
Kada-Abd-el-Kader ...
Young Ulysses - Don Esteban's Son (prologue)
Hughie Mack ...
Caragol (prologue)
Alice Terry ...
Freya Talberg
Antonio Moreno ...
Ulysses Ferragut
Mademoiselle Kithnou ...
Dona Cinta - Ulysses' Wife (as Kithnou)
Mickey Brantford ...
Esteban, Ulysses' Son
Rosita Ramírez ...
Pepita, Ulysses' Niece
Frédéric Mariotti ...
Toni, the Mate
Pâquerette ...
Doctor Fedelmann (as Mme. Paquerette)
Fernand Mailly ...
Count Kaledine
Andrews Engelmann ...
Submarine Commander (as André von Engelman)

102 minutes
d'après un roman de Vicente Blasco Ibáñez

A Barcelone un vieux marin au long cours instruit son neveu Ulysse qui rêve devant le tableau d'Amphitrite qui trône dans le salon. Le petit garçon est fasciné par les histoires de son oncle qui aime tant la mer et en particulier la Méditerranée - Mare Nostrum - et qui souhaite qu'à son tour il devienne marin comme tous les hommes de la famille avant lui. Il lui raconte avoir vu de ses propres yeux la déesse Amphitrite sur un char tiré par trois chevaux blancs (en réalité si je ne m'abuse elle est entourée de tritons ou de dauphins ?).
Devenu adulte, maintenant marié et père d'un petit Esteban, Ulysse (Moreno) est capitaine sur son propre cargo, le Mare Nostrum. Les affaires ne vont pas très fort et il reçoit un jour une lettre de sa femme qui lui adjure de revenir à terre et de renoncer à son bateau pour le bien de leur fils. Bien décidé à plaire à sa femme Dona Cinta, une femme que ses parents lui ont choisi et qui se montre assez froide, Ulysse revient à terre mais la guerre est déclarée et il reprend la mer. 
A Naples il décide un jour d'aller visiter Pompei et rencontre la Frau Doktor Fedelmann (Pâquerette) accompagnée de son assistante Freya Talberg (Terry). Ulysse est fasciné par cette femme jusqu'à ce qu'il réalise qu'il a devant lui Amphitrite, la femme du portrait de son enfance. Il tombe fou amoureux et perd la tête, prêt à tout pour rester auprès de Freya. Le Dr Fedelmann l'introduit auprès du Comte Kaledine (Mailly) un allemand pur souche qui utilise les talents de marin d'Ulysse pour ravitailler un sous-marin allemand en Méditerranée. Ulysse semble être dans un état second et découvre à son retour à Naples que les deux femmes sont parties. La concierge lui annonce que son fils, prévenu par deux hommes d'équipage, est venu tous les jours à sa recherche et qu'il s'en est retourné à Barcelone. Triste Ulysse prend un bateau pour Marseille afin de rejoindre le Mare Nostrum. En chemin il apprend que le paquebot Californian en route pour Barcelone avec des civils à son bord a été coulé par un sous-marin et que son fils est mort dès l'impact de la première torpille. Complétement abattu devant sa propre responsabilité, il échoue à Marseille où il reste prostré de longs jours jusqu'à ce qu'une mystérieuse lettre lancée par la fenêtre lui demande de se rendre au 50 rue de la Paix ...



Mis à part quelques libertés romanesques avec la réalité ce film qui parait moderne encore de nos jours est très beau à regarder.
De Barcelone on voyage tout d'abord à Naples et à Pompéi (où Ulysse suit les conseils d'un dépliant touristique pour se rendre à la rue Lupanares interdite au femmes où il va rencontrer les deux allemandes), à Paestum puis à Marseille. Le Dr Fedelmann est une femme inquiétante et volumineuse qui est attifée comme un homme déguisé en femme. Les allemands sont dépeints comme des gens cruels, le comte et le commandant du sous-marin en particulier dont les rictus sont particulièrement diaboliques. Aucun ne trouve grâce à part Freya qui a un rôle ambigu à la Mata Hari assez peu convaincant à mes yeux. En effet il semblait au début qu'elle montrait peu d'intérêt envers Ulysse pour tout à coup se réveiller alors qu'il part en mission ravitailler le sous-marin sous son impulsion. Et Ulysse lui-même semblait montrer de l'affection à sa femme qui ne semblait pas lui la rendre. (J'ai toujours un peu de la peine avec les gens qui montrent ceci mais font cela. C'est humain, soit, mais au cinéma je trouve que cela ajoute de la confusion. Le fait de développer de la complexité est perturbant).

Bien sûr il y a toujours un prix à payer, le capitaine par la mort de son fils après avoir déserté sa famille et surtout avoir servi l'ennemi (bien qu'il se considérait comme neutre en tant qu'espagnol) et Freya au poteau d’exécution en France pour trahison. Personne ne semble s'intéresser au sort de la mère d'Esteban qui souffre en silence devant la Vierge Marie, c'est tout ce que nous saurons au sujet de cette très belle et pieuse femme restée fidèle (et que l'on voit filer la laine telle une Pénélope attendant son Ulysse) apparemment jusqu’à sa mort. Le personnage de cette femme est assez peu clair dans le fond. Elle semble au départ froide, puis heureuse de savoir qu'Ulysse va rester à terre, puis l'attend, puis se montre contrariée lorsqu'elle apprend qu'il est avec une autre femme, puis c'est la douleur d'une mère qui perd son enfant unique.

Antonio Moreno se sort plutôt bien de la difficile mission d'incarner un homme somme toute assez faible qui fait face à ses responsabilités un peu tardivement grâce à une épreuve particulièrement cruelle. Il se montre sensuel et sensible, cette vulnérabilité est touchante, puis se montre combattif et déterminé. Alice Terry est fort jolie à regarder, mais au-delà de la cosmétique elle se montre plutôt artificielle et un peu distante. Dans la scène finale elle ne démontre pas vraiment de noblesse (contrairement à ce qu'on aimerait nous faire croire), mais plutôt un manque d'expressivité. (C'est peut-être son meilleur rôle, dixit de nombreux commentaires lus sur le net). Une très bonne scène de course poursuite d'un espion à Marseille par la foule pimente un peu le film qui s'enlise lentement.

Finalement les vedettes de ce film ce sont la mer, les lieux de tournage et le destin. La scène finale est magnifique de poésie et de lyrisme. Elle vaut à elle seule le détour par ce film qui prend tout à coup de l'amplitude grâce à cette image d'Ulysse qui sombre au fond de la mer tout doucement avant de rejoindre les bras de Freya qui l'attend, telle Amphitrite. Le film atteint là une dimension supérieure.




Scène perdue ...






dimanche 26 février 2012

White Moth (the) - Maurice Tourneur - 1924



Barbara La Marr ...
Mona Reid / The White Moth
Conway Tearle ...
Vantine Morley
Charles de Rochefort ...
Gonzalo Montrez (as Charles De Roche)
Ben Lyon ...
Douglas Morley
Edna Murphy ...
Gwendolyn Dallas
Josie Sedgwick ...
Ninon Aurel
Kathleen Kirkham ...
Mrs. Delancey
William Orlamond ...
Tothnes

70 minutes

Mona Reid (Barbara LaMarr) s'est rendue à Paris dans le but de percer dans le monde du spectacle. Un soir elle tente de se suicider car une lettre lui annonce que sa carrière est terminée. Alors qu'elle songe sérieusement à se jeter dans la Seine un homme la retient de justesse, Gonzalo dit "Volcano" (De Roche), un homme du spectacle qui en moins de deux ans la propulse sur le devant de la scène du Casino grâce à un numéro intitulé The White Moth dans lequel elle sort d'un cocon et danse, poursuivie par une araignée qui n'est autre que Gonzalo, très amoureux d'elle au grand dame de Ninon (Sedwig) qui aime Gonzalo. Parmi les spectateurs Doug Morley (Lyon) est l'un des plus enthousiastes. Il finit par négliger sa fiancée (Murphy) qui se languit. Le frère de Doug, Van (Tearle), décide de prendre les choses en main.



Pour moi moth veut dire mite, il s'agit aussi d'un papillon de nuit. Comme la mite blanche ne sonne pas vraiment romantique j'ai recours au nom latin de ce type de lépidoptère appelé Asthena albulata - Il semblerait que ce soit le nom de la Phalène candide, et il se trouve que c'est justement le titre du film en français .... Voilà un titre qui conviendrait mieux si l’héroïne ne se montrait pas si calculatrice et vénale au départ ! Une histoire très peu plausible et prévisible pourtant, dans laquelle évoluent une pléiade de bons acteurs. C'est le genre de film dans lequel les protagonistes pratiquent le chassé croisé, je t'aime, non, oui, non etc. 


vendredi 24 février 2012

Verdens undergang - August Blom - 1916



Alf Blutecher
Johanne Fritz-Petersen
Olaf Fønss
Frederik Jacobsen
Carl Lauritzen
Thorleif Lund
Ebba Thomsen

77 minutes
Titre anglais : The End of the World


Une histoire bien sombre. Dans une ville minière deux jeunes filles attendent leur père qui sort de la mine et se rend chez lui. Le prédicateur le rejoint et les deux jeunes filles s'excusent car elles souhaitent se rendre à l'auberge où il y a un bal populaire. L'une des jeunes filles s'y rend avec son promis mais rencontre un homme qui lui propose de s'enfuir, et l'autre retrouve l'un de ses amis d'enfance. La jeune fille finit par s'enfuir avec l'homme qui fera fortune dans la bourse. Ils vivent richement et l'homme est toujours épris de sa femme. Son cousin est un astronome qui découvre une nouvelle comète qui devrait atteindre le Nord Ouest de l'Europe très prochainement d'après ses calculs. Son cousin profite de la crise pour acheter un maximum d'actions et étant l'un des seuls dans le secret de la grande catastrophe, s'arrange pour les revendre avec grand profit (tiens, en 1916 ça se faisait déjà). Mais la comète se rapproche à grande vitesse et la collision est imminente ...



Pas très drôle ce film qui dépeint durant environ 45 minutes la vie de tous les jours de manière très soignée. La catastrophe se produit sous forme de météorites enflammées qui tombent du ciel sur la ville, rien n'y personne n'y échappe, de grandes fumées, des gaz, puis il y a un raz de marée, les maisons sont à moitié immergées.
Ce qui est étonnant c'est que jamais il n'est sous entendu que les deux amants en fuite sont coupables ou se lassent l'un de l'autre comme je m'y attendais plutôt. Au contraire c'est plutôt l'homme délaissé qui se montre au final d'une grande violence. Il n'y a donc pas de volonté de moraliser comme on aurait pu s'y attendre, en tout cas à ce sujet. Par contre on assiste à une espèce de règlement de compte entre les classes sociales, les pauvres tentant de profiter de la catastrophe pour en tirer enfin profit. ça parait étonnant, on se demande bien à quoi ça peut servir lorsque la fin du monde est annoncée ? Toujours est-il qu'on assiste à un affrontement sans non plus que le réalisateur semble prendre parti ....
Par contre on se rend compte que cette année là était bien sombre, la guerre faisait rage dans le sud du Danemark. Vers la fin on a droit à une évasion dans les couloirs d'une mine éclairée à la bougie. Le jeu d'ombre est très beau. Heureusement les images terminent sur une note d'espoir grâce à deux des protagonistes qui finissent par se retrouver mais qui paraissent les derniers seuls survivants de la région. 
Il me semble que les décors sont naturels et l’inondation parait être réelle aussi. Une chouette balade dans le temps quand même, mais une balade assez surprenante.

A la bourse ...

jeudi 23 février 2012

Himmelskibet - Holger-Madsen - 1918



Nils Asther ...
Martian citizen
Philip Bech ...
Martian leader - wise man
Alf Blutecher ...
Dr. Krafft, Avantis' friend
Frederik Jacobsen ...
Professor Dubius
Lilly Jacobson ...
Marya, Martian leader's daughter
Svend Kornbech ...
David Dane, american
Nicolai Neiiendam ...
Professor Planetaros, astronomer
Alfred Osmund ...
Martian priest
Zanny Petersen ...
Corona, Avanti's sister
Gunnar Tolnæs ...
Avanti Planetaros, sea captain


97 minutes
autre titre : 400 Million Miles from Earth

Ne vous méprenez pas, Nils Ashter figure peut-être en tête des acteurs ci-dessus mais il n'apparait que quelques secondes. Le héros de ce film est Gunnar Tolnæs !

Avanti, le fils du professeur Planetaros revient d'une glorieuse mission en mer. Son père lui donne l'envie de progresser et de découvrir l'univers et Avanti s'initie à l'aviation. Un jour il revient bouleversé car il a volé plus haut que quiconque à ce jour et entrevoit une possibilité de voler jusqu'à mars. Son père soutient le projet ainsi que le Dr Krafft, amoureux de sa sœur Corona.
Au bout de deux ans le vaisseau spatial (Himmelskibet) ou plutôt l'engin spatial est construit et il ne reste plus qu'à trouver un équipage. 
Le capitaine Avanti organise une soirée pour les téméraires qui désireraient tenter l'aventure et le professeur Dubius tente de semer le doute comme son nom l'indique. Après des adieux aux siens, le vaisseau décolle en direction de la planète mars vers laquelle il se dirige à 12'000 km à l'heure.
Après 6 mois le vaisseau vogue toujours en direction de Mars et les hommes se découragent dans la nuit (!) qui les entoure. Alors qu'une mutinerie se prépare Avanti et le Dr Krafft prévenus par l'un d'eux se préparent à défendre chèrement leurs vies. Mais sur Mars ils sont repérés et les Martiens accélèrent leur arrivée. Le vaisseau atterrit dans la liesse générale, une population tout de blanc vêtue les accueille avec gentillesse. Les notables parviennent à communiquer par la transmission de pensée et leur présentent leur planète. Dans un jardin ils font goûter aux voyageurs les fruits locaux et les terriens apportent des échantillons en provenance de la terre, une bouteille de chianti qui provoque une grimace et une boîte de viande qui dégoute profondément le sage qui demande alors comment ils font pour manger de la viande. Avanti se méprenant sur la question prend alors son revolver et abat un oiseau qui passe provoquant ainsi un mouvement de panique car des milliers d'années étaient passés sans qu'un coup de feu soit tiré sur Mars. La foule se dirigeant en courant vers eux, le Dr Krafft lance une grenade et un jeune homme s’effondre ...

Les martiens déclarent alors qu'il leur faut se rendre dans la maison des jugements ...



Je m'arrête là pour ne pas en dire plus sur cet excellent film sorti le 22 février 1918, soit 94 ans jour pour jour avant que je n'aie la chance de le voir.
Les films qui apportent de l'espoir même s'il peuvent paraitre naïfs m'émeuvent. Je trouve simplement réconfortant de partager ce sentiment avec d'autres personnes, égale l'époque à laquelle elles ont vécu. Là je suis tombée sous le charme de ce film truffé d'images symboliques. Je n'y ai pas vu, comme certains l'ont relevé, d'images racistes.

On ne peut manquer remarquer que les protagonistes portent des noms qui reflètent leur personnalité : ainsi Avanti va de l'avant, Planetaros garde un œil vers l'univers et donc démontre une ouverture d'esprit peu commune, le Dr Krafft produit de l'énergie et donne l'élan nécessaire, le professeur Dubius apporte ses doutes et donc manque de foi dans le projet qu'il tente de saboter, Marya représente bien sûr la pureté et l'innocence, et Corona est la constellation de la couronne et donc la noblesse de son esprit ne peut nous échapper. David Dane pourrait représenter le commun des danois ou des terriens par extrapolation, le film étant danois et Dane voulant dire danois en anglais (mais là je m'avance). Leur vaisseau s'appelle l'Excelsior.

L'histoire est fort simple : l'aventure de quelques personnes ayant la foi en leur projet qu'ils mènent à son terme et, malgré les quolibets de ceux qui n'y croient pas, ils ne se découragent pas. Une fois le vaisseau parti, le doute assaille les plus faibles qui se regroupent et qui tentent de se rassurer en prenant le contrôle de la machine dans l'obscurité ou les ténèbres sidérales qui les entourent.
Les martiens représentent l'idéal humain et ça fait chaud au cœur de les voir emplis d'amour et simples. Les terriens vont assister à la danse des vierges, aux coutumes locales toutes emplies de beauté et d'amour. Ils vont faire le serment de ne plus jamais faire couler le sang (on est en 1918 et la fin de la première guerre mondiale approche - pour mémoire L'armistice sera signé le 11 novembre 1918 tôt le matin et marquera la fin des combats, le Danemark étant resté un état neutre).

Les martiens ont des années d'avance sur les terriens, ils savent vivre en bonne entente les uns avec les autres après avoir connu la violence. Les sages meurent avec reconnaissance pour la vie qu'ils ont menée et s'en vont le coeur empli de bonheur. Aucun jugement n'est porté par une tierce personne, celles qui commettent de mauvaises actions sont priées de se juger elles-mêmes consciemment.
Bien sûr Avanti tombe amoureux de la belle Marya. Lorsqu'il lui déclare son amour celle ci l'installe sous un arbre du songe ce qui lui permettra de savoir si elle doit s'unir avec lui. La scène de l'union est particulièrement douce et tendre. D'ailleurs une bonne partie du film l'est, doux et tendre.
Gunnar Tolnæs est un homme magnifique qui possède une jolie prestance. Un visage très beau au profil très masculin, il a de plus de belles mains déliées. Ses expressions sont assez théâtrales dans ce film. Lilly Jacobson sourit avec douceur tout au long du film. La sensation de douceur est accentuée par les voiles vaporeux qu'elle porte et par ses longs cheveux soyeux dans lesquels des reflets de lumière se perdent. 
Les terriens arrivent en combinaison de cuir sombre, portent des revolvers et des grenades et se munissent de masque à gaz pour débarquer avant de réaliser que l'air est tout à fait respirable. Une fois leur conversion effectuée ils recevront la cape blanche de l'innocence.
Tout cela est certes un peu théâtral  mais cela ne nuit toutefois pas au sens profond de ce film qui est un régal pour les yeux et pour le cœur.
Si comme le professeur Dubius vous ne croyez pas aux aventures qui dépassent notre entendement  - passez votre chemin. Si l'utopie ou la quête d'un idéal ne vous font pas peur ou si vous avez gardé une âme d'enfant friande de contes, ce film devrait vous plaire !



Sur Mars, même les fleurs vont se coucher ...







Attention la musique de cet extrait n'est pas la musique du DVD que vous pouvez obtenir au film & kunst GmbH, Edition Filmmuseum  http://www.edition-filmmuseum.com/




Titres français (incomplet)

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